Voici la suite de l'épisode d'hier : après que l'homme riche s'en soit allé tout dépité parce qu'il n'était pas prêt à renoncer à ses richesses, voici que Pierre, prenant la parole au nom des disciples de Jésus, lui fait remarquer que, eux, contrairement à cet homme, ont quitté tous leurs biens. Certes, ces biens ne représentaient pas de grandes fortunes, mais il n'empêche, ils y étaient attachés, et ils ont tout laissé pour le suivre. Or, pour l'instant, la vie éternelle, ils ne la voient pas encore venir...!
Cet épisode d'aujourd'hui est aussi commun aux trois évangiles synoptiques — Matthieu, Marc et Luc. Ici, Marc a aussi, comme hier, une petite précision que n'ont pas les deux autres : "avec des persécutions". À la suite de l'énumération des "avantages" qu'ont les disciples dès aujourd'hui, en attendant la vie éternelle, Marc précise qu'il y a aussi un "inconvénient" : des persécutions. Comme hier, donc, si Matthieu et Luc sont censés avoir écrit leurs évangiles à partir de celui de Marc, on ne comprend pas qu'ils aient supprimé cette mention : quand les évangiles ont été écrits, ces persécutions étaient patentes...
Mais revenons au fond du sujet. En posant sa question, Pierre montre qu'en fait il n'est pas bien plus détaché des biens matériels que l'homme d'hier. Si les disciples ont renoncé à tous leurs biens, c'est dans l'espoir d'en acquérir de plus grands encore, dans la perspective qu'est la leur d'un messianisme politique et militaire de Jésus : ils vont recevoir très prochainement, dès cette vie-ci, le centuple des biens qu'ils ont quittés ! Et chez Matthieu, où Pierre semble ne parler qu'au nom des Douze et non pas de tous les disciples, ces Douze vont, très prochainement aussi, être assis sur douze trônes pour juger les douze tribus d'Israël, ils vont être les douze premiers ministres du futur gouvernement...
On peut constater que, de fait, ces biens qui semblent tomber du ciel, c'est ce qui se vécut dans les débuts du christianisme, avec une sorte de communisme où chacun avait accès aux biens de tous, dans l'attente d'une fin des temps imminente, mais aussi, apparemment, même dès cette vie avec Jésus de son vivant, puisque Luc (8, 3) explique que : les accompagnaient des femmes "nombreuses, qui les servaient de leurs biens" !
Cependant est-ce bien là le sens de l'enseignement de Jésus ? est-ce le sens de la parabole des serviteurs inutiles ? renoncer à ses biens parce que cela nous en apportera encore plus ? un bon placement, en quelque sorte, qui rapporte à 10.000 % ?

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Pierre commence à lui dire :
« Voici, nous, nous avons tout laissé
et nous te suivons. »
Jésus dit :
« Amen, je vous dis,
il n'est personne qui laisse
maison,
ou frères ou sœurs,
ou mère ou père
ou enfants,
ou champs,
à cause de moi et à cause de la bonne nouvelle,
sans recevoir au centuple, maintenant, en ce temps-ci,
maisons,
et frères et sœurs,
et mères
et enfants,
et champs,
avec des persécutions,
et dans l'ère qui vient,
une vie éternelle.
Beaucoup seront,
premiers, derniers,
et les derniers, premiers ! »
(Marc 10, 28-31)