Après avoir lu tous ses livres traduits en français, « guidée d’abord par l’amour de sa littérature » et bouleversée par l’œuvre du grand écrivain slovène, Boris Pahor, la réalisatrice Fabienne Issartel, décide fin janvier 2008, de prendre un train pour Trieste, dans l’espoir d’y rencontrer l’auteur du livre "Pélerin parmi les Ombres". Ce récit terrible, d’une rare puissance littéraire est celui de cet autre monde noir, ceint de barbelés et de miradors, que furent les camps de la mort du IIIème Reich où l’écrivain fut interné entre 1944 et 1945, ce jusqu’à la Libération. Un témoignage dans la lignée de l’œuvre d’Antelme ou de Primo Lévi, de David Rousset ou de Bruno Bettelheim, rédigé en 1967, publié en France en 1990, grâce son ami slovène, le philosophe Eugène Bavcar et à Pierre-Guillaume de Roux, éditeur à la Table Ronde. En Italie, l’ ouvrage n’a été traduit que depuis six ans, seulement. C’était le 31 janvier 2008, jour de la première rencontre entre l’écrivain et la cinéaste. Une reconnaissance dans son propre pays, attendue depuis longtemps, « un événement auquel il ne croyait plus ».

C’est dans la maison de Boris Pahor, surplombant la baie magnifique de sa ville natale, couchée le long de la mer Adriatique, que s’est faite cette première rencontre. Fruit rare et inédit d’un dialogue ininterrompu, pendant huit années consécutives, entre ce monument des Lettres et la réalisatrice, le film « Boris Pahor, Portrait d’un homme libre », sera projeté, dans le cadre d’une seconde avant-première française, au Cin’Hoche, à Bagnolet, jeudi 9 octobre, en soirée. Après avoir été salué, tant à Ljubljana que dans le berceau triestrin de l’écrivain.
Ancien déporté, résistant de toujours, témoin majeur de ce XXème siècle, fait en grande partie de sang et de larmes, Boris Pahor a fait le voyage à Paris, à cette occasion. Préalablement à la présentation du documentaire qui lui est consacré, ce petit homme frêle, dont l’œil vif montre qu’il n’a rien perdu de sa révolte à l’endroit des injustices perpétrées ici- bas, tiendra, ce mercredi 8 octobre, à 18 heures, une conférence exceptionnelle, à la médiathèque de la ville. Animée par son amie Liza Japelj , celle-ci permettra également de rencontrer sa traductrice Andrée Lück-Gaye.
Un événement rare, en deux volets. Deux moments où se mêleront gravité, grâce et émotion à n’en pas douter. Ecouter Boris Pahor, le regarder parler est un privilège. Le lire presque un devoir, en ces temps de confusion profonde. Sentinelle de la mémoire, dont l’œuvre littéraire et le parcours constituent un véritable legs universel, ce montagnard silencieux -qui n’aime rien tant que contempler la beauté de la nature du haut du plateau du Karst surplombant Trieste, rêver d’ailleurs et d’hiers évanouis, seul, face à la mer étale où dansent les bateaux- se veut être le messager de tous ceux qui ne sont plus là pour avoir dit non à l’oppression fasciste et nazie.
Message qui résonne tel un appel à la vigilance, s’attache à réveiller les consciences endormies, et opère comme un baume pour l’esprit et le cœur. Revenu du monde des morts, Boris Pahor est plus jeune et plus vivant que quiconque.
Remarquablement riche et documenté, son portrait dessiné, pas à pas, par Fabienne Issartel, retrace de façon fidèle et extrêmement sensible, le parcours chaotique et violent de cet infatigable combattant de la liberté, dont la vie reste marquée par la constance et le refus des dominants. Une peinture saisissante de cet intellectuel, né le 26 août 1913, dans une Trieste alors autrichienne, d’un voyageur à jamais resté amarré à sa ville mythique, devenue italienne en 1918 ; De cette « ville natale chérie » il dit l’avoir « toujours vue », tel un amoureux inconditionnel, y compris « lorsqu’on l’a enlevé » contre son désir, éloigné d’elle.
