Si l'on en croit Nouvelle Voie Socialiste (NVS), Rémi Fraisse n'est pas décédé du fait de la violence policière et de l'utilisation de grenades offensives utilisées contre les manifestants hostiles au barrage de Sivens. Le think tank de la tendance majoritaire du PS, l'annonce sans ambages : les responsables de la mort du jeune homme, le 26 octobre dernier, sont les Zadistes, lesquels, je cite "veulent assouvir leur désir de créer le désordre national"... Et "débordent les manifestations sincères quitte à provoquer des drames et briser des vies". Rien que cela. En dépit des témoignages, des examens médico-légaux qui prouvent la responsabilité des forces de l'ordre présentes sur le site ce 26 octobre, et des plaintes de la famille du jeune militant de France Nature environnement déposées à Albi, l'une pour homicide volontaire commis "par une ou plusieurs personnes dépositaires de l'autorité publique", l'autre pour " violences ayant entraîner la mort sans intention de la donner.
S'il n'est pas question de nier la présence dans les manifestations de ce type d'une poignée de personnes venant se frotter aux forces de l'ordre, -ce qui n'était nullement le cas du jeune Rémi- dire comme il est écrit dans un précédent communiqué du 6 novembre, qu'il y aurait quelque 300 Zadistes allant de Zad en Zad pour y semer la violence, qu' eux seuls seraient à l'origine des troubles observés çà et là, relève de l'amalgame et vise à discréditer le mouvement Zadiste, composé de groupes hétéroclites sur le plan social, géographique et générationnel. En grande partie des locaux et des militants écologistes pacifiques, lassés de n'être pas entendus et soucieux de préserver leur environnement.Une prise de conscience qui a mis du temps à essaimer au sein de la population française, mais qui est bien présente, désormais.
Aveuglement, déni du réel, volonté de réécrire une histoire officielle écartant toute responsabilité des forces de l'ordre mais aussi des élus du Tarn, en amont du drame? NVS appelle les élus socialistes "à décrypter ce phénomène et ces pratiques anti-démocratiques" et à développer la démocracie participative" cela afin de réduire l'influence [néfaste ]de quelques Zadistes sur l'ensemble de nos concitoyens.
Autrement dit, les opposants aux divers grands projets inutiles, en divers endroits du territoire sont de pures imbéciles, qu'il faudrait protéger de quelques dangereux manipulateurs nihilistes. Projets décidés sans véritable concertation, inadaptés aux besoins locaux, néfastes pour l'environnement et les populations, aux coûts mirifiques de surcroît.
NVS n'hésite pas à recourir au cynisme. Sans s'interroger sur ses propres contradictions (ou son opportunisme). Dans sa contribution aux Etats généraux du PS, intitulée "L’éco-socialisme du XXIème siècle", le club de réflexion socialiste affirmait : "L’économie circulaire, l’économie d’usage plutôt que de propriété, les circuits courts, permettent de tourner la page du XXème siècle et de remettre l’Economie au service de l’Homme et de la Vie. Aux crises sociales, écologiques, financières et démocratiques, nous répondons par autant de révolutions. Une révolution économique doit permettre de re-faire Société. Le citoyen ne peut plus rester observateur, il faut le laisser agir, investir, proposer, recréer du lien, développer les entreprises coopératives d’intérêt collectif, "...
Invitée samedi 29 décembre chez Ruquier, la ministre de l'Environnement Ségoène Royal, s'est bien gardée de faire de tels amalgames et insisté sur l'enquête diligentée par ses soins à la demande de FNE sur la pertinence du projet, appelant les parties à renouer un dialogue rompu.
Issu de la motion 4 du PS lors de la Présidentielle de 2012, le think tank NVS n'a manifestement pas lu les écrits du père de l'ex-patron de Bercy, l'éminent psycho-sociologue Serge Moscovici, l'un des grands penseurs de l'écologie politique en France, récemment décédé. Lequel prônait l'expérimentation de nouveaux modes de vie afin de recréer un lien avec notre terre nourricière, de la protéger de l'inconscience et du désir de toute puissance de l'homme. Les membres de NVS ont également semble-t-il déjà oublié qu'en 2012, leur héraut et héros n'était rien moins que l'ancien résistant et humaniste Stéphane Hessel.
"Les zadistes, nouveaux manipulateurs d'opinion"
(Texte intégral daté du jeudi 20 novembre 2014)
"Notre vivre-ensemble fait l’objet d’attaques de plus en plus importantes et répétées. Ces attaques proviennent, et nous en avons l’habitude, de ceux qui veulent ultra-libéraliser. Elles proviennent également, et nous l’avions peut-être oublié, de ceux qui, à notre extrême-gauche, veulent désorganiser notre Société.
De Notre-Dame-des-Landes à Sivens, glissés au-milieu de citoyens inquiets pour leur environnement immédiat, sévissent 150 à 200 nihilistes d’extrême-gauche, les « Zadistes » (terme qui provient de « Zone d’Aménagement Différé » transformé en « Zone à Défendre ») comme les a nommé la presse, qui profitent de la sincérité d’une cause locale pour assouvir leur volonté de créer un désordre public national.
A base d’agressions violentes des forces de l’ordre, ils débordent les manifestants sincères, quitte à provoquer des drames et briser des vies. Par le retentissement médiatique des effets de ces agressions, ce petit groupe nous déstabilise tous. Les récentes tentatives de blocages de lycées ou d’universités en sont une illustration. Les lycéens et étudiants qui y participent, dans une réaction sincère au drame de Sivens, font sans le savoir le jeu de quelques individus qui veulent mettre à terre notre Société.
L’enquête sur le décès de Rémi Fraisse est en cours. Elle dira ce qu’il s’est passé. Ce drame est inacceptable et nous ne voulons plus jamais qu’il puisse se reproduire. C’est pourquoi nous devons également rappeler que la fermeté de la répression est d’abord provoquée par la violence de l’action des zadistes. Ses effets sont aussi la conséquence de ces agressions volontaires contre notre vivre-ensemble.
Il est désormais de notre responsabilité politique de décrypter ce phénomène et de faire connaitre cespratiques anti-démocratiques. Les députés et sénateurs socialistes, en s’emparant de la question, peuvent proposer une réponse. Localement, chaque élu peut agir en renforçant le lien avec la population, en informant et consultant toujours plus, parfois en revenant sur des projets mal acceptés.
La démocratie participative est un outil à déployer. Il correspond aux attentes nouvelles de la population et permet de réduire l’influence des quelques zadistes sur l’ensemble de nos concitoyens. Ne donnons pas raison à ces personnes qui luttent contre notre vivre ensemble en manipulant l'opinion".
Rémi Demersseman-Pradel. Porte-parole NVS.
A lire ou relire :
- http://blogs.mediapart.fr/blog/helene-duffau/161114/sivens-la-violence-pour-les-nuls-ou-le-resume-documente-des-episodes-precedents