La tournée des soiffards

Le retour de la pluie va-t-il calmer les ardeurs de certains soiffards ? Voire ! C'est en effet dans la nuit, alors que les premières gouttes tombaient, que les policiers ont dû intervenir dans une quinzaine d'affaires d'ivresse publique.
Encore ne s'agit-il là que d'abus de boisson ayant dégénéré, parmi lesquels nous extrayons quelques cas édifiants. Par exemple, la virée de ces trois jeunes gens de familles dites respectables, en tout cas inconnus au bataillon des petits délinquants, qui se promenaient en début de soirée sur les toits des voitures stationnées rue de la Scellerie. On n'était pourtant pas au bout de la nuit ! Âgés, l'un de 15 ans et demi, les deux autres de 17 ans, ils ont fini leur balade au commissariat.
À peu près à la même heure, sur le quai de la Loire, deux autres jeunes éméchés – majeurs ceux-là – s'en sont pris à un cycliste, trouvant qu'il les regardait avec trop d'attention alors qu'ils draguaient une fille. Le malheureux s'en est pris plein la tête, au point de devoir être hospitalisé en neurologie.
Deux autres jeunes de 17 ans, bien connus dans la grande maison de la rue Marceau, se sont fait prendre au petit matin alors qu'ils tentaient de voler une voiture. Ainsi ont-ils échappé au délit de conduite en état d'ivresse…
En revanche, deux automobilistes n'ont pas eu la même chance, si l'on peut dire. Ils ont été cueillis au volant pour conduite en état d'alcoolémie, c'est-a-dire au vu du résultat positif de l'éthylotest. Précision : la seule conduite en état d'ivresse est retenue quand l'état lamentable du chauffeur suffit à caractériser le délit...
Les autres interventions policières ont visé des personnes qui, ne respectant pas l'uniforme après boire, ont proféré diverses insultes que les bonnes manières nous interdisent de reproduire ici.

Alain Nordet, La Nouvelle République, Août 1998