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Nettoyage ethnique, assassinat, destruction, pillage par un pouvoir raciste, fasciste et colonialiste. En bref, Catastrophe, ou Nakba. C’est entre autres sur la base des archives militaires israéliennes, du journal de Ben Gourion, des documents de diverses organisations internationales, dont l’ONU, et des témoignages de soldats israéliens ayant participé à ces exactions ainsi que des survivants palestiniens les ayant subies que l’historien Ilan Pappé, dans « Le nettoyage ethnique de la Palestine », fait tomber le mythe d’un État d’Israël dont l’existence serait menacée par le monde arabe et dont les politiques barbares de colonisation ne seraient que l’exercice d’un droit de légitime défense. En réalité, le nettoyage ethnique était prévu de longue date. Ben Gourion, lors d’une réunion de l’Agence juive en 1944, avait déclaré : « le transfert des Arabes est plus facile que celui de tout autre [peuple] ». Et Moshe Sharett, un autre « père fondateur de l’État d’Israël », avait alors ajouté que « quand l’État juif sera créé, il est très possible que le résultat soit le transfert des Arabes ». Au maire d’Hébron qui plus tard, en 1948, en pleine Nakba, suppliait le commandant des forces d’occupation de ne pas déporter la population, l’officier répondit sèchement : « Nous avons besoin de terres, pas d’esclaves. »
Après avoir dressé un inventaire à la Prévert des villages arabes qui devaient être vidés de leurs habitants et/ou détruits (les « dossiers villages »), inventaire confié au FNJ (Fonds National Juif), le « Plan Daleth » fut mis en œuvre, dans le but affirmé de détruire la Palestine rurale et urbaine et chasser la population pour faire en sorte qu’il ne reste qu’un état exclusivement juif. Le Plan Daleth précise : « Ces opérations peuvent être exécutés : soit en détruisant les villages (en y mettant le feu, en les faisant sauter et en posant des mines dans les décombres,… soit en montant des opérations de ratissage… ; encerclement des villages, … En cas de résistance, les éléments armés seront éliminés et la population expulsée hors de l’État ». Ben Gourion notait dans son journal, le 1er janvier 1948 : « il faut frapper sans merci, femmes et enfants compris. Pendant l’opération, il n’y a aucun besoin de distinguer coupables et non-coupables. », puis le 2 mai 1948 : « Le mieux est de continuer de terroriser les zones rurales […] par une série d’offensives ».
Le coup d’envoi du Nettoyage fut donné le 15 février 1948 avec le nettoyage du village de Qisariya (Césarée), ouvrant une série particulièrement odieuse de massacres, viols, pillages, destructions, expulsions et vols de terres. Plus de 500 villages furent ainsi rasés, de nombreuses villes vidées de leurs habitants et quelque 800 000 Palestiniens expulsés vers les pays arabes voisins, d’où ils ne fallait pas qu’ils puissent revenir (en dépit de la Résolution 194 des Nations unies sur le droit au retour, adoptée le 11 décembre 1948).
Le 28 octobre 1948, le village de Dawaimeh, près d’Hébron, était victime d’un massacre dont on aurait pu croire que seuls les nazis étaient capables. Constatant, après avoir encerclé le village au trois quart en ménageant une sortie pour faire fuir les habitants, que ces dernier avaient choisi de rester chez eux, les soldats ont commencé à tirer sans distinction sur les villageois, dont beaucoup ont couru se mettre à l’abri dans la mosquée. « Quand il s’est aventuré dans le village le lendemain », relate Ilan Pappé dans son ouvrage, « Hassan Mahmoud Ihdeib, le mukhtar, a vu avec horreur des piles de cadavres dans la mosquée, et beaucoup d’autres jonchaient les rues : des hommes, des femmes, des enfants, et parmi eux son propre père. Au total, 455 victimes, dont 170 femmes et enfants. Les soldats juifs qui ont pris part au massacre ont aussi rapporté des horreurs : bébés au crâne fracassé, femmes violées ou brûlées, hommes poignardés. »
De nombreux autres massacres ont été rapportés, comme ceux de Deir Yassin, Ein Zeitoun, Tantoura, Bassa, Lydda, Safsaf, etc.
Contrairement à la version servie par Ben Gourion à l’opinion internationale (qui disait craindre un « second Holocauste »), la Nakba n’a pas été la conséquence inévitable de la Guerre contre les Arabes, qui n’a commencé que le 15 mai 1948 (alors que 250 000 Palestiniens avaient déjà été expulsés, 200 villages détruits et des dizaines de villes vidées de leurs habitants), mais avait bien été planifiée de façon extrêmement détaillée. Le nettoyage ethnique s’est d’ailleurs poursuivi selon les prescriptions du Plan Daleth, parallèlement à la guerre, même durant les trêves. En réalité, les dirigeants israéliens de l’époque n’ont jamais exprimé la moindre crainte en interne. Ils savaient pertinemment que les forces arabes étaient mal équipées, mal entraînées, mal coordonnées et peu enthousiastes à venir défendre leurs frères palestiniens. Par ailleurs, la seule armée arabe qu’Israël aurait pu craindre était l’armée jordanienne, mais celle-ci était neutralisée par les accords passés avec ce pays. « le nettoyage de la Palestine demeure l’objectif premier du plan Daleth » , écrivait Ben Gourion aux commandants de la Haganah le 11 mai 1948.
Aujourd’hui, 75 ans après le début de la Nakba, l’exécution du plan sioniste se poursuit et les fascistes installés au pouvoir par Netanyahou harcèlent et abattent chaque jour les Palestiniens, jetant de l’huile sur le feu pour provoquer des réactions de la part des résistant (qu’ils appellent des « terroristes ») et accélérer le processus de nettoyage ethnique, assassinat, destruction, pillage, initié par leur sinistres prédécesseurs. Et l’argumentaire n’a pas changé : chaque bombardement, chaque meurtre et chaque destruction est présenté par Israël comme une réaction de légitime défense et glorifié par les autorités. Les pétards désespérément envoyés en direction de l’État juif par les Palestiniens depuis le ghetto de Gaza (sous blocus depuis 16 ans) menaceraient l'existence de l’État d’Israël, puissance nucléaire qui dispose d’une des armées les plus puissantes du monde.
La Nakba bat son plein en 2023, et nous regardons ailleurs. Il faut réveiller les opinions publiques anesthésiées par les tenants d’une realpolitik inhumaine, dont Macron est aujourd’hui un des toutous les plus cyniques de l’histoire. Ce samedi 13 mai, une marche de soutien à la résistance du peuple palestinien, une initiative de l’association Europalestine, a rassemblé à Paris 2000 personnes. Cliquez pour voir l’article et les photos : Marche 75 ans de résistance à la Nakba : Bravo ! Merci ! Encore !! (Album photos) – CAPJPO EuroPalestine
Amitiés fraternelles