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Billet de blog 9 octobre 2023

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Pour qui aime caresser le minou

« Loulou à la Nounou - Illustrations d'Azo »

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ils étaient 2.500 amateurs de matou vu au Salon international du chat, à Rochepinard, pour admirer plus de 400 félins sur coussins.

Illustration 1
© Azo

En croisant leur regard persan, on n'y voit que du bleu. Reste à donner sa langue au shah pour tenter de percer le mystère. Les enfants, eux, ne s'embarrassent pas de ces félines subtilités. Quand son pépère ou sa mémère caressent des yeux le minou, eux l'empoignent sans retenue, comme une peluche à câliner. Scène maintes fois répétée tout un week-end, à Rochepinard où chats et chattes de tout poil faisaient salon, bien à l'écart des Puces tourangelles.
Reste que pour appeler un chat un chat, il convient de savoir faire une réelle distinction – le mot n'est pas trop fort – entre chinchillas, colourpoint, birmans ou chartreux, par exemple. La physionomie renfrognée des persans ou la pudique nudité des siamois permettent au moindre béotien une identification rapide. Mais essayer de faire la différence entre les orientaux et les abyssins relève quasiment de l'expertise.
Heureusement, les cages étiquetées aident le visiteur à s'y retrouver. Certaines mentions retiennent particulièrement l'attention, comme celle-ci : « Sacré de Birmanie “Haschich de la Bellerie”, disponible pour saillies ». Un sacré joint pour petites chattes ! Les prix s'annoncent aussi sans complexe : « Abyssin couleur lièvre, 5.000 F ». Ça donne à réfléchir, même avec facilités de paiement…

De 1.500 à 5.000 F

Près d'une quarantaine de transactions se sont tout de même conclues à des prix moins impressionnants. Les chats de compagnie se négociaient entre 1.500 et 2.500 F, les animaux d'exposition de 2.500 à 4.000 F et enfin les « chats de podium », véritables bêtes à concours, atteignaient les sommets à 5.000 F. Quand on aime les aristos…
Les juges internationaux de l'association Les chats de France, qui fédère les passionnés du matou vu, ont passé des heures à palper les minous pour discerner, parmi diverses provenances, ceux qui méritaient une mention particulière. Plus de 400 greffiers attendaient ce verdict dans une indifférence alanguie, sur leurs coussins soyeux. Leurs propriétaires, éleveurs amateurs en majorité, venus des régions Centre et Pays de la Loire, voire de l'Est, n'avaient pas la même sérénité hautaine…
Quant aux 2.500 visiteurs attendris qui avaient payé 30 F l'entrée (20 F pour les enfants de 7 à 12 ans) pour se réchauffer parmi tous ces poils enrubannés après un petit bout de queue, ils n'étaient pas chiens de compliments.

Alain Nordet, La Nouvelle République, 2 novembre 1993

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