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Billet de blog 29 décembre 2010

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«Sad birthday to you...»

Voilà donc un an que deux journalistes français : Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier et leurs accompagnateurs afghans, sont otages en Afghanistan.

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Voilà donc un an que deux journalistes français : Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier et leurs accompagnateurs afghans, sont otages en Afghanistan.

Voilà donc un an que nous nous battons pour que ce drame ne soit pas oublié, pour que le pouvoir fasse tout ce qu'il peut, pour que le fait que deux citoyens français,professionnels au travail, enlevés à l'étranger reste le souci de chacun en France et en particulier de ceux qui peuvent faire quelquechose.

Le bilan de cette année est bien décevant:

Tout d'abord et évidemment car les otages ne sont pas de retour.

Ensuite parce qu'il aura fallut beaucoup de temps , 328 jours de détention exactement, pour que le gouvernement est un comportement compréhensible avec les familles des otages et un discours apaisant pour tous ceux que ce sujet concerne (mais à qui on a tout de suite clairement fait comprendre qu'ils devaient se taire et ce, soit disant, pour la sécurité des otages)

Et puis enfin parce qu'on en a un peu marre en tant que journaliste, que le message implicite de l'absence de transparence du gouvernement au sujet de cette prise d'otages, est que la presse n'a qu'à pas aller chercher l'information, que les journalistes recherchent la notoriété avant l'information et finalement que la liberté de la presse n'est pas du tout une priorité pour le pouvoir en place.

Florence Aubenas a raison de dire qu'il s'agit surtout d'une perte de confiance et que c'est grave. Parce qu'une démocratie ne peut pas marcher sans presse, parce que cet équilibre pouvoir versus contre pouvoir est essentiel pour la bonne santé de notre système, parce qu'un régime qui n'accepte pas plusieurs sons de cloches est un régime totalitaire , toutsimplement.

Si, les journalistes n'ont plus confiance dans l'importance que leur accorde le gouvernement, c'est l'équilibre de la société tout entier qui est en jeu.

Et ce qui me frappe dans le triste bilan de cette année de détention pour Hervé et Stéphane , c'est surtout cela: le lien de confiance population/ pouvoir est brisé.

Pour que même les parents de Stéphane, muets jusqu'à maintenant, finissent par exprimer leur lassitude et leurs doutes par rapport aux différentes affirmations sur les dates de libération des otages, sur le manque de considération que l'on pouvait avoir d'eux, de leur inquiétude et de leur douleur, sur ce manque de transparence des prises de position officielles, tout ceci n'enfonce qu'un peu plus le clou.

Nous ne sommes pas, au bout d'un an, face à des parents soucieux mais confiants dans leur chef, nous sommes face à des gens soucieux de leur situation et du peu de cas que l'on fait d'eux et de ce qui se passe...

Tout ceci s'est dessiné assez vite à travers les phrases maladroites, les coups de colères inutiles, les cafouillages de dates et les honteux silences des différents VIP qui ont jugés bon de se distinguer sur ce triste dossier.

Au bout d'un an, malheureusement pas d'évolution notable sauf que même la famille exprime sa perte deconfiance...

Elle qui sait pourtant si bien qui sont les seuls qui peuvent agir sur place dans le cas présent. Elle qui vient de voir les corps amaigris et les regards suppliants sur cette vidéo « preuve »qu'on lui a donné à voir justement maintenant, alors que la cassette est en France depuis au moins un mois...

Triste anniversaire vraiment, et honte aux différents chefs d'orchestre du maintien de cette situation...

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