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Portfolio 23 septembre 2020

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La commune française d’Elne à l’épreuve du séparatisme

Comme jadis avec le terrorisme basque la France joue un jeu dangereux avec le séparatisme catalan

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  1. Illustration 1
    François Meylan

    En France, le projet de loi à l’encontre des séparatismes ne vise pas seulement à radicalisation religieuse mais s’adresse également au séparatisme sectaire catalan. À tout communautarisme qui se met en marge de la loi et qui n’a que faire de la cohésion sociale. Qui bafoue le vivre ensemble. Devant l’Assemblée nationale, le 15 juillet dernier, le Premier ministre Jean Castex l’a précisé : « Un nouveau projet de loi pour éviter que certains groupes se referment autour d’appartenance ethnique ou religieuse. » L’actualité et le procès de l’attentat contre le média satirique « Charlie Hebdo » ont poussé grand nombre de faiseurs d’opinions à faire le raccourci, parfois à juste titre, avec l’islamisme radical. Ce projet politique rigoriste d’imposition et d’exclusion. Pour autant, les séparatismes ne se limitent pas à cela. Le phénomène comprend également les entreprises criminelles qui entendent sur un territoire se subsister aux lois de la République. 

    Phénomène que nous constatons dans les Pyrénées-Orientales. La ville de Perpignan souffre depuis longtemps d’être une ville de passage. Un parent pauvre situé au milieu des trois grandes villes Montpellier, Toulouse et Barcelone. Loin des priorités de l’Elysée, la cité est en proie avec le communautarisme. La Generalitat séparatiste de l’autonomie catalane voisine, en Espagne, finance, depuis des années, nombre de réseaux. Des associations culturelles et sportives, aux politiques en passant par la « Casa a Perpinyà. » Au point où des associations d’un nouveau type allant jusqu’à revendiquer l’indépendance de la Catalogne du Nord - c’est-à-dire la française Occitane - sont apparues. À la barbe des préfectures de la République. Assurant ainsi une base arrière logistique et de repli au profit d’un appareil séparatiste qui est suprémaciste. Cette machine à propagande qui a tenté le coup d’État des 6 et 7 septembre 2017 au Parlement catalan, à Barcelone. Le nouveau maire perpignanais Louis Aliot a du pain sur la planche. Notamment, découdre avec des années de clientélisme qui ont gangrené quelques institutions locales et partie de l’administration. 

    À un quart d’heure de route, au sud, direction Argelès-sur-Mer, on arrive à Elne. Ville des Pyrénées-Orientales de 9000 âmes. C’est là que les urnes du référendum illégal du 1er octobre 2017 ont été cachées. C’est aussi là qu’on a imprimé les bulletins de vote. Pour rappel, les leaders de la minorité séparatiste emmenés par Carles Puigdemont se sont alors assis la Constitution espagnole; sur le Statut de l’autonomie, sur la loi électorale et se sont débarrassés de l’opposition. Ensuite, ils ont organisé une mascarade de référendum. Financé par le biais de malversations. Ils sont arrivés au stade où ils ont voulu renversé la démocratie établie pour imposer aux autres leurs propres règles. C’est du séparatisme.

    À Elne ils sont chez eux. Le maire Nicolas Garcia offre le gîte à Puigdemont. Il lui offre, sur le dos de ses administrés, une large tribune. Il y organise aussi un simulacre de fête catalane où seuls les sécessionnistes sont invités. Ce fut le cas le 10 septembre dernier. Pas un mot à l’intention de la majorité silencieuse catalane et espagnole. Celle qui souffre depuis les pressions et les agressions exercées par les séparatistes. Les sécessionnistes catalans sont principalement animés par deux courants. Un est constitué d’une bourgeoise nationaliste corrompue et corruptrice qui tente d’échapper à la justice espagnole. Le machiavélique Jordi Pujol en est l’incarnation. Carles Puigdemont et Artur Mas sont dans sa la lignée. L’autre est Esquerra Republicana Catalana (ERC). Une formation d’extrême gauche totalitaire co-fondée en 1931 par le génocidaire Lluís Companys. L’ERC fonctionne idéologiquement et a le temps long. Elle est organisée en 12 fédérations régionales qui vont de la Communauté de Valencia aux Hautes Pyrénées en passant par les Baléares. La mouvance est expansionniste. Elle ne compte pas se limiter à l’autonomie catalane. Si une partie de la bourgeoisie catalane qui a régné sur l’autonomie sans être inquiétée tout au long de la transition démocratique espagnole, est pressée d’échapper aux investigations des juges et de la Guardia Civil, l’ERC a le temps de travailler sa mainmise. Elle progresse dans les municipalités tel un bulldozer. La ville de Tarragona est tombée dans son escarcelle l’an dernier, tout comme Leída. 

