Suite à l'aricle paru sur Mediapart NPA: est-ce la crise finale? un débat s'est instauré entre lecteurs.
Suite à l'aricle paru sur Mediapart NPA: est-ce la crise finale? un débat s'est instauré entre lecteurs. Voici les passages où je suis intervenu.
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31/08/2011, 10:10 par charc
Un rappel à toutes celles et ceux qui veulent enterrer le NPA en le réduisant à une composante du Front de gauche : le FdG n'est pas un parti de transformation sociale par et pour les travailleurs, il n'est qu'une alliance électorale pour maintenir ses places électives dans les institutions, en s'appuyant sur une stratégie non conflictuelle avec le PS.
Le NPA ne se dissoudra pas dans une gauche plurielle dominée par le PS, comme le font le Pcf et le Pg dans les exécutifs des collectivités territoriales, et peut-être en 2012 au gouvernement.
Il n'y a là aucun sectarisme de la part du NPA, seul parti d'ailleurs à avoir proposé des discussions à tous les partis à gauche du PS pour envisager des candidatures communes en 2011 et 2012, mais l'expression de sa volonté d'indépendance vis à vis du projet social libéral du Ps, et de ses pairs en Grèce, Espagne, Portugal......
Quand le FdG manifestera-t-il cette même volonté ?
C'est pourtant là le principal obstacle à un accord, et non pas l'influence fantasmée de groupuscules trotskistes au sein du NPA.
31/08/2011, 10:33 par guydufau
Il n'y a là aucun sectarisme de la part du NPA, seul parti d'ailleurs à
avoir proposé des discussions à tous les partis à gauche du PS pour
envisager des candidatures communes en 2011 et 2012...
C'est un énorme mensonge, d'où sort-tu charc ?
31/08/2011, 16:39 par Antoine (Montpellier)
Eh bien, cela (l'info) peut sortir de là : Rencontre NPA/Front de gauche
Il s'agit du compte rendu d'une rencontre le 4 mai. A la demande du NPA. On y lit entre autres choses ce qui a été constamment la position du NPA jusqu'à ce que les atermoiements du FdG vis-à-vis du PS produisent le basculement d'une partie de la majorité du NPA du moment vers la décision d'arrêter de courir après une unité impossible :
"Nous avons défendu dans cette réunion la nécessité d’un rassemblement
autour d’un programme d’urgences sociales, démocratiques et écologiques
et d’une stratégie indépendante basée sur la nécessité d’une
mobilisation de la population et du monde du travail et d’une
indépendance vis-à-vis du social-libéralisme impliquant de constater
collectivement l’impossibilité de gouverner avec le PS."
Concernant le FdG, voici ce qui, par-delà des accords sur des points programmatiques, faisait problème : "Les ambiguïtés concernant la position du FDG sur la question
gouvernementale ne sont pas levées. La position du FDG est exprimée
ainsi : nous ne gouvernerons que pour appliquer notre programme mais
nous devons défendre la nécessité d’une démarche majoritaire. Certaines
interventions du FDG insistent sur les différences voire
l’incompatibilité de leur programme avec celui du PS mais sans que
l’ensemble du FDG puisse répondre clairement à la question que nous
avons posée. Ainsi le PCF nous semble davantage être sur une position
critique vis-à-vis du programme du PS que sur une logique alternative.
Pour nous le programme du PS, avec ou sans DSK, se situe dans une
logique d’adaptation au capitalisme et à sa crise, ce qui implique de
définir une position indépendante." (1)
Si vous reliez ce constat à la REALITE du terrain institutionnel aujourd'hui, vous voyez apparaître ce qui caractérise le FdG : son radicalisme verbal s'accommode d'une adaptation au PS dans les Régions et les municipalités et construit une véritable duplicité politique (critique du PS/alliance de fait dès maintenant avec lui). Je peux renvoyer à l'expérience particulièrement éclairante du Languedoc-Roussillon où le NPA a été en pointe pour réussir une unité avec le FdG aux dernières Régionales et où, réalité cogestionnaire avec le PS oblige, le FdG a rejeté la reconduction de cette unité avec le NPA pour les cantonales !
