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Police nationale fragmentée. 2
Un mille-feuilles empoisonné et empoisonnant 3
En ce moment, le pouvoir défraie la chronique H/24. C’est ainsi que rebondit, l’Affaire Koehler. Cela se passe peu après la diffusion de la vidéo qui montre la mort de Cédric Chouviat, sous les coups de « forces de l’ordre » dignes de La Milice, un crime dont le « modus operandi » est le même qu’à Minneapolis. Il n’empêche, des pseudo-syndicats de Police revendiquent le droit d’étrangler…
La trame de fond des convulsions qui secouent la Police nationale et la Gendarmerie réside dans la catastrophe sociale que nous vivons. Cette catastrophe sociale n’a attendu ni le Virus, ni les Krachs. Elle se profilait déjà sous Hollande-Ayrault puis Hollande-Valls.
Drones, Asphyxies, Gaz
Pendant la période d’assignation de la population à résidence (dite « de confinement »), les exactions policières se sont multipliées.
Le préfet de police de Paris, Lallemand, s’est acharné à faire respecter le confinement « avec fermeté » et via des « drones de surveillance »
Il en existe au moins une compilation : « Violences policières pendant le confinement » :
« Monsieur, c’est ma fille, elle n’a que dix-sept ans (cris de l’adolescente) (-02’55’’)
Une passante violemment plaquée au sol – qui n’avait pas son attestation de déplacement et refusait de payer une amende (-02’26’’)
A Torcy, un jeune homme a été écrasé au sol puis étranglé au sol (-02’13’’) pour avoir craché sur les FDO lors d’un contrôle d’identité.
Gaëlle N., simple internaute, dit : « …Le jeune hurlait qu’il ne pouvait plus respirer. Il n’avait rien fait, on a tout vu (…) Le jeune a dit à l’un des policiers : « Mais toi, tu me connais, tu m’as déjà contrôlé »
Une femme (Gaëlle N ?) : « Eh, oh, les est devant chez lui ! Ça va pas ou quoi ?
Réponse du policier : Vas-y rentre dans ton pays, sale baltringue !
A Asnières, ce policier a violemment frappé et gazé un piéton qui ne disposait pas de motif de déplacement [devant chez lui !!!] et qui aurait « postillonné sur le fonctionnaire de police » (-01’59’’)
Lire la vidéo ici : https://www.facebook.com/watch/?v=864519994028546
Si le Préfet Lallemand est à jeter aux orties et autres ronces, si ces flics gazeurs-voltigeurs-étrangleurs méritent un placement en Centrale, quelque part en Champagne sous le crachin de l’Aube[1], ceux-là ne sont que les complices du nouvel État Français de Macron, celui qui a déclaré « la guerre » en mars : une guerre contre la population sous couvert d’un nouvel « ennemi invisible » déguisé en virus.
Rappelons cet article de Mediapart (rédactrice : Pascale Pascariello) de mars 2019 dont voici un extrait :
« Six officiers de police judiciaire (OPJ), soit la totalité du service de leur commissariat parisien, ont, en février et pendant plus d’un mois, interrompu leur activité pour protester contre les instructions « liberticides » que leur imposait leur hiérarchie, notamment lors des manifestations des « gilets jaunes ». Ils se sont mis, en alternance et parfois à tour de rôle, en arrêt de travail – certains le sont encore aujourd'hui.
Jusqu’à présent, les consignes étaient données oralement. Mais un mail daté du samedi 9 mars 2019 émanant de l’état-major du district de l’est parisien, le plus important de la capitale, stipule, suivant les indications de la préfecture de police de Paris, qu’après « les éventuelles interpellations “GJ” qui [leur] seront attribuées par l’EM [l’état-major], […] [les personnes] devront être systématiquement placées en GAV [garde à vue] ».
Sylvain* (voir notre Boîte noire), 38 ans, OPJ[2] dans l’est parisien, explique : « Nous sommes réquisitionnés comme commissariat de délestage pendant les week-ends afin de traiter les interpellations des gilets jaunes. » - lire en totalité ici : https://www.mediapart.fr/journal/france/130319/des-policiers-temoignent-est-oblige-d-accepter-des-instructions-illegales?utm_source=article_offert&utm_medium=email&utm_campaign=TRANSAC&utm_content=&utm_term=&xtor=EPR-1013-%5Barticle-offert%5D&M_BT=26865504388
Police nationale fragmentée
Nous reviendrons une prochaine fois sur l’Inspection Générale de la Police Judicaire, autrefois appeler « bœuf carotte » et qui a maintenant cessé d’être la Police des polices pour muer en un organe de Défense de la Police.
