Agrandissement : Illustration 1
Vladimir Poutine a donc décidé d'envahir l'Ukraine afin de "démilitariser et de dénazifier le pays pour que l'Ukraine soit rendue à son état originel en tant que partie intégrante du monde russe, l'ère de la domination occidentale étant considérée comme définitivement révolue".
Jean-Dominique Giuliani président de la "Fondation Robert Schuman" donne son analyse sans ambages : "Moins de 10% des frontières de la Russie sont communes avec l'Otan et a fortiori avec l'Union européenne. Pas de quoi se sentir encerclé ! C'est la présence à ses limites de l'ouest d'un grand ensemble pacifique, riche et démocratique qui met en évidence ses échecs. Economiquement la Fédération de Russie ne peut rivaliser avec l'Occident".
L'évènement est d'importance historique et bouleverse toutes les analyses géopolitiques. Ursula Von der Leyen, ancienne ministre de la Défense en Allemagne, présidente de la Commission européenne, voit son pays, pour la première fois de sa jeune histoire, changer du tout au tout sa politique de défense. La Turquie se rapproche des européens et restaure ses liens avec l'Otan et les relations d'alliance entre le président turc Erdogan et le président russe sont largement remises en cause. Le journal "Le Monde" peut titrer : "La Turquie verrouille ses détroits pour les navires russes".
Nombreux sont les observateurs qui se projettent dans un avenir proche pour penser que la Russie ne s'arrêtera pas à la prise de l'Ukraine
Emmanuel Macron, dès le début de l'invasion, s'est entretenu avec les présidentes de la Géorgie et de la Moldavie, Salomé Zourabichvili et Maia Sandu. Il a insisté sur la détermination de la France à "soutenir nos partenaires du voisinage oriental de l'U.E. contre toute tentative de tension et de déstabilisation. Nous nous tenons aux côtés de la Moldavie et de la Géorgie pour défendre leur souveraineté et leur sécurité".
La Moldavie et la Géorgie qui, comme l'Ukraine, veulent que leur demande d'adhésion soit d'ores et déjà à l'instruction, mais aussi la Biélorussie manifestant contre son dirigeant Loukachenko, regardent depuis des années vers l'Europe, vers la démocratie, le développement économique et le modèle social européens.
Pour mémoire gardons à l'esprit que la Moldavie a sur son sol une longue bande de terre à sa frontière avec l'Ukraine, la Transnistrie, région sécessionniste pro-russe (avec stationnement de troupes russes) qui fait dire au ministre des Affaires étrangères moldave que "la Moldavie est un état neutre ; elle ne s'engagera ni d'un côté, ni de l'autre du conflit en Ukraine". Et dans le sud de la Moldavie une région, la Gagaouzie souhaitait en 2014 intégrer l'Union douanière russe .
On n'oubliera pas non plus que le Géorgie a été sauvée de l'invasion russe en 2008 avec l'action du président français Nicolas Sarkozy. L'Abkhazie et l'Ossétie du sud pro-russes, situées dans le nord de la Géorgie à la frontière avec la Russie (l'Ossétie du nord étant en Russie), avaient proclamé leur indépendance dans les années 90. En 2008 lors de la 2ème guerre d'Ossétie, l'armée russe repousse l'armée géorgienne et reconnaît l'indépendance. La Géorgie perd 20% de son territoire et l'armée russe est toujours présente dans ces 2 régions.
"Mediapart" regardant vers les Balkans va même jusqu'à titrer : "La guerre en Ukraine fige la Bosnie-Herzégovine dans la peur". Car "La guerre en Ukraine ravive les risques d'une sécession de la Republika Srpska, l'entité serbe de ce pays toujours divisé... Les volontaires de Saint Georges liés à la nébuleuse des groupuscules de l'extrême droite serbe qui, depuis 2014, ont envoyé un certain nombre de combattants dans les régions sécessionnistes du Donbass ukrainien, forment surtout une milice parallèle prête à exécuter les basses oeuvres du régime de Milorad Dodik, le "patron" de la Republika Srpska... Ce dernier, membre de la présidence collégiale de Bosnie-Herzégovine, a claqué la porte d'une réunion de cette instance quand les 2 autres co-présidents, bosniaque et croate, ont décidé d'aligner la Bosnie-Herzégovine sur les sanctions européennes contre la Russie".