Je sais qu'avec le temps et le traitement médiatique, avec en plus les biais politiques des uns et des autres, il est commode de "créer" l'objet "NPA-isolationniste-diviseur-sectaire...". Mais la complexité des choses se rappellera tôt ou tard aux analystes hémiplégiques.
Et je ne dis pas cela pour exonérer le NPA de sa responsabilité dans la situation : mais je pars de l'idée, fondée sur mon expérience militante, que, face à la logique de personnalisation mélenchonesque du FdG (sa candidature n'a pas été mise en discussion hors FdG), face à sa volonté de conserver les ponts avec le PS ("programme partagé" de toute la gauche...sauf DSK et Hollande!) et surtout face à ces réalités de terrain où le PCF vote par exemple avec le PS des crédits à l'école privée ou la privatisation de crèches (mairie de Montpellier), eh bien, face à tout cela, le NPA a la responsabilité de...continuer à maintenir la bataille unitaire, indépendamment des possibilités de la concrétiser, comme une donnée permanente de son positionnement. Ce qu'il ne fait pas en ce moment. En quoi il a tort mais le tort premier revient à un FdG révélant son incapacité à sortir d'une polarisation par le PS (version Montebourg mais aussi Aubry, laquelle s'est affirmée partisane de passer les déficits en dessous de la barre des 3% du PIB. Comme Hollande. Comme Sarkozy !).[voir l'article de Laurent Mauduit du 19 juillet sur Mediapart où on lit entre autres choses : "François Hollande et Martine Aubry viennent en effet, l'un après
l'autre, de prendre position en faveur du plan de réduction des déficits et de
la dette publics arrêté par le gouvernement, et d'écorner au passage les
engagements contenus dans le projet arrêté par leur propre parti pour 2012.": Adieu Keynes ! Vive Raymond Barre !]
Dernier point : il aurait suffi que le FdG propose au NPA qu'il se refuserait à gouverner avec le PS, acceptant seulement de soutenir, mais en extériorité d'alliance, toute mesure progressiste, pour que le NPA s'engage à mener une campagne unitaire à la présidentielle et aux législatives. Poser la question, c'est y répondre : pourquoi le FdG n'a-t-il jamais mis le NPA au pied du mur en lui proposant une unité dans l'indépendance totale envers le PS ?
(1) à lire sur la page (bien nommée) Rassemblement anticapitaliste en débat du site du NPA
Par ailleurs
Montpellier, microcosme et microscope de la gauche antilibérale
Du neuf à gauche : un candidat PS à la primaire promeut un exclu héraultais du parti !
Hérault.. Les avatars de la gauche frêchiste...
31/08/2011, 16:47 par Melchior Griset-Labûche
C'est ça: mettez-vous au pied du mur les uns les autres.
31/08/2011, 18:15 par jean-marc gavanon
Il vaut peut-être mieux prendre des décisions avec le PS que faire des réunions avec le NPA...
31/08/2011, 21:06 par Antoine (Montpellier)
Oui, là c'est imparable ! En se rappelant quand même que l'Internationale à laquelle appartient "notre" PS comptait dans ses rangs des Ben Ali, Moubarak, Gbagbo, etc. Que Jospin a privatisé plus que Balladur-Juppé, qu'Allègre a ouvert la chasse au mammouth de l'Education Nationale que poursuit Chatel...On pourrait en aligner des tonnes sans remonter plus loin dans le passé et dans l'espace - hier Blair, Shroeder, aujourd'hui Zapatero, Papandréou - sans parler de DSK-FMI ! Et maintenant, comme le rappelle Laurent Mauduit, "on" s'aligne (en fait cela ne date pas de maintenant) sur la barre des 3% de déficit public chère à Sarkozy, l'UE (la Commission Européenne, la BCE), les agences de notation... Allez, ami Gavanon, "va prendre des décisions" avec Aubry (qui ménage un Guérini à Marseille) ou Hollande (qui prend dans son staff de campagne l'apparatchik frêchiste de l'Hérault inventeur de la section socialiste "hors sol" !) et on en reparlera. Comme en 1981, 1983, etc. le cocufiage politique a de beaux jours devant lui si, comme font le Front de Gauche ou Gavanon, on envisage de "copiner" (sur la base, bien sûr, d'un rapport de force...comme à Montpellier !) avec le PS. Mais le mouvement social, malgré les apparences actuelles, ne l'entendra peut-être pas de cette oreille, lui qui a aussi un pied "indignable"capable de faire dégager les consensuels de gauche comme de droite du libéralcapitalisme. Mais le mieux c'est qu'on en reparle à un autre moment qu'une fin d'été !