Ville frontière du nord-est de l’Italie, logée dans un écrin, entre la mer et le plateau minéral du Karst, Trieste, -carrefour entre l’Europe centrale et la Méditerranée- a toujours été un lieu fascinant, sans cesse convoité au cours de son histoire, du fait de sa position géographique, des opportunités commerciales et militaires que lui confère cette ouverture sur la mer, mais aussi en raison de sa beauté mirifique. Peuplée d’Italiens, d’une forte communauté slovène, de Tchèques, de Croates, de Serbes, et Grecs notamment, depuis que Vienne a décidé d’en faire un port franc en 1719, Trieste sera durant le XXème siècle, au centre de la culture et de la littérature européennes. De Joyce, en passant par Valéry-Larbaud, Paul Morand, Stendhal, Rilke, et les plus grands écrivains slovènes - Kocbek, Svevo, Kosmac. Sans oublier Bartol, son ami Alojz Rebula, et Boris Pahor bien sûr, mais aussi le grand écrivain italien Claudio Magris qui a salué et préfacé « Pélerin parmi les ombres ».
Le traumatisme fondateur
Sans doute cette attractivité multiforme n’est-elle pas étrangère au fait que, dès les années vingt, la ville se retrouve au coeur de la quintessence du fascisme? Première cible des Chemises noires, la communauté slovène fut aussi leur première victime puisqu’on lui interdit brutalement de parler sa langue. Objectif : « itialianiser de force les populations slaves » et « nettoyer Trieste », comme le rappelle avec tristesse, Boris Pahor dans ce film.
L’incendie du Palais de la culture slovène, place Oberdan, le 13 juillet 1920, par les milices fascistes fut l’événement tragique fondateur. Ecoles, jardins d’enfants, livres, presse, tout ce qui permet à l’individu de parler, de lire, de grandir, de forger sa pensée et donc d’exister, fut détruit en un jour. Boris Pahor n’avait alors que sept ans. C’est alors que « Je suis devenu pratiquement anormal. Avec cette espèce d’obligation de devenir un autre, de ne pas employer ma propre langue », confie-t-il à Fabienne Issartel. A cet instant, ses lèvres se referment, comme, cousues, baîllonnées.
Tandis qu’apparaît à l’écran la photographie ancienne d’un jeune enfant blond au teint pâle, celle de l’écrivain, le comédien Marcel Bezonnet, qui a gracieusement prêté sa voix, reprend les mots qui disent le traumatisme, d’une voix chaude, monocorde et grave : «C’est à ce moment-là précisément, que quelque chose s’est cassé dans l’os du front, quelque part dans le cortex ». Pour le jeune slovène terrorisé, c’en était fini de l’insouciance de l’enfance. Cet événement tragique qui parcourt toute son œuvre, allait transformer sa vie, son destin.
Désormais, il allait résister de toute ses forces, de toute son âme. Contre le fascisme de Mussolini, en 1938, avec son ami Kocbek de Ljubljana (privé plus tard de sa liberté par Tito), avec d’autres aussi, membres de l’organisation TIGR (Trieste, Istrie, Gorizia, Rikeka). Avec ses compagnons de lutte, il apporte clandestinement des livres aux enfants slovènes de Trieste et de l’arrière-pays. « L’appel du navire », paru en France en 2008 chez Phébus, illustre cette période et raconte comment la communauté slovène a été la première en Europe à organiser la résistance contre le fascisme.
