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CONFINEMENT - COMPTAGE DES DÉCÈS
Un article du JIM - Journal international de médecine - publié le 4/4, intitulé "Et si nous avions pu éviter le confinement?" s'interroge sur deux points: 1)- était-il possible d'éviter le confinement en France, comme d'autres pays l'ont fait? 2)- Quid des chiffres des décès des pays? Est-ce que l'on ne compare pas des pommes avec des oranges?
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JIM n'est pas réputé pour ses analyses farfelues (ni son ouverture aux médecines alternatives, qu'ils attaquent constamment !) Sur le premier point, la journaliste s'interroge: « (..) partout à travers le monde, des médecins, des spécialistes constatent que des options différentes auraient pu être envisagées. » Et de citer une tribune publiée le 20 mars dans le New York Times par le fondateur du Centre de recherche en prévention de Yale-Griffin: « Nous distinguons régulièrement deux types d'actions militaires : le carnage (…) avec ses dommages collatéraux inévitables, et la précision d'une "frappe chirurgicale", ciblée méthodiquement (…). »La journaliste précise que « Dans cette approche « chirurgicale », le confinement strict ne concernerait que les sujets les plus à risque. » Car de toutes façons, « (..) au-delà de l’efficacité évidente de la distanciation sociale pour ralentir la circulation du virus, on ne peut ignorer totalement le rôle joué par l’évolution "naturelle" de l’épidémie. » Et de citer un médecin danois: « les taux de croissance quotidiens [de l’épidémie] ont diminué au fil du temps à des rythmes similaires dans des pays ayant des mesures très différentes. »
La journaliste pose ensuite la question des décès: « le taux de mortalité du Covid-19 est pour l’heure bien plus incertain (sans parler des discussions que peuvent susciter certains modèles épidémiologiques). En effet, les comparaisons entre les pays sont totalement inopérantes, en raison de la très grande diversité des stratégies de dépistage, des différences concernant les organisations hospitalières et même des disparités dans le recensement officiel des décès (que l’on songe à l’absence de comptabilisation des victimes en EHPAD en France !) »
Puis elle évoque le comptage des décès qui sont peut-être trop largement attribués au Covid-19 « Une surmortalité en partie artificielle? », en donnant la parole au Pr John Lee: « Rendre le Covid-19 notifiable pourrait donner l'impression qu'il cause un nombre croissant de décès, que cela soit vrai ou non. Il pourrait sembler beaucoup plus meurtrier que la grippe, simplement en raison de la façon dont les décès sont enregistrés. »
Elle termine en évoquant un point que j'ai abordé dans un précédent mail, à savoir que: « le déconfinement de populations au sein desquelles ne s’est pas développée d’immunité collective très large pourrait engendrer de nouvelles complexités. https://www.jim.fr/medecin/jimplus/posts/e-docs/et_si_nous_avions_pu_eviter_le_confinement__182470/document_jim_plus.phtml
UN VACCIN QUI SERA PEU EFFICACE ?
Dans Le Figaro du 3/4, Yves Gaudin, directeur de recherche au CNRS explique: « Il faut se préparer à vivre avec ce virus au minimum pendant 18 mois à 2 ans. Il faudra attendre qu'on atteigne une "immunité de troupeau", c'est-à-dire que 60 à 70% de la population mondiale soit vaccinée ou ait développé des résistances. Le virus pourra alors circuler moins facilement. » Et il prédit une vaccin qui aura une efficacité limitée. « Quelle que soit l'évolution de l'épidémie, il restera des "poches" du virus dans certains pays du monde, même si un vaccin est conçu. Cependant, aucun vaccin n'a jamais été élaboré contre un coronavirus. Cette famille de virus mute généralement plutôt rapidement, ce qui peut avoir une influence sur la durée de la protection induite par la vaccination. » https://www.lefigaro.fr/sciences/yves-gaudin-il-faut-se-preparer-a-vivre-avec-ce-virus-20200402
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GOOGLE PASSE À L'ACTION, LA POLOGNE AUSSI
Dans un précédent mail, je vous faisait part des réflexions des opérateurs téléphoniques mondiaux pour nous géolocaliser et extraire des données sur les déplacements des populations. « Vendredi, Google a publié des statistiques issues des données de géolocalisation de ses utilisateurs sur les "mouvements de personnes au fil du temps et par zone géographique, dans différentes catégories d'endroits", comme les lieux de loisirs ou les commerces, pour 131 pays. » (Libération, 4/4) https://www.liberation.fr/planete/2020/04/03/avec-le-virus-l-occasion-de-passer-a-la-traque_1784169
« Google sait aussi, pour une grande partie de la population, où elle travaille et où elle habite.
