Ce mercredi, le régime de Bachar el-Assad a connu un tournant inattendu : dans la matinée, l'opposition syrienne a lancé une offensive active et, en trois jours, a pris le contrôle de 56 localités dans les provinces d'Alep et d'Idlib et a déclaré contrôler totalement la plus grande ville de Syrie, Alep. Les rebelles syriens motivés, qui cherchent à prendre leur revanche depuis 2020, ont facilement évincé les forces d'Assad, soutenues par la Russie, et disposent déjà d'un grand nombre d'armes trophées, notamment des systèmes de roquettes à lancement multiple et des systèmes de défense aérienne.
Le fiasco des forces d'Assad l'a contraint à se rendre à Moscou pour demander d'urgence à Poutine un soutien, notamment en termes d'armes et de ressources humaines. Mais il y a un bémol : beaucoup de choses ont changé depuis 2015, et en raison de la guerre à grande échelle contre l'Ukraine, la Russie n'a plus la capacité de soutenir la Syrie au même niveau.
Poutine est désormais confronté à un choix difficile : il doit choisir entre la poursuite de son offensive contre l'Ukraine et le soutien à la Syrie, qui n'est pas moins importante pour lui. Une perte d'influence en Syrie réduirait la capacité de la Russie à influencer les pays de la région, tels que la Turquie, l'Iran, Israël et l'Arabie saoudite. Cette perte d'influence priverait également la Russie de la possibilité d'utiliser la Syrie comme levier de pression sur l'UE en ce qui concerne les crises migratoires ou les routes énergétiques. La Syrie sépare l'Europe de la Jordanie et de l'Arabie saoudite, et donc des approvisionnements directs en pétrole du Moyen-Orient.
En fait, la chute du régime Assad fragilise également la position de Poutine. Quoi qu'il en soit, Poutine est pris au piège.