Ah si, quant à faire des réunions avec le NPA, il te reste, ami Gavanon, à égréner l'équivalent npaesque du dixième ou du centième...des turpitudes socialistes que je viens de t'aligner !
31/08/2011, 22:42 par jean-marc gavanon
Dans les internationales communistes il y avait qui? Aucun dictateur?
Question apparatchiks, il y a des leçons qu'il vaut mieux éviter de donner. Maintenant, vu le score de Frêche dans la région et plus encore à Montpellier, ville la plus attractive de France, comparé à celui du maire de Grabels (dont j'ai oublié le nom) qui avait pourtant "réussi une immense coalition", le "peuple" a parlé clairement, il me semble. On peut être hyper-agressif, cela ne change rien. Quand on a du pouvoir, on est parfois corrompu. Mais la corruption idéologique existe même chez ceux qui n'ont aucun pouvoir.
Et on ne se connait pas, je ne suis en rien votre ami.
31/08/2011, 23:52 par Antoine (Montpellier)
"Ami" est une formule rhétorique qu'il convient de ne pas prendre au pied de la lettre, et je la retire volontiers, mais ce n'est pas là-dessus que nous allons discuter, non?
Vos déplacements argumentatifs vers les dictateurs des internationales communistes, comme vous dites, n'y changeront rien : le coeur de la discussion c'est l'unité avec le PS ou, pour reprendre votre expression, la "[prise] de décisions avec le PS". J'imagine que cela s'adresse à la gauche à gauche du PS, à part, cela c'est explicite, le NPA.
Vous pouvez ironiser sur l' "immense coalition" qui s'est levée en Languedoc-Roussillon, pour une alternative au frêchisme et au PS et claironner que le peuple par son vote a tranché contre elle, mais vous révélez par là-même un pragmatisme politique très tendance, autrement dit très "fin des idéologies" qui est, au fond, ce qui scelle, depuis les années 80, la convergence du social-libéralisme et du libéralisme, autrement dit des réponses capitalistes à la crise : ce qui ne réussit pas électoralement devient objet de dérision, ne compte que ce ce qui passe ce test (ce que l'actuelle démocratie électorale présente comme reniements des principes démocratiques élémentaires semble vous échapper)!
Si la légitimité politique se décalque strictement, univoquement et irréversiblement sur les résultats électoraux où le peuple "parle", vous vous mettez, pour autant que vous ayez des principes politiques, dans l'impuissance voire l'opportunisme le plus plat : le peuple vote Frêche, ses opposants sont invalidés. Le peuple a voté Sarkozy, le peuple a raison, Sarkozy a raison ! Et je ne dis rien sur ce qu'un tel raisonnement, toutes proportions politiques bien évidemment gardées, impliquait en 1933 en Allemagne ou impliquerait dans le cas de figure d'une nouvelle victoire de Sarkozy en solo ou...en alliance avec Marine le Pen (pure divagation, je reconnais).
Il n'y a nulle agressivité dans mes propos, seulement de la vivacité face à des modes de raisonnements qui rendent la politique captive du réel le plus inacceptable : avec vous, l'alternative n'a aucune chance de défaire ce que le "système", depuis des années, voire plus, a mis en place pour neutraliser les défis démocratiques. Lesquels défis démocratiques sont quasiment par définition une critique, voire une remise en cause, de l'ordre établi.