(..) C’est là une mise en lumière de la masse colossale d’informations que la société possède sur nous, que nous utilisions un téléphone tournant avec Android ou un iPhone.»
(Article du journal suisse Le Temps, avec un lien vers le site des données de Google) https://www.letemps.ch/economie/contre-virus-google-piste-metre-pres?utm_source=twitter&utm_medium=share&utm_campaign=article
Mais ces données sont "anonymisées", donc tout va bien... Que dirait-on si on nous obligeait à installer une application sur notre smartphone pour être géolocalisés, et devoir envoyer un selfie chaque jour pour prouver qu'on est bien confinés!
Ah!, on me dit que c'est déjà le cas en Pologne, mais que les gens ont le choix: soit le selfie, soit un contrôle de police au domicile.https://www.lci.fr/international/coronavirus-covid-19-2019-ncov-pandemie-sante-en-pologne-des-selfies-pour-verifier-le-respect-de-la-mise-en-quarantaine-2149063.html
Pour se rassurer, on lira la rubrique Avenir de Paris Match, toujours à la pointe pour nous "vendre" les dernières nouvelles technologies. Cette semaine (2/4), c'est en quelque sorte un coup de chapeau aux moyens high-tech de surveillance utilisés en Chine qui ont permis de "freiner le virus". (pièce jointe) Tout va bien...
LE CAPITALISME NUMÉRIQUE
Pour finir, dans une interview au journal Le Monde du 3/4, l'économiste Daniel Cohen explique:
« (..) on pensait que la désindustrialisation allait conduire, dans les pays développés, à une société de services. L'idée (..) était que les humains travailleraient non plus la terre ou la matière, mais l'humain lui-même: prendre soin, éduquer, former, distraire autrui, serait le coeur d'un économie enfin humanisée. Ce rêve postindustriel était libérateur, épanouissant... Mais comme le souligne Fourastié, il n'était plus synonyme de croissance...
Si la valeur du bien est le temps que je passe à m'occuper d'autrui, cela veut dire aussi que l'économie ne peut plus croître, sauf à accroître indéfiniment le temps de travail. Le capitalisme a trouvé une parade à ce "problème", celle de la numérisation à outrance.Si l'être que je suis peut être transformé en un ensemble d'information, de données qui peuvent être gérées à distance plutôt qu'en face-à-face, alors je peux être soigné, éduqué, diverti sans avoir besoin de sortir de chez moi... (..) La numérisation de tout ce qui peut l'être est le moyen pour le capitalisme au XXIe siècle d'obtenir de nouvelles baisses de coût...
Le confinement général dont nous faisons l'objet à présent utilise massivement ces techniques: le télétravail, l'enseignement à distance, la télémédecine... Cette crise sanitaire apparaîtra peut-être, rétrospectivement, comme un moment d'accélération de cette virtualisation du monde. Comme le point d'inflexion du passage du capitalisme industriel au capitalisme numérique, et de son corollaire, l'effondrement des promesses humanistes de la société postindustrielle. » https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/02/daniel-cohen-la-crise-du-coronavirus-signale-l-acceleration-d-un-nouveau-capitalisme-le-capitalisme-numerique_6035238_3232.html
Une réflexion à rapprocher de celle d'un philosophe, Jean-François Rey que vous trouverez en pièce jointe, et qui s'achève par une extrait d'Emmanuel Lévinas sur la proximité et le rapport à l'autre. (Merci à Alain D. de me l'avoir transmis)
À suivre ...
Recherche documentaire/Texte: Christophe-Emmanuel Del Debbio
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