    Toujours le 10 septembre dernier, l’élu Nicolas Garcia a fait venir à Elne le directeur du média digital indépendantiste « Vilaweb » Vicent Partal. Comme bon ambassadeur de l’appareil séparatiste, Partal s’est longuement exprimé devant un parterre composé d’une centaine de socios du tribun Garcia. Il a expliqué de long en large la supériorité historique des catalans - la race pure... S’appuyant, entre autre, sur les théories fumeuses de l’écrivain nationaliste Joan Fuster. Elles ont fait l’objet de plusieurs écrits comme «Nous, les valenciens.» Vicent Partal a tiré à boulets rouges sur l’Espagne qui est pour lui un État oppresseur et a mis à l’index une France coupable, toujours selon lui, d’occuper illégitimement les Pyrénées-Orientales. L’élu Nicolas Garcia et sa garde applaudissant. Surréaliste ? Non, c’est bien réel et cela se passe sur un territoire de la République. Serait-ce un territoire perdu ? Un de plus. Selon la définition du brillant criminologue Xavier Raufer. C’est le séparatisme. Imposer son idéologie ou ses croyances au détriment des valeurs de la République et de la cohésion sociale.

    Il est peut-être temps que l’autorité - l’État de Droit - siffle la fin de la récréation à Elne. Les principes de précaution et de réciprocité semblent y être bafoués par la mairie. Monsieur Garcia devrait, le temps d’un instant, se mettre à la place des millions de foyers catalans et espagnols non séparatistes qui ont vécu dans la terreur, au cours de la tentative de coup d’État de 2017, de devenir étrangers dans leur propre pays ?

    Emmanuel Macron : « On doit lutter contre le séparatisme parce que, quand la République ne tient pas ses promesses, d’autres essaient de la remplacer.(...) Il n’y aura jamais de la place en France pour ceux qui, souvent au nom de Dieu, parfois avec l’aide d’une puissance étrangère, entendent imposer la loi d’un groupe. Non, la République, parce qu’elle est indivisible, n’admet aucune aventure séparatiste.»

    Notes

    Séparatisme : « L’embarras du gouvernement » L’éditorial du Figaro par Yves Thréard

    Séparatisme : « La question qui se pose est de savoir si la balkanisation est inéluctable » Entretien avec Gilles Kepel, par Alexandre Devecchio du Figaro

    « L’explosion de l’insécurité du quotidien » de Xavier Raufer pour la revue « Conflits » 

  2. Illustration 2
    François Meylan

    Elne, en France, devant la Maternité Suisse, jeudi 10 septembre 2020, concentration de séparatistes catalans organisée par le maire Nicolas Garcia, avec l’aide de la Generalitat de Catalogne.

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    François Meylan

    Elne, en France, devant la Maternité Suisse, jeudi 10 septembre 2020, concentration de séparatistes catalans organisée par le maire Nicolas Garcia, avec l’aide de la Generalitat de Catalogne.

  4. Illustration 4
    François Meylan

    Elne, en France, devant la Maternité Suisse, jeudi 10 septembre 2020, concentration de séparatistes catalans organisée par le maire Nicolas Garcia, avec l’aide de la Generalitat de Catalogne.

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