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Billet de blog 11 août 2020

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SALE TEMPS POUR LES INSTITUTIONS- III

Point du jour 11 août A nouveau, la Sécurité sociale affiche, selon les media autorisées, un déficit de 50 milliards. Admettons un instant que ce soit vrai. Après tout ces médias ne font que relayer ce qu’en dit l’État. Faisons le compte.

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Recettes de l’État pour 2020 : 250,7 milliards d’euros

Recettes recouvrées de la Sécu en 2018 : 516 milliards d’euros.

Mesurons maintenant les déficits respectifs affichés :

Le déficit du budget de l'Etat français s'est établi à 124,9 milliards d'euros à fin juin, se creusant de 47,6 milliards d'euros par rapport à la fin du premier semestre 2019, selon les données publiées mardi par le ministère chargé des Comptes publics.[1]

A cette aune, le déficit du Budget de l’État est de loin, bien, bien supérieur au déficit imputé à la Sécu !

Le seul hic, c’est qu’il n’y a pas et ne peut avoir de déficit de la Sécu.

La raison en est simple : les comptes de la Sécu ne sont jamais arrêtés. Toutes les recettes (cotisations, CSG, etc…) sont censées être aussitôt dépensées en prestations sociales.

C’est le principe même de la Sécu modèle 1945. C’est le principe du Tous pour un –Un pour tous. Chacun cotise selon ce qu’il gagne – Tout le monde reçoit selon ses besoins.

En France, le pionnier et artisan des assurances sociales et, partant, de la Sécu, c’était le socialiste, résistant et syndicaliste CGT Georges Buisson, qui faisait partie du CNR. On nous parle plus souvent du ministre Ambroise Croizat, communiste, résistant et syndicaliste, qui a, pour sûr, apporté sa pierre à l’édifice. Une chose est sûre : de Gaulle n’y est pour rien, quelles que soient les légendes gaulliennes sur le caractère social du « personnage fabuleux ».[2]

Originalité du Plan de Sécurité sociale en France

L’originalité du plan français de Sécurité sociale résidait dans sa gestion par les assurés sociaux eux-mêmes au travers des syndicats de salariés et groupements de consommateurs. Les organismes de sécurité sociale avaient une totale et réelle autonomie vis-à-vis de l’État, n’exerçant qu’un contrôle a posteriori indicatif (et non vindicatif comme c’est devenu le cas). Or, au fil du temps, l’État est devenu le pire ennemi de la Sécu. En fait, l’État ne concevait la Sécu que dans la logique « provisoire » de la Reconstruction du pays dévasté par les bombardements, l’occupation nazie et la participation active et directe du régime de Pétain au pillage de la France par l’Occupant.

 Conquis social puis Acquis à défendre

Cela étant, comme l’a très bien souligné Ambroise Croizat, la Sécu a d’abord été un Conquis social puis, pour les générations suivantes un Acquis à défendre sans cesse face à tous les gouvernements. Surtout depuis la naissance de la 5ème république en 1958.

Nous sommes même obligés de défendre l’Acquis contre les hautes bureaucraties placées à la tête de nos confédérations ouvrières. Au reste, le pouvoir ne peut rien faire sans le concours des Martinez, Veyrier qui se placent derrière le social- chrétien Laurent Berger de la CFDT.

Le pouvoir est, quant à lui, le représentant le plus direct et le plus arrogant du CAC 40.

Le but des gouvernements : transformer les recettes de la Sécu en Kapital

Ces messieurs de la Phynance, banquiers, capitaines d’industrie et spéculateurs sont malades devant les recettes de la Sécu : plus de 500 milliards d’Euros. 500 milliards qui échappent aux marchés financiers, aux gros actionnaires, aux investisseurs. Ils ne connaissent pas de pire hérésie que ces recettes qui ne sont pas transformées en Capital et, en l’occurrence, en fonds de pension. En attendant ces messieurs du CAC 40 se réfugient dans la valeur actuelle la plus sûre : l’Or…

Le plan de relance qui se profile au gré de réunions bilatérales, unilatérales et tripartites doit généraliser l’accord du Ségur de la santé à tout ce qui a trait à la protection sociale.

Nous ne manquerons pas d’y revenir au fil de l’eau.

Prochain rendez vous : notre Chronique politique et sociale du mois d’août.

merci de nous survoler, de nous lire et de partager si ça vous dit.

Chaleureusement à vous toutes et tous, à tous les enfants

[1] https://www.challenges.fr/top-news/le-deficit-budgetaire-de-la-france-plombe-par-la-crise-s-est-creuse-a-fin-juin_721789

[2] « Personnage fabuleux », autoportrait du Général de Gaulle dans ses Mémoires – 1944/1946

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