Quid des conséquences de la catastrophe ukrainienne sur le cessez-le-feu contrôlé par la Russie, entre Arménie et Azerbaïdjan ? Quid de la République d'Artsakh reconnue par aucun état au monde ?
Le président français qui était, dans le dernier conflit Arménie-Azerbaïdjan en 2020, plus proche de l''Arménie que de l'Azerbaïdjan, a discuté avec son homologue azerbaïdjanais sur les moyens d'accroitre le soutien politique, économique et humanitaire à l'Ukraine. Emmanuel Macron dans le cadre de la présidence tournante de l'Union européenne a échangé aussi avec Ilham Aliyev sur le déséquilibre créé par la guerre en Ukraine sur les marchés énergétiques.
Au même moment les "Nouvelles d'Arménie" indiquaient, en reprenant des affirmations russes, que "l'Ukraine aurait utilisé des bombes au phosphore interdites, contre les russes". Visant l'Azerbaïdjan accusé de profiter de la situation, le mëme site relève "des actions provocatrices de ce dernier qui constituent une menace pour la paix et la stabilité régionales,un coup porté à la mission russe de maintien de la paix ". "Dans la nuit du 8 mars l'unique gazoduc menant à la république d'Artsakh a été endommagé, privant tout le territoire du pays, d'approvisionnement en gaz. La section endommagée se trouve dans la zone sous le contrôle des forces armées azerbaïdjanaises."
"Armenews cite" le site pro-Aliyev, "Trend" qui s'emporte : "l'activité, plus précisément l'inactivité des forces de maintien de la paix est devenue un facteur plutôt irritant dans l'attitude de la société azerbaïdjanaise envers la Russie. 1 an et demi s'est écoulé depuis la 2ème guerre du Karabakh et des bandes armées arméniennes continuent à errer dans la zone de responsabilité des casques bleus. Le ministre russe de la Défense a commis plus d'une fois des provocations notamment en déformant étrangement les cartes du maintien de la paix en ne mentionnant pas les actions criminelles des séparatistes arméniens. La partie azerbaïdjanaise a beaucoup de patience, mais elle n'est pas infinie. Le 7 mars le ministre russe de la Défense, faisant rapport sur l'aide humanitaire fournie à l'Ukraine, a mentionné entre autres 14 tonnes de fournitures provenant du "Nagorno-Karabakh", toponyme qui n'existe plus sur le territoire de l'Azerbaïdjan souverain."
"La GazetteAZ" insiste sur le fait que "l'Arménie soutient les séparatistes du Donbass ukrainien et les séparatistes du Karabakh. L'Azerbaïdjan ne prend pas part au conflit mais s'attache aux conséquences humanitaires de la guerre, en envoyant à Kiev 3 millions de dollars de médicaments et matériel médical et en facilitant des entretiens de différents niveaux entre les 2 parties afin de pouvoir arrêter les hostilités. Au sein de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe, en rappelant l'importance de la loi internationale, la souveraineté des états, l'intégrité des états, l'inviolabilité des frontières.
A Bakou des manifestations spontanées et très suivies, de soutien à l'Ukraine, ont eu lieu devant l'ambassade d'Ukraine et des opérations de collecte humanitaire ont permis de récolter des produits de première nécessité pour les ukrainiens en détresse. Manifestations et collectes peu couvertes par les médias occidentaux.
On notera par ailleurs dans "Mondafrique" que "le rôle de l'Azerbaïdjan pour assurer la sécurité énergétique en Europe a été activement discuté lors d'une réunion du Conseil consultatif du Corridor gazier du Sud à Bakou. Les ministres de l'Énergie de 16 pays européens, des USA, du Royaume-Uni ainsi que les commissaires européens en charge de l'élargissement et en charge de l'énergie participaient à ce sommet".
Thomas Goltz dans le "Washington Times" tient à rappeler une évidence historique dans un article intitulé "Russia's no longer hidden hand of inciting into ethnic conflict" : "Lors du massacre de Khodjali", les 633 morts dans des conditions odieuses ont été frappés par des Arméniens avec l'aide de la Russie."
Alors on peut être à juste titre inquiet des développements possibles ( certains observateurs disent inéluctables) du drame actuel au vu du martyr vécu par les ukrainiens depuis maintenant un mois.
Portfolio 23 mars 2022
RUSSIE UKRAINE MOLDAVIE GEORGIE ARMENIE AZERBAIDJAN
Et si la guerre en Ukraine n'était que le début d'un processus géopolitique de court ou de long terme
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.
