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Billet de blog 10 juin 2023

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Minimum vital

Peut-on être riche autrement qu'en accaparant ce qui ne nous appartient pas ?

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Voici une veuve bien opportune pour faire contraste avec la diatribe contre les "scribes". On peut se demander s'il s'agit d'un fait vécu, ou plutôt d'une parabole racontée comme si c'en était un (comme dans l'histoire du figuier desséché du jour au lendemain).

Dans ce qui fait contraste entre la description des scribes et celle de cette veuve, il y a bien évidemment la richesse des uns et la pauvreté de l'autre, mais peut-être encore plus ce comportement d'étalage de leur personne des scribes et la discrétion de la veuve. La vie de ces scribes, en-dehors même de la manière répréhensible dont ils s'assurent de leurs revenus au crochet des riches veuves (mais existe-t-il une manière vraiment honnête de devenir riche ?), est en effet entièrement motivée par l'image qu'ils veulent donner d'eux-mêmes aux autres, alors que la veuve semble ne se soucier que de ce que Dieu pourrait penser d'elle...

Le texte dit bien qu'elle a donné tout ce qu'elle avait. Il ne faudrait peut-être pas en conclure qu'elle soit suicidaire pour autant, ce qui ne serait certainement pas un comportement de nature à plaire à son Dieu. La vie est un don qui nous a été fait, en prendre soin est le minimum que nous puissions faire en signe de gratitude. Bien qu'à ma connaissance nous n'ayons pas de certitude historique à ce sujet, il est presque certain que les veuves sans ressources recevaient une assistance publique dans le judaïsme de l'époque (c'est en tout cas ce qui se pratiquait dans le christianisme des tout premiers temps, et ceci plaide fortement pour que la pratique existât déjà). Dans ce cas, ce que cette veuve met dans le Trésor correspond à ce qu'elle avait pour vivre une journée, son allocation journalière (ce qui semble cohérent avec les deux "leptons").

C'est alors peut-être une veuve qui, malgré son extrême pauvreté, s'astreint chaque semaine à un ou deux jours de jeûne, comme le faisaient nombre de juifs de l'époque, et qui, au lieu d'économiser l'argent reçu pour ce jour-là pour avoir un peu plus d'aisance les autres jours de la semaine, trouve plus juste de rendre à Dieu ce qu'elle estime avoir en trop ! Cette attitude peut faire penser à la manne qui était donnée chaque jour par Dieu dans le désert, et qu'il était impossible de thésauriser, puisque dans ce cas elle pourrissait. Comme les hébreux dans le désert, cette femme vit au jour le jour, se satisfaisant de survivre ainsi, en toute confiance, grâce à cette solidarité dont elle est bénéficiaire, mais scrupuleuse au point d'en rendre encore une partie dont elle estime n'avoir pas besoin.

Illustration 1

    Dans son enseignement, il disait :

« Gardez-vous des scribes :
ils veulent marcher en grandes robes,
    et salutations sur les places publiques,
    et premières stalles dans les synagogues,
    et premiers sofas dans les dîners ;
ces dévoreurs des maisons des veuves
    affectent aussi de prier longuement !
ils recevront un surplus de condamnation. »
    
Il s'assoit devant le Trésor, il regarde
    comment la foule jette de la ferraille dans le Trésor :
beaucoup de riches en jettent beaucoup ;
vient une veuve, pauvre, elle jette deux leptons
    (soit un quart de quadrant) ;
    ayant appelé à lui ses disciples, il leur dit :

« Amen, je vous dis,
cette veuve, qui est pauvre,
    a jeté plus que tous ceux qui ont jeté dans le Trésor,
car tous ont jeté de leur surplus,
mais elle, dans son indigence,
    tout, autant qu'elle avait, elle a jeté,
sa vie entière ! »

(Marc 12, 38-44)

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