Il est difficile d'envisager que Jésus n'ait pas eu, pour le moins une réputation, d'être un guérisseur hors pair. S'il n'en était pas ainsi, alors il ne serait pas compréhensible que se soit créée autour de lui une agitation telle, que les autorités religieuses de Jérusalem seront obligées de le faire arrêter et mettre à mort, pour éviter que ne se produise ce qui se produira quelques décennies plus tard, l'intervention des légions romaines, la destruction de Jérusalem avec le Temple, des massacres d'innombrables civils, bref, une répression du genre de celles dans lesquelles les romains savaient s'engager sans aucun état d'âme.
On peut ensuite éventuellement penser qu'il s'agissait de trucages, par exemple des complices qui jouaient les infirmes, devenant alors ainsi facilement guéris miraculeusement. On peut de fait, pourquoi pas, voir les choses comme ça. Ceci dit, il y a suffisamment d'exemples, tout au long de l'histoire et jusque aujourd'hui encore, de guérisons avérées et surprenantes, de maladies ou d'infirmités que, de nos jours, on appellera alors psychosomatiques, pour qu'on puisse envisager aussi, pourquoi pas non plus, que tel soit le cas de ces guérisons "miraculeuses" rapportées au sujet de Jésus.
Si on envisage ces guérisons ainsi, se pose ensuite éventuellement la question de leur solidité : souvent quand de tels faits se produisent par l'intermédiaire d'un thérapeute identifiable — ce qui est donc le cas ici, contrairement à ce qui peut se produire par exemple au cours de pèlerinages dans des sanctuaires, au sein de la ferveur d'une foule —, la pérennité de la guérison, obtenue par l'intermédiaire d'une relation entre deux personnes, pourra dépendre de l'avenir de cette relation, la personne guérie pouvant "rechuter" si elle n'y croit pas vraiment, ou croit qu'il faut qu'elle reste en lien physique avec le thérapeute pour que cela "tienne", etc.
Sur ce point-là précis, on peut supposer que si, toutes les personnes guéries par Jésus, redevenaient rapidement de nouveau malades ou infirmes dès qu'il avait le dos tourné, sa réputation de thaumaturge n'aurait pas tenu longtemps... Le plus probable, même s'il est vrai qu'on ne peut pas en être sûr, est que ces guérisons étaient solides, que Jésus a donc été réellement un guérisseur exceptionnel.
Mais alors, dira-t-on, il n'y a rien dans tout ça de surnaturel ? toutes ces maladies et infirmités étaient liées à des complexes, des blocages, psychologiques, et Jésus a simplement su — comme ont su le faire et savent encore le faire tout au long des âges d'innombrables guérisseurs — permettre que se dénouent ces complexes, ces blocages ? Oui, "simplement", d'un genre de simplicité qui, pour la plupart d'entre nous, est tout sauf "simple" à atteindre, mais en tout cas, il n'y avait certainement pas là la moindre violation de la moindre loi naturelle, de la moindre loi physique, de l'univers.
Évidemment, concernant notre "défunt" d'aujourd'hui, on peut considérer que sa mort n'avait visiblement pas été établie avec une grande rigueur, qu'il devait plutôt s'agir d'une catalepsie extrême avec cessation apparente des battements du cœur et de la respiration. Une telle méprise était encore relativement courante jusque récemment (combien de poilus gazés se sont réveillés juste à temps à la morgue avant qu'on ne les mette en terre ?), je suppose qu'elle doit encore pouvoir se produire de nos jours, quoi qu'on en pense.
Et alors, à nouveau : tous ces "miracles" ne nous permettent donc pas d'asseoir la supposée divinité de Jésus ? eh bien, tout dépend de ce qu'on entend pas divinité, je crois...

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Et il arriva ensuite qu'il alla dans une ville appelée Naïn
et faisaient route avec lui ses disciples
et une foule nombreuse.
Alors comme il approchait de la porte de la ville,
voici,
était porté en terre, mort,
le fils unique de sa mère,
et elle était veuve,
et une foule de la ville, assez importante, était avec elle,
et l'ayant vue,
le Seigneur fut pris aux entrailles pour elle
et il lui dit : « Ne pleure pas ! »
et s'étant approché, il toucha le brancard ;
alors les porteurs s'arrêtèrent
et il dit : « Jeune homme ! je te dis : sois réveillé ! »
et le mort se dressa sur son séant
et commença à parler,
et il le donna à sa mère.
Alors un effroi les saisit tous,
et ils glorifiaient Dieu en disant :
« Un grand prophète a été éveillé parmi nous :
Dieu a visité son peuple ! »
Et cette parole sortit dans toute la Judée à son sujet
et dans tout le pays alentour.
(Luc 7, 11-17)