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Billet de blog 25 mars 2023

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Où je suis, vous ne pouvez venir

Il y aurait le même ordre de distance entre Jésus et nous qu'entre nous et le monde animal ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L'évangile de Jean est celui qui met le plus de distance entre Jésus et nous. Il faudrait nuancer cette affirmation en fonction des différentes couches rédactionnelles que les exégètes y discernent, des plus anciennes qui se contentaient encore de rapporter les faits en eux-mêmes, à la plus récente qui va jusqu'à le qualifier de "fils unique" de Dieu, voire l'identifier à Dieu lui-même.

De ce point de vue jusqu'au-boutiste, "où je suis, vous ne pouvez venir" affirmerait donc cette différence ontologique entre Jésus et nous : il n'y a rien à faire, nous ne pourrons jamais vraiment lui être semblables, le mieux que nous pourrions espérer serait tout au plus de le singer, ce dernier terme étant à prendre assez littéralement, puisqu'il y aurait le même ordre de distance entre Jésus et nous qu'entre nous et le monde animal.

Mais la suite du texte peut éventuellement nous inviter à une autre lecture. Peut-être que "où je suis, vous ne pouvez venir" est une affirmation qui était valable au moment où elle a été prononcée : "aujourd'hui" vous ne le pouvez pas, mais "demain" vous le pourrez, lorsque vous aurez reçu l'Esprit. À partir de ce moment-là, où il est, ce qu'il est, nous pourrons l'être aussi.

C'est ici bien sûr le thème de la seconde naissance, mais d'autres passages de cet évangile plaident aussi dans le même sens. On peut penser à l'affirmation "Je monte vers mon Père et votre Père, mon Dieu et votre Dieu" (Jean 20, 17), qui, contrairement à ce que défendent certains, marque bien l'identité de nos rapports à Dieu entre Jésus et nous, et où on peut d'ailleurs remarquer que Jésus parle de Dieu comme étant "son Dieu" et non ...lui-même !

Ou encore, plus explicite et extraordinaire, la prédiction que : "qui croit en moi fera lui aussi les œuvres que je fais, et même il en fera de plus grandes" (Jean 14, 12), phrase sur laquelle peu de commentateurs s'étendent, sauf pour lui faire dire arbitrairement, sans aucun fondement, des choses qu'elle ne dit pas, tant elle est effectivement incompatible avec leur théologie.

Il ne s'agit cependant évidemment pas, ici, de prétendre pouvoir dépasser par nous-même Jésus : de telles œuvres, ce n'est pas nous qui les accomplirions, pas plus que ce n'est vraiment Jésus qui accomplissait par lui-même les siennes. Dans l'un et l'autre cas, si elles se produisent, c'est parce que c'est Dieu qui les accomplit, par nous.

Illustration 1


Parmi la foule, beaucoup croient en lui.
    Ils disaient :
« Le Messie, quand il viendra, fera-t-il plus de signes
    que celui-ci n'en a faits ? »
Les pharisiens entendent la foule
    murmurer cela de lui.
Les grands prêtres et les pharisiens
    envoient des gardes pour l'arrêter.

    Jésus dit alors :
« Pour peu de temps encore je suis avec vous,
    et je vais vers celui qui m'a donné mission.
Vous me chercherez et ne me trouverez pas :
    où je suis, vous, vous ne pouvez venir. »
    Les Juifs donc se disent entre eux :
« Où doit-il aller, celui-là,
    que nous ne le trouvions pas ?
Doit-il aller dans la diaspora des Grecs,
    et enseigner les Grecs ?
    Qu'est-ce que cette parole qu'il a dite :
Vous me chercherez et ne me trouverez pas ;
et : Où je suis, moi, vous, vous ne pouvez venir ? »
    
Au dernier jour de la fête, le grand,
    Jésus, debout, criait en disant :
« Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive,
celui qui croit en moi,
    comme a dit l'Écrit :
De son ventre couleront des fleuves d'eau vive. »
Il dit cela de l'Esprit que devaient recevoir
    ceux qui croiraient en lui,
car il n'était pas encore d'Esprit,
    parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié.

De la foule donc,
    ceux qui avaient entendu ses paroles disaient :
« Celui-là est pour de vrai le prophète ! »
    D'autres disaient :
« Celui-là est le messie ! »
    Mais d'autres disaient :
« Comment ! C'est de Galilée que le messie vient ?
    L'Écrit ne dit-il pas :
C'est de la semence de David,
    et de Bethléem, le village où était David,
que vient le messie ? »

Une scission survient donc parmi la foule à cause de lui.
Et certains d'entre eux voulaient l'arrêter,
    mais personne ne jette les mains sur lui.

Les gardes viennent donc
    vers les grands prêtres et les pharisiens.
    Ceux-ci leur disent :
« Pourquoi ne l'avez-vous pas amené ? »
    Les gardes répondent :
« Jamais homme n'a parlé comme cet homme ! »
    Les pharisiens donc leur répondent :
« Est-ce que vous aussi vous avez été égarés ?
Y a-t-il un des chefs qui ait cru en lui,
    ou un des pharisiens ?
Mais cette foule qui ne connaît pas la loi,
    ce sont des maudits ! »

Nicodème leur dit – celui qui était venu à lui auparavant –
    (il était l'un d'entre eux) :
« Notre loi juge-t-elle un homme
sans l'avoir entendu d'abord
    et sans connaître ce qu'il fait ? »
    Ils répondent et lui disent :
« Toi aussi es-tu de la Galilée ?
Scrute et vois :
    de la Galilée il ne surgit pas de prophète. »

Ils vont, chacun dans son logis.

(Jean 7, 31-53)

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