Vous aurez remarqué que l'"immense coalition" d'A Gauche Maintenant ! qui a récolté tout de même 9 % aux régionales en Languedoc-Roussillon, n'est pas allée jusqu'à organiser un putsch pour "casser" la victoire de Frêche. Non, elle a simplement pris acte de cette victoire, au demeurant fortement redevable d'un clientélisme, d'une stigmatisation permanente des oppositions et surtout d'un alignement sur ce qu'il y a de plus "démocratiquement" inacceptable chez les gens (le racisme, la démagogie, la perte de principes chez des personnes croyant se réclamer de la gauche...). Mais AGM! avait prévu de continuer son combat pour imposer une autre logique politique. Et c'est là qu'il nous faut en revenir à ce dont vous cherchez à nous éloigner : le problème d'A Gauche Maintenant c'est qu'elle a été incapable d'inscrire dans le temps ce qu'elle avait commencé à poser en termes d'alternative au frêchisme et au social-libéralisme. Le Front de Gauche, avec de minuscules nuances internes, a casssé l'uité d'alternative, aux dernières cantonales, pour préserver le choix d'alliance du PCF avec les socialistes (et le Modem !) à la mairie de Montpellier et avec les frêchistes, orphelins de leur Maître, à la Région. C'est cette unité avec les frères jumeaux de la gauche locale d'alternance, et donc d'accompagnement du capitalisme, qui rend impossible l'unité avec le NPA, en ce qu'elle révèle au passage toutes les ambiguïtés délibérées de la candidature Mélenchon : celle-ci couvre, avec force diatribes antisystème, ces réalités de compromission avec ceux qu'on prétend critiquer sans pour autant jamais s'interdire de gouverner avec eux. Eux, je veux, bien sûr, parler du PS.
Monsieur Gavanon, il faut bien que je vous nomme, c'est de cela que nous discutons et c'est votre proposition de partager des décisions avec le PS que je conteste, et je range le deuxième membre de votre phrase (plutôt "que faire des réunions avec le NPA") dans la catégorie, pour être poli, de la polémique gratuite.
Alors vos histoires d'internationale communiste et de dictateurs, vous pouvez continuer à les faire mouliner, sachez simplement que le NPA, fondé en 2009 ne s'est jamais réclamé de ces précédents historiques qu'il faudrait, par ailleurs, peut-être fouiller analytiquement. Mais surtout quel rapport avec le PS, le FdG et le NPA ? Et donc leçon pour leçon...vous connaissez l'histoire de la paille et de la poutre dans l'oeil.
01/09/2011, 10:28 par jean-marc gavanon
Le changement de ton est le bienvenu, tout comme l'arrêt de l'utilisation des caractères gras. Quand à savoir quelle est la politique la plus efficace pour améliorer le quotidien des gens, je crois que la démocratie comme elle fonctionne n'est pas aussi totalitaire que le régime nazi. Vous le savez, puisque vous respectez ses décisions. Et croire que toute une région vote par clientélisme, ce n'est pas sérieux.
Ensuite, à gauche, il y a deux solutions : constituer des majorités, d'après les résultats des élections, et faire vivre des programmes (dans une région, une ville ou un Etat) ou avoir une politique sectaire, sur le modèle de LO. Le NPA, dans ses deux tendances, hésite (c'est ce que nous dit l'article de Mme Bredoux), et vous nous faites part de l'expérience d'une coalition régionale dans la région LR. Et puis vous dites que cette coalition n'a pas pu vivre parce que le FdG avait "pactisé avec le PS". Le PS étant le diable, incarné par Frêche (exclu, non?), Guérini (exclu, non?) et il ne manque plus que DSK.
Evidement qu'il y a des socialistes pourris, comme il y en a dans tous les partis qui ont des responsabilités. L'homme est imparfait et le pouvoir corrompt, l'allusion aux dictatures prétenduement communistes n'était qu'une piqure de rappel. Maintenant, on peut croire que , au NPA, il n'y que des "Purs", qui seraient incapables de la moindre compromission s'ils étaient responsables de quelque chose. C'est votre droit de le croire.
C'est aussi le droit du FdG de choisir de travailler avec les élus socialistes lorsque ceci défendent des projets cohérents. De voter pour ce qui est bon, comme les ordinateurs portables pour les lycéens, sans pour autant tous être qualifiés de Guérini en puissance.