Nous reviendrons prochainement sur le rôle des différents Parquets mais, d’ores et déjà, il est clair pour nous que le rapport Police-Justice s’est modifié : de plus en plus fréquemment, ce rapport s’est inversé. La Police étant censée être au service de la justice. Mais n’a-t-elle pas comme vocation affichée de protéger la population ? Vaste débat !
Ce que nous constatons de nos jours, c’est d’abord la fragmentation de la Police nationale héritée du Maréchal- Nous voilà, née un sombre 23 avril 1941. Nous savons, notamment par Maurice Rajsfus, que cette Police nationale n’a pas « démérité » de l’État après la Libération. Les Gardes mobiles de réserves qui avaient participé au massacre du maquis des Glières (Haute-Savoie) ont laissé place aux CRS, « Compagnies Républicaines de Sécurité » (CRS, qui ont reprises en main en 1948 par le pouvoir).
Un mille-feuilles empoisonné et empoisonnant
A partir de 2000, les choses ont commencé à se « complexifier » avec la mise en place de la Police de proximité, laquelle a donné corps en 2004 à la Brigade anti criminalité, la fameuse et trompeuse BAC.
Sous couvert de combattre la petite délinquance, la BAC s’est mise à quadriller les quartiers populaires…..De la petite délinquance, la BAC est passée au stade de l’interpellation des manifestants en Gilets jaunes, dès novembre 2018.
A ce moment-là, la répression des manifs se décompose entre les forces chargées du maintien de l’ordre, d’une part et d’autre part, les voltigeurs à pied qui « serrent » les manifestantes et manifestants riposteurs. Ou pas. De plus, des interdictions individuelles de manifester sont prononcés à l’encontre d’agitateurs potentiels ou de « figures des Gilets jaunes ».
Pour le maintien de l’ordre, il y a les CRS au casque bleu-noir et les Gendarmes mobiles au casque bleu ciel, mais sous les nuées des gaz, on devient vite daltonien.
Pour les interpellations « au jugé », la BAC n’y suffit plus. Dans la précipitation de l’année 2018, nous avons vu se déployer de nouvelles unités ou d’anciennes unités replâtrées :
- Les Compagnies de sécurisation et d’intervention (CSI), créées par Sarkozy en 2003. Pour Paris puis face aux émeutes de 2005[3].
- sur le même principe que ces CSI, sont apparues les Compagnies départementales d’intervention (CDI), sur bien des départements.
- Les compagnies d’intervention travaillent aux côtés des CRS et des gendarmes mobiles sur Paris et proche banlieue (petite couronne).
- Les brigades de répression de l’action violente motorisées (BRAV-M) ont pris le relais des Détachements d’action rapide (DAR) mis en place en décembre 2018 par la préfecture de police de Paris, après le début du mouvement des « gilets jaunes »- Ce sont des binômes de policiers et de gendarmes à moto censés descendre de leur bécane lors du « passage à l’acte… ». En province, des binômes mobiles équivalents existent sous l’appellation de dispositifs mixtes de protection et d’interpellation (DMPI)
- De plus, interviennent : La BRI (Brigade de recherche et d’intervention), unité d’intervention rattachée à la police judiciaire, plutôt spécialisée dans les affaires criminelles, est intervenue lors de certaines manifestations des « gilets jaunes », notamment au sein des
- Les gendarmes de la garde républicaine, notamment présents au sein des BRAV-M pendant les manifestations des « gilets jaunes ».
Voilà qui, en tout, a engendré un mille-feuilles empoisonné. Ce qui empoisonne bien des policiers du rang, ce qui empoisonne tout le monde et qui explique en partie pourquoi TOUT LE MONDE DETESTE LA POLICE.
A suivre et à partager, commenter, critiquer. Merci et bien à vous.
[1] L’Aube est un département français et un affluent de la Seine. Outre Troyes, on y trouve la prison de Clairvaux. Auguste Blanqui, y a « séjourné ». Pierre Kropotkine, également. On y trouve Bar-sur- Aube où s’étend le camp militaire de Mailly-le – camp.
[2] OPJ : Officier de Police Judicaire.
[3] Les émeutes de 2005 dans les banlieues françaises sont des émeutes qui ont commencé à Clichy-sous-Bois à la suite de la mort de deux adolescents, Zyed Benna et Bouna Traoré, le 27 octobre 2005, électrocutés dans l'enceinte d'un poste électrique alors qu'ils cherchent à échapper à un contrôle de police (sources : Wikipedia).