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Billet de blog 26 déc. 2022

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3 morts, 1 assassin et 1 commanditaire ? Voici votre nouveau jeu de Noel :-)

A lire la presse et à écouter les réactions des politiques français, au lendemain de l’attentat contre la communauté kurde, j’ai été tellement abasourdie que j’ai souhaité écrire ce billet, pour enfin dire que non, nous, citoyens, ne sommes pas si stupides et en avons assez d’être abreuvés d’analyses réductrices et de récits lénifiants.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

A lire la presse et à écouter les réactions des politiques français, au lendemain de l’attentat contre la communauté kurde, j’ai été tellement abasourdie que j’ai souhaité écrire ce billet, pour enfin dire que non, nous, citoyens, ne sommes pas si stupides et en avons assez d’être abreuvés d’analyses réductrices et de récits lénifiants.

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Aux non-voyants réunis

Après l’assassinat de 3 militant.e.s kurdes, et la tentative d’assassinat de 3 autres personnes kurdes grièvement blessées qu’il conviendrait de ne pas oublié, les réactions sont nombreuses. Et toutes dénoncent cet acte. Soit. Et c’est encore heureux.

Mais à quoi et à qui servent ces dénonciations ? A faire illusion. A faire croire aux électeurs, de droite comme de gauche que « oui, nous sommes du bon coté de l’humanité »

Mais certainement pas à épauler, soutenir, protéger les kurdes qui ont trouvé refuge en France.

La preuve en est que Emine Kara a été assassinée alors qu’elle avait vu sa demande d’asile politique rejetée. Etre considérée comme persécuté et en danger n’aurait certainement pas empêché son assassinat, comme il n’a pas empêché celui de Mîr Perwer, mais cela démontre seulement le double discours de l’État français.

Si dans de telle circonstances, un attentat de la sorte avait eu lieu devant une synagogue, il est fort a parier, comme ce fut le cas après l’attentat de la rue des Rosiers en 1982, qu’une protection des lieux potentiellement ciblés aurait été rapidement mise en place.

Il n’en a rien été malgré le funeste précédent de 2013 où furent assassinés dans des circonstances similaires 3 autres figures emblématiques de la résistance kurde. Assassinats restés « irrésolus ». Peut-on vraiment croire à un hasard si l’attentat de vendredi se produit à cette date anniversaire et au moment ou la communauté kurde s’apprêtait à célébrer ces assassinats pour que mémoire reste ?

Pour en revenir aux condamnations si unanimes de l’extrême droite que chacun entonne avec une bonne conscience confondante, qui peut un instant croire aux déclarations du tueur ? Et les relayer d’une même voix bêlante ?

Qui peut croire au mobile raciste quand 6 même personnes, opposantes identifiée au régime du dictateur Erdogan, son assassinées au même moment ? Qui plus est comme il le semble dans des lieux différents ? Le tueur fou et raciste – ou raciste et fou – serait aller chercher , toujours au hasard bien entendu, chaucun.e pour l’exécuter...

Qui croit au hasard hautement improbable d’une tuerie aveugle et sans mobile autre que le racisme, veut seulement rester aveugle à ce qui est bien plus évident : des assassinats politiques ciblés commandités par l’État turc et avec comme bras armé un type qui a déjà un passif d’assassin et qui est donc le candidat idéal pour passer un contrat, comme on dit dans les milieux mafieux.

La version de la folie pathologique étant la stratégie la plus simple pour avoir recours à une diminution de peine, incluse dans les termes du contrat. Ceci reste bien entendu a prouver et donc à être investigué. Mais l’on ouvre les paris sur le peu d’empressement ou plus exactement les interdictions venues d’en haut pour le faire. L’exemple de 2013 est là pour le prouver.

En tout état de cause le rideau de fumée ou d’enfumage du crime raciste fait déjà son chemin dans la presse. Cela fait peur a bon compte et surtout évite toute pensée politique et critique.

En tout état de cause, ne serait-il pas raisonnable d’éliminer la théorie la plus probable au lieu de bêler en coeur une antienne qui ne trompe que ceux et celles que cela arrange ? Ceux et celles qui surtout ont des intérêts politiques et économiques en particulier avec la Turquie.

Les Kurdes, pendant ce temps ne peuvent compter que sur eux mêmes.

Au Kurdistan comme dans tous les pays où ils trouvent un refuge précaire. Les lois antiterroristes européennes de 2003 qui ont inscrits, sur pression turque, le PKK comme organisation terroriste ont dans le même temps laissées le champ libre de nos démocraties aux groupuscules fascistes et nationalistes, ou tout simplement à la haine ordinaire qui s’exprime envers tout les mouvements émancipateurs des peuples.

Alors dans ce nouveau jeu de Noël intitulé « le mobile du crime » avec comme personnages présents 3 mort.e.s et 3 blessés graves et un assassin, quelques cartes absentes et quelques lois a réécrire, que va faire l’État français ? Va t-il donner un statut de réfugiés à tous les kurdes qui le réclament ? Va t-il mettre en place une protection renforcée des militant.e.s kurdes ? Va t-il libérer sans poursuites les manifestant.e.s interpellés ce week-end qui n’avaient d’autres moyens à leur portée pour exprimer leur douleur et leur colère que de jeter des cailloux aux forces de l’ordre qui avaient faillis dans leur protection – n’en ayant jamais reçu l’ordre d’en haut ? Va t-il permettre une enquête sérieuse sur les vrais commanditaires de ces assassinats ?

Mesdames, messieurs le jeu est ouvert !

Nous n’avons pas forcément les moyens d’agir mais au moins nous laissons pas confisquer notre faculté à réfléchir.

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