La politique, c'est la discussion de la Cité. Le compromis. Dire "nous avons la vérité, eux, c'est le mal" (en employant des mots dévoyés comme oligarchie, néolibéralisme, social-trahison...) ne conduit qu'à une stérile impuissance qui ronge le NPA de l'intérieur. Il vaut finalement mieux travailler avec l'imperfection humaine que de ne faire que rêver du divin avenir radieux qui s'avère un brin oppressant, trop parfait peut-être.
01/09/2011, 20:30 par Antoine (Montpellier)
J'enregistre aussi le changement de ton et surtout la tentative pour sortir
des formules lapidaires. Il n'en reste pas moins que se confirme le désaccord
mais ce n'est bien sûr pas un problème en soi. Il ne reste qu'à préciser des
choses. Je n'ai jamais assimilé la démocratie non démocratique actuelle à un
totalitarisme, qu'il soit nazi ou stalinien. J'ai assez conscience que
l'existence même de cette discussion en témoigne.
Ceci étant posé, des comportements, comme ceux d'un Georges Frêche, ou des
méthodes comme celles qu'emploient Sarkozy et ses comparses (cf la toute
récente affaire de la mise sur écoute d'un journaliste), portent les germes fragilisant
la démocratie. Je suis d'accord avec la grille d'analyse de Zygmunt Bauman qui
repère tout ce qui dans la modernité et la rationalité a rendu possible et
surtout extraordinairement efficace ce monument de barbarie qu'a été
l'holocauste : celui-ci n'a pas été, selon Bauman, la négation de la
rationalité moderne ; il a au contraire poussé à son paroxysme ses
potentialités en la coupant de ses exigences éthiques. Il en va de même, selon
moi, toutes proportions gardées, du rapport de la démocratie au totalitarisme ;
bien que le passage de l'une à l'autre signifie un saut qualitatif indéniable,
il opère sans solution de continuité absolue. En ce sens l'accession d'une Marine
Le Pen au gouvernement, hors vision catastrophiste de l'histoire et sans réduire
le FN au fascisme classique, reste tout à fait plausible si l'on considère le
sarkozysme et le frêchisme, pour ne prendre que ces cas, comme développant des
anomalies démocratiques à dynamique totalitaire. Je dis bien dynamique et je
conçois parfaitement qu'il faut la cristallisation d'un ensemble de facteurs
pour que cela débouche sur une, pour le coup catastrophique, sortie de route
politique. La proximité d'un Georges Frêche avec des ex OAS et des rapatriés
réactionnaires, sa vision positive de la colonisation de l'Algérie, sa
négociation avec le FN pour faciliter son élection dans les années 70, le
tout ajouté à ses propos sur les harkis qui, le trahissant pour l'UMP,
trahissaient leur fidélité "historique", ses propos sur les noirs de
l'équipe de France de foot, son soutien indéfectible à la politique colonisatrice
d'Israël, tout cela ne suffit pas à faire de Frêche un fasciste. Cela suffit à
l'identifier comme un "démocrate antidémocrate", formule où
l'adjectif constitue le centre de gravité signifiant et qui pose ce type
d'homme en jalon des dérives antidémocratiques de la démocratie. Et le danger
est bien là : dans cette capacité d'une démocratie, s'accoutumant à la banale
négation d'elle-même, à promouvoir ce qui pourrait la nier purement et
simplement !
Autre chose : sortez de vos formules toutes faites du type "le PS
étant le diable". Vous cédez là à des facilités argumentatives et vous ne
tenez aucun compte de la complexité des situations : comment avec une telle
perception diabolisante des choses, le NPA du Languedoc-Roussillon, tout en restant fidèle à
l'essentiel de son positionnement de rupture politique, aurait-il pu s'entendre
avec le PC et le PG? Le NPA n'a, par exemple, pas fait du maintien des élus du
PC dans la majorité avec les socialistes à la mairie de Montpellier un prétexte
à rompre le cadre unitaire d'A Gauche Maintenant. Ce que nous n'acceptons pas
c'est que le PC fasse, lui, par la suite,
de ce choix d'alliance avec le PS, un prétexte à rompre l'unité de radicalité
avec nous. Que cela s'explique par le caractère intenable de la politique de
l'entre-deux chaises se comprend mais démontre que, pour le coup, le PC, et par
rebond, le Front de Gauche, font un choix stratégique qu'ils ne veulent pas
assumer ouvertement : celui de travailler, nationalement comme il est fait
localement, à une union avec le PS. Cela montre aussi qu'il y a un certain
simplisme à décréter que le diviseur est le NPA.