Contre la barbarie conjointe du fascisme mussolinien et du nazisme hitlérien, il s'engage, à l’automne 1943, au sein du Mouvement de Lutte de la Résistance Nationale « où il espérait faire le partisan », période durant laquelle il connaît un amour pur avec Danica. Amour brusquement fauché par la guerre, dont l'ouvrage « Jours obscurs » fait le récit. Danica, jeune résistante communiste slovène, elle aussi membre du mouvement de libération. Cet engagement est vite interrompu par son arrestation le 28 février 1944 à Trieste, suite à une dénonciation. Arrestation par la Gestapo qui le conduit à être interné, dans plusieurs camps de concentration nazis : en premier lieu, celui du Natzwiller-Struhof, -seul camp français d’extermination nazi sur le sol français, l’Alsace et la Moselle étant alors annexées au Reich. Le camp du Struhof ouvert dès 1941, d’où il fut transféré à Dachau, puis à Narzungen, à Dora, et en dernier à Bergen-Belsen, au fur et à mesure de l’avance des Alliés. Il ne reverra plus jamais Danica. Peu de temps après son arrestation, la jeune femme fut massacrée avec son futur mari.
A sa libération, en 1945, alors qu’il fait à pied le trajet de l’Allemagne à la France, Boris Pahor arrive à Lille, vêtu de son uniforme rayé de déporté, en compagnie de deux autres internés français. A l' instant même, il apprend que Mussolini et sa maîtresse Clara ont été fusillés et pendus en place publique. Il reprend très vite son chemin jusqu’à Paris.
Paris où il se plaît toujours à revenir, car c’est là qu’il fut soigné de la phtisie qui le minait au sortir des camps. C’est aussi là, qu’il trouva « la façon de rentrer encore dans la vie humaine », grâce à l’amour total qu’il le lia à Arlette « cette petite française» qui fut aussi son infirmière au sanatorium de Villiers-sur- Marne. Un souvenir toujours brûlant : "J'étais lié à cette espèce de découverte heureuse qu'avec l'aide de l'amour, on peut encore vivre une passion humaine." s'émerveille Boris Pahor lorsqu'il évoque ce temps presque béni. "Printemps dificile", publié à Trieste en 1978, vingt ans après qu'il fut achevé, et traduit en français en 1995, conte ce retour à la vie, cette reconquête du corps redevenu désir. S'il regrette de n'avoir pu revenir en France pour accompagner Arlette, au moment de son dernier souffle, l'écrivain sait "qu'elle l'a lu avant de mourir."
Une France qu’il aime et qui lui fait mal, aussi. Au pays des Droits de l’homme, l’existence des exactions commises par les SS dans le camp du Struhof où pendaisons, tortures, humiliations et cadavres brûlés dans les fours crématoires furent légion- s’est trop longtemps, heurtée à l’oubli, au déni. Au silence. C’est pourquoi, en mars 2012, Boris Pahor revient une énième fois, au camp du Struhof en compagnie d’amis et de Fabienne Issartel « pour [dit-il à une jeune élève d’un collège français], « confirmer que c’était vrai , qu’on a fait çà [la résistance] pour la liberté. Et maintenant on nie cela, on s’en fiche pas mal ! C’est surtout pour ça… ».
