Avant même d’avoir achevé la lecture de « 2084, La fin du monde », de Boualem Sansal (« Yölah est grands et Abi est son fidèle Délégué »), l’identité commune de tous les faux dieux du monde m'était définitivement confirmée : le pognon. Ce n’est pas un scoop, direz-vous à juste titre, mais recentrer la réflexion autour de cette évidence éviterait probablement à beaucoup de perdre leur temps à écouter les discours zemmouriens sur les dangers de l’Islam, des communistes et des « islamo-gauchistes », pour ceux qui savent ce que cela veut dire.
Dans le roman de Boualem Sansal, les deux voyageurs dissidents, arrivant devant l’Abigouv, la cité du gouvernement, où trône la pyramide de la Kiïba, découvrent le quartier A19, le bidonville qui s’étend au pied des murailles de la cité du pouvoir : « On campait à la périphérie d’une cité pour se louer aux riches seigneurs… Une fois le travail accompli on se retrouvait dehors, Gros-Jean comme devant. Esclave sans maître, c’est pire que tout. »
Ce passage pourrait être transposé n’importe où dans le monde. Remplacez la pyramide de la Kiïba par l’Élisée, le Kremlin, la nouvelle cité interdite (Zhongnanhai), la Maison Blanche ou le 10, Downing Street et le quartier A19 par Sarcelles, la Vallée des garages à Moscou, Dong Xiao Kou aux abords de Pékin ou encore New Ham à Londres et vous pourrez partir à la rencontre de ces esclaves sans maître qui peuple la planète. Toute ressemblance avec des faits ou personnages réels (y compris vous-même) ne serait que pure et fortuite coïncidence.