Vous comprendrez, à travers ce que j'écris ici, que tout ce que vous avancez
sur le purisme du NPA ne "colle" pas : en Languedoc-Roussillon, le
NPA a mis les mains dans le cambouis de la construction d'une unité à la gauche
du PS pour un bien piètre résultat ! Dont il n'est pas responsable !
Quant à la défense par le PS de "projets cohérents", je passerai
sur certains détails (les ordinateurs portables pour les lycéens) et je vous
rappellerai que la position du NPA, dans le cas d'une alliance des forces
d'alternative indépendante du PS, est de soutenir toute décision de celui-ci qui
irait dans le sens de l'intérêt des populations. C'est clair, non ? Il n'y a là,
de toute évidence, ni purisme, ni sectarisme...Il faudrait que vous vous habituiez
à ne pas opérer par glissements insidieux : refuser une alliance avec le PS
n'est pas s'opposer de manière obtuse à lui, c'est simplement, si je puis dire,
refuser ce qui est le fond et la constante de ce parti depuis sa conversion au
libéralisme dans les années 80 : le choix de rester dans l'économie de marché
en en acceptant les contraintes les plus antipopulaires (compression des
salaires, développement des stocks options, acceptation de la précarisation et,
au mieux, traitement plus ou moins social du chômage, privatisations à tout va,
capacité à virer au sécuritaire et à cibler les immigrés ou les cités
(Chevènement ou Vaillant)...Les choix faits par un Zapatero ou un Papandréou
relèvent de cette ligne de fond du social-libéralisme européen et le PS
français n'est pas une exception : il est seulement plus contraint que ses
"frères" par une situation sociale plus risquée et il procède par
ruse politicienne pour accéder au pouvoir. Il n'y a qu'à voir quelques indices
comme cette capacité à jeter aux orties ce que prévoyait le programme socialiste
récemment élaboré sur les équilibres budgétaires pour comprendre que ce
tacticisme n'invalide pas le choix stratégique du capitalisme européen. Le PS
est social-libéral, donc foncièrement procapitaliste, mais il est aussi
électoraliste et Aubry ou Hollande feront ce que Jospin a fait (faire campagne
contre le traité d'Amsterdam pour être élu et, une fois la manoeuvre réussie, inverser
son positionnement et approuver ledit traité...). Le contexte actuel de crise ne
peut que renforcer son alignement sur les marchés ! Et, si vous voulez, je
vous parle du sommet de Lisbonne qui a vu la convergence de Chirac et de Jospin
sur les retraites !
Alors, vous comprendrez que vos incitations très générales à la discussion, au
compromis, etc. me font sourire. Tout le poids de l'histoire la plus récente comme
celui de l'histoire plus ancienne, vérifie qu'avec le PS, ce n'est pas une affaire
de compromis qui est en jeu mais de compromission... Le Front de Gauche préfère faire
dans le rugby politique : sur ce point crucial des alliances il botte en
touche alors qu'il y a hors jeu et remise en jeu de l'adversaire. C'est Jospin et
le PS, PC aidant, qui ont ouvert la voie de Chirac/Le Pen puis Sarkozy ! Pas
le NPA ...qui n'existait pas encore !
01/09/2011, 20:33 par jean-marc gavanon
Si je comprends, en langudoc, vous votez les propositions du PS (celles qui vous plaisent) mais vous ne comprennez pas que le PCF négocie des circonscriptions dans un scrutin majoritaire pour faire la même chose au niveau départemental?
Au plan national, vous pensez quoi de la ligne A, celle qui a porté P. Poutou? Elle est à l'opposé de votre choix héraultais... pas d'alliance avec le FdG...
