Nous nous habituons à la Ténèbre -
Quand la lumière manque -
Comme lorsque pour attester son Bonsoir
La Voisine lève la lampe -
Un instant - Nous marchons incertains
Dans la nouveauté de la nuit -
Puis - au Noir adaptons notre Vue -
Et tête haute - trouvons la Route -
Ainsi de Ténèbres - plus vastes -
Ces crépuscules du Cerveau -
Quand nulle Lune ne se manifeste -
Nulle Etoile - au-dedans - ne perce -
Les plus braves - tâtonnent un peu -
Et parfois en plein Front
Heurtent un Arbre - mais à mesure
Qu'ils apprennent à voir -
Ou bien la Ténèbre s'allège -
Ou quelque chose dans la vue
A la Minuit s'adapte -
Et la vie va presque droite.
Traduction Claire Malroux, Edition Belin 1989.