Un sentiment, une révolte qu’il partage avec Stéphane Hessel, dont il cite le nom lors d’une conférence à Hazebrouck en 2011. Stéphane Hessel qu’il aura la joie profonde de rencontrer à Paris, quelques mois plus tard, en décembre 2012, lors d’une conférence commune, à la Maison de l'Amérique latine, à Paris. Moment intense et émouvant que de voir ces deux héros de la Résistance, ces deux voix parler d’une seule, l’un et l’autre bientôt centenaires, interpellant le public sur le devoir de vigilance et de mémoire, celui de lutter contre le silence. Deux frères s’étreignant chaleureusement et se disant « A bientôt » comme s’ils avaient encore l’éternité devant eux. Boris Pahor concluant, tel un gosse heureux : « On a bien travaillé! »
Stéphane Hessel qu’il mentionne de nouveau après que l’ancien résistant fut décédé, lors de son discours percutant et passionné dans l’enceinte du Parlement européen, où on lui décerne le Prix du citoyen européen en 2013. Interpellant les députés de Bruxelles sur les morts par centaines que compte la Méditerranée, sur les valeurs que l’Europe doit encore conquérir et l’indifférence de celle-ci face à cet afflux d’immigrés qui perdent leur vie au nom d’une liberté qu’ils n’ont pas chez eux, il leur demandera de bien vouloir se lever « et de battre des mains », non pas "pour applaudir Boris Pahor, mais pour tous ceux qui ne sont pas là et devraient l’être pour goûter la liberté»
Le rideau rouge
1945. Les Alliés sont venus à bout du IIIème Reich. De retour à Trieste, après la Libération, les jours de liberté et de paix ne sont hélas, pas au rendez-vous. Les communistes ont pris les rênes du Mouvement de libération slovène et Tito, -freiné jusqu’en 1954 dans son désir de s’approprier Trieste et son arrière-pays-, incorpore ce dernier à l’intérieur des frontières yougoslaves, les Italiens conservant Trieste. N’acceptant ni ce partage, ni la dictature communiste sur la majeure partie de la Slovénie, Boris Pahor et le poète Alojz Rebula, publient la revue « Zilav » de 1966 à 1990. Le retour de bâton ne tarde pas. Pour avoir voulu donner la parole à Rocdek, devenu ministre à Belgrade, mais très vite réduit au silence pour s’être opposé aux éxécutions sommaires, sans procès de 12 000 Slovènes ayant collaboré, Rocdek est banni et Pahor interdit de séjour en Yougoslavie jusqu’en 1981, date à laquelle meurt son vieil ami.
L’ouvrage écrit à quatre mains par Boris Pahor et Alojz Rebula intitulé « Kocbek, témoin de notre temps », fera néanmoins l’effet d’une bombe lorsqu’il parviendra clandestinement en Yougoslavie, à partir de 1975. En 1989, Boris Pahor publie « Cet océan meurtri », en hommage à son camarade, ouvrage qui contribuera plus tard à réhabiliter l’image de ce dernier, dans la Yougoslavie post-communiste.

Jeune homme de 101 ans, dont l’énergie, l’esprit critique, la rébellion contre l’oppression sont restés intacts, Boris Pahor est un poète, un homme phare. "Portrait d’un homme libre" tisse méticuleusement son parcours incroyable, au cœur d’une Europe ensanglantée et meurtrie, chamboulée de toutes parts, y compris dans ses frontières et dans ses valeurs profondes. Pour lui-même, et au nom des siens - la communauté slovène à laquelle il appartient-, Boris Pahor n’a jamais cessé de déclarer son amour pour la langue, en premier lieu sa langue maternelle, longtemps interdite-, langue pour laquelle il s’est battu sans relâche, langue grâce à laquelle il a pu renaître des cendres et recouvrer son identité d’homme libre.
Alors, sur la plage de Trieste, fixant l’horizon azuré, sa voix douce s’envole: « Je n’ai pas commencé à écrire du point de vue politique. J’ai écris dans ma langue en présentant le lieu où je vivais, la mer, la côte, la beauté des bateaux. ça veut dire que j’ai reconquis dans ma langue, ma liberté.» La mer, témoin des jours heureux, mais aussi, paradoxalement de l’enfermement : « On avait seulement la mer pour se soulager, pour voir la liberté, loin, loin, loin, qu’on regardait, mais pas comme un homme libre. Ca, c’était la vie de ma jeunesse... J’ai beaucoup chéri la mer ». Et de citer le vers de Charles Baudelaire « Homme libre, toujours tu chériras la mer ». La mer, comme un être cher : « Je venais à la mer pour me confesser, espérant qu’un jour je pourra [la] voir comme une ouverture vers la liberté".