En fait vous dites que ce sont les autres qui n'ont pas voulu rester unis à vous, et ce à cause des magouilles du PS... c'est une analyse.
01/09/2011, 23:03 par Antoine (Montpellier)
Nous avons en effet un élu NPA-Fase à la mairie de Montpellier (1) et il pratique ce que j'ai décrit : une indépendance totale vis-à-vis du PS et de ses alliés du PCF (et du Modem, ce qui n'est pourtant pas prévu dans le cadre officiel du Front de Gauche!). Cet élu, Francis Viguié, s'est par exemple opposé au financement public, approuvé par les élus PC, allant par ailleurs au-delà des obligations légales, des écoles privées. Tout comme le NPA avait dénoncé l'aide financière, elle, totalement en dehors de ces obligations légales, accordée par Georges Frêche à un lycée privé catholique pour son déménagement.
Ce qu'il faut vraiment que vous reteniez, sans obligatoirement l'approuver, c'est qu'il y a une différence entre une solidarité de gestion qui oblige à avaler toutes les couleuvres proposées par le PS et l'affirmation d'une indépendance politique qui rend libre d'ajuster au coup par coup tout en restant dans la clarté d'un positionnement général de différenciation. Laquelle différenciation est un gage d'honnêteté politique envers les électeurs (et les autres) : notre élu ne joue pas à claironner des critiques radicales sur l'orientation générale du PS, comme peut faire Mélenchon, pour les besoins de sa campagne, tout en couvrant des situations qui démentent cette radicalité supposée structurellement fondée sur l'indépendance vis-à-vis du PS.
La clarté politique est prise aujourd'hui pour du sectarisme, du purisme et autres fadaises depuis la victoire de la contrerévolution libérale des années 80. Or, aujourd'hui où il apparaît clairement que les prétentions à s'adapter aux logiques de marché pour les infléchir, les corriger, etc. ont échoué, c'est le socle même de ce pseudoréalisme, de cet adaptationnisme à la situation pour la changer de l'intérieur qui fait flop, voire clash. Les peuples espagnol et grec voient aujourd'hui se lever contre eux des gouvernements socialistes qui appliquent docilement les recettes des officines et agences de notation sur le mode "c'est pire aujourd'hui pour que ça aille mieux demain" ! Et le Front de Gauche peut déclarer sa flamme aux résistances de ces peuples, il n'en reste pas moins qu'il entre dans le jeu de duplicité des socialistes français qui la jouent classiquement à gauche (et encore) afin d être élus, pour mieux gouverner, comme Zapatero et consort, comme Fabius, Bérégovoy, Rocard, Jospin : à droite.
C'est à ce jeu interne au système qu'est confronté le NPA et c'est ce qui, pour ma part sans surprise, le déstabilise. Il est toujours tellement plus simple de s'appuyer sur ledit système tout en prétendant le contester, surtout après l'échec du grand mouvement des retraites et donc le reflux, probablement momentané, de la contestation sociale. La conjoncture est dans l'immédiat favorable à tout ce qui est trop content d'échapper aux contraintes créées par un puissant mouvement social : c'est le cas du PS, bien évidemment, mais aussi d'un Mélenchon, fervent adepte d'une "révolution par les urnes" mâtinée d'ultrapersonnalisation républicaniste qui ne conçoit le mouvement social que comme force d'appoint et de délégation vis-à-vis des "politiques".Ce confort politique, très peu "rupturiste", n'est pas fait pour le NPA qui, sans négliger la spécificité de l'intervention proprement politique, y compris dans les institutions peu démocratiques de notre démocratie, fait du mouvement social le centre de gravité de son action et de son projet d'alternative au capitalisme.
Dans ce cadre actuellement défavorable, il n'est pas étonnant que le NPA subisse une crise. Je crois sincèrement que la paresse analytique de beaucoup ainsi que le désir profond, chez d'autres, de voir disparaître un empêcheur de gérer en rond cette société antipopulaire, leur fait prendre des vessies pour des lanternes. Mais il est inutile de s'engager dans des pronostics sur la survie ou, comme le dit Philippe Corcuff sous forme d'une boutade qui n'en est pas une, sur la ...naissance du NPA puisqu'il ne serait pas encore né !.(2)
Concernant l'actuelle majorité du NPA, elle est d'abord issue du constat d'échec des négociations, engagées nationalement, faut-il le rappeler, à la demande du NPA, avec le Front de Gauche. Celui-ci ne souhaitait au fond qu'un ralliement du NPA à ses ambiguïtés de façon à ratisser électoralement le plus largement à gauche, en faveur d'un Mélenchon qui maintient, par délà ses effets discursifs, la porte ouverte sur sa droite. Un schéma typiquement républicaniste qui ne souffrait aucune discussion : à prendre ou à laisser tel était le contenu de l'offre politique du Front de Gauche au NPA. On a connu mieux comme négociations, en particulier en Languedoc-Roussillon !
Pour conclure : notre choix héraultais reste dans le cadre d'une unité des "radicaux" sur des principes. Notre élu est indépendant du PS, comme de son allié institutionnel, le PC, qui est, nous le savons tous, la principale composante du Front de Gauche. Toutes les tendances du NPA sont d'accord pour refuser l'unité instrumentalisée telle que la conçoit le Front de Gauche. La divergence vient en aval de ce point de convergence : la "B" maintient qu'il faut se positionner comme malgré tout unitaire tandis que la "A" prend tout bonnement acte que l'unité est impossible et qu'il est inutile de courir après une chimère. Ma position est entre les deux, bien que plus proche de la "B" : l'unité est une chose trop précieuse pour qu'on laisse qu'elle soit accaparée par ses fossoyeurs du Front de Gauche. Nous devons réaffirmer notre disponibilité à accéder, avec d'autres forces politiques, au pouvoir pour promouvoir une sortie du capitalisme appuyée sur une intensification des luttes sociales. Mais dans les circonstances actuelles, même si nous devons faire face à la surmédiatisation de nos difficultés, il nous faut assumer le développement d'une campagne des présidentielles autour de Philippe Poutou qui reprend l'intégralité des positions qui font consensus au NPA. A l'exception regrettable, je le concède, de cette référence à une unité sans unité! Mais le fonctionnement du NPA n'obéissant pas à un centralisme, fût-il démocratique, les comités locaux et les sections régionales du NPA ont toute latitude pour porter ce positionnement unitaire que j'ai décrit. Prouvant par là que les visions réductrices et unilatéralistes du NPA sont justement cela; elles participent d'autre chose qu'une appréhension du réel complexe !
(1) http://www.resistons.net/index.php?category/Municipales-2008-et-conseillers-municipaux
(2) Le NPA n’est pas encore né !
02/09/2011, 12:30 par bernard01
si je peut intervenir dans ton post ,il y a aussi le pascal pas l'ancien billet de nos franc mais LAMY celui de l'organisation du commerce MONDIAL qui est en train de prendre sur ses (DHOA)
02/09/2011, 15:34 par Antoine (Montpellier)
Très juste. Et on pourrait citer le rôle des plus atlantistes et guerriers du socialiste espagnol, Javier Solana, le "monsieur" Affaires Etrangères de l'UE, secrétaire général du Conseil de l'UE qui avait été aussi secrétaire général de l'OTAN ou encore celui d' un autre espagnol (décidément le PSOE est une "pépinière" d'eurocrates), Joaquin Almunia, le vice-président de la Commission européenne et commissaire à la Concurrence (excusez du peu!).
Et la liste pourrait s'allonger qui permet de dire que tout cela n'est pas affaire d'individus ou de "nature" corrompue propre à l'homme, etc. Laissons ce naturalisme dépolitisant qui ne sert qu'à dédouaner les dominants dans l'affirmation de leurs logiques d'appareils et entrons en politique : il y a une gauche qui, malgré ses effets de manches à visée anesthésiante, est passée de l'autre coté du miroir ! Je sais, c'est dur à assumer mais pourquoi la politique devrait-elle se condamner à n'être qu'un chemin de roses... sociallibéral ? Le mitