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Billet de blog 27 décembre 2019

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Notre lexique contre l’Ordre établi au fil des jours

Les chiffres de grévistes diffusés par la haute direction SNCF nous laissent perplexes : de moins en moins de grévistes, nous dit-on, mais aucune amélioration du trafic en vue. Les grévistes sont très nombreux ! Au même moment, les grévistes RATP s’affrontent aux matraques de la Préfecture de Police et la direction RATP tente de sanctionner un conducteur de bus

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Contenu

Notre lexique contre l’Ordre établi au fil des jours 1

Partenaires sociaux. 1

Gestion tripartite contre gestion paritaire. 1

Débordement 2

Une chose saute aux yeux : la « trêve » n’a pas eu lieu, les grévistes ont imposé leur volonté. C’est une victoire morale marquante qui tranche avec les démarches des hauts responsables syndicaux pour obtenir des « quenelles » et une participation à la gestion « tripartite » du « régime universel ».

 Comme toujours, quand les choses bougent, nous sommes pris dans une avalanche de mots, voire de formules magiques, les unes sont médiatiques, les autres sont médiatisées et certaines sont tranchantes sur le vif.

Essayons.

Partenaires sociaux :

 Ce sont, d’un côté, le patronat, et de l’autre les organisations syndicales représentatives. Dans les faits, cela provient de la gestion paritaire de fonds sociaux UNEDIC, URSSAF. Fonds de formation pro, etc.

Gestion tripartite contre gestion paritaire

La gestion paritaire est plus ou moins (plutôt moins) basée sur le rapport de forces entre les classes sociales antagoniques et doit permettre la libre négociation entre les parties censées être adverses. En revanche, la gestion tripartite place l’État au centre des « relations sociales », l’ÉTAT se veut l’arbitre mais c’est lui qui ordonne et les deux « partenaires sociaux » sont sommés de préparer, de concert avec le pouvoir, les contre-réformes appelées « réformes »

Grève reconductible :

 La grève reconductible est la perversion du mot d’ordre de grève illimitée et se veut plus démocratique. Or, au cours d’une grève illimitée, un salarié gréviste a toujours le droit de proposer la reprise ou la suspension ou la « trêve » à tout moment. La grève reconductible est votée (et donc remise en cause) chaque jour, secteurs par secteurs, site par site, établissement par établissement.

 La situation actuelle étant particulièrement mouvante, certaines grèves reconductibles deviennent des grèves totales jusqu’à satisfaction

 Débordement

 La grève générale des banques en 1974, la grève des cheminots de l’hiver 1986- 1987 ont été des grèves de débordement, sans « appel d’en haut ». Le débordement a sa propre limite : il ne donne pas à la grève sa propre direction même lorsqu’apparaissent des « coordinations » derrière lesquelles campent des groupes politiques.

 Le débordement artificiel est une manœuvre « technique » de groupements politiques « à gauche de la gauche ».  Elle se solde par la mise en place de coordinations ou de « comités » divers.

 Pour sa part, dans son ouvrage « Grève de masse, partis et syndicats », Rosa Luxemburg avait répondu par avance à ce genre de tactique

 « Au lieu de se poser le problème de la technique et du mécanisme de la grève de masse, la social-démocratie[1] est appelée, dans une période révolutionnaire, à en prendre la direction politique (en italique dans le texte). La tâche la plus importante de « direction » dans la période de la grève de masse, consiste à donner le mot d’ordre de la lutte, à l’oriente, à régler la tactique (en ital. dans le texte) de la lutte politique de telle manière qu’à chaque phase et à chaque instant du combat, soit réalisée et mise en activité la totalité de la puissance du prolétariat déjà engagé et lancé dans la bataille et que cette puissance s’exprime par la position du Parti dans la lutte » ; il faut que la tactique de la social-démocratie ne se trouve jamais, quant à l’énergie et à la précision, en dessous du niveau du rapport de force mais dépasse ce niveau ; alors cette direction politique se transformera automatiquement en une certaine mesure en direction technique… » [2]                 

 A ce jour, il n’existe aucun « parti » ou « nouveau parti » disposant d’un réseau de correspondants grévistes à même de se placer au moins au niveau du rapport de forces réel.

La modestie et la prudence sont mères de l’audace. Cela ne nous empêche pas de savoir ce que nous voulons

Retrait total de la réforme antiretraite

Arrêt de toute négo syndicale avec le pouvoir

Augmentation générale des salaires et des effectifs. REINDEXATION !

Ni cette réforme, ni une autre

Amnistie-justice – liberté pour les GJ, les manifestants, les grévistes

A débattre et à suivre

[1] Avant 1914, la social-démocratie allemande était encore considérée comme révolutionnaire et marxiste

[2] Rosa Luxemburg – Grève de masse, parti et syndicat.    Œuvres I – Petite collection Maspero 1969  

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