L'amour du corps humain
Toujours mu et ému par l’amour, Boris Pahor déclare au soir de sa vie avoir toujours «adoré le corps humain ». Corps qu’il a d’autant plus chéri qu’il l’a vécu, vu, et connu, souffrant, humilié, torturé, massacré. Corps fragile vers lequel il lui a fallu, dans un effort inouï, se recentrer aux heures sombres de la nuit nazie, afin de muscler le mental , de survivre à la faim, au froid et à l’impensable.
"Lorsqu’on rencontre et voit pour la première fois Boris Pahor", dit avec un infinie justesse, Fabienne Issartel, l’auteur de « Portrait d’un homme libre », "c’est d’abord son corps que l’on regarde". Le corps d’un homme éprouvé et fatigué mais aussi, agile, vif et expressif, dont la gestuelle délicate et timide fait penser à l’adolescence. Lorsqu’il s’exprime, il est toujours très touchant de le voir rapprocher doucement ses deux mains magnifiques, pour les coller, paume contre paume, comme s’il priait en son for intérieur, comme s’il rassemblait ses pensées le temps d’un silence, retenant son émotion, dans une grande pudeur. Son élégance est à la fois naturelle et soignée. Toujours tiré à quatre épingles, l'attention qu'il porte à son apparence témoigne de son respect et de la politesse dues à autrui, autant qu'à lui-même. Ce que l'on remarque aussi, dès les premiers instants, c'est la beauté de ses longs doigts effilés, la délicatesse de ses mots. Toutes choses qui ne sont sans doute pas étrangères à l'amour sans faille qu’il voue à l'humain et au corps, le sien, et celui de tous ses semblables.
N’ayant jamais eu nulle crainte de son « côté féminin », Boris Pahor a particulièrement adoré le corps des femmes aimées. Chacun de ses amours, -qu’il s’agisse de Danica, d’Arlette ou de Rada son épouse- lui a permis de renaître, de renouer, se reconnecter avec lui-même et avec la vie, de revenir d’entre les morts pour goûter de nouveau le désir, la tendresse et la joie. A en pleurer.
C’est sur ce sentiment que nous laisse l’écrivain, lorsque, dans les derniers plans du film, on le voit grimper, par deux fois, le mont Nanos, tout proche de Trieste, dans l'arrière-pays, casquette visée sur la tête, à peine protégé du brouillard froid et du vent qui l’attendent à la cime. Ce mont Nanos où il a embrassé sa femme pour la première fois : sa femme Rada, autre belle figure de la résistance qui l’a quitté en 2009 et qu’il semble chercher du haut de ce rocher surplombant un paysage majestueux. Rada, au centre de son dernier livre rédigé en slovène, livre qu'il a commencé à écrire, "quand [dit-il] j'étais là pour la perdre". Tournant son regard de droit à gauche, contemplant cette beauté sauvage qu’il a si souvent parcourue avec elle, Boris Pahor semble, un court instant revisiter les jours heureux qu’il a vécus sur cette terre qui est la sienne, faire le bilan silencieux de son long périple, de l'oeuvre accomplie. Debout, résistant au froid qui l’assaille, Boris Pahor est là, tel un roseau fragile qui se courbe mais ne rompt pas sous l’assaut des bourrasques qui le défient. Alors, on se sent à la fois très ému, reconnaissant et médusé par cet homme debout, admirant son berceau natal.
Hommage à un porteur de lumière. Tel aurait pu être aussi le titre du long-métrage de Fabienne Issartel, persévérante dans sa volonté de faire accoucher son film, film inachevé pour lequel elle a bénéficié du soutien de Sycomore et de l’Heure bleue. Film qui attend de trouver des producteurs et diffuseurs qui permettront au plus grand nombre de découvrir, à leur tour, l'oeuvre magistrale et le message universel de Boris Pahor. Et ainsi, d’aimer son héros.
Alicia Deys
*Pour en savoir plus sur Fabienne Issartel et découvrir son travail : http://fabienneissartel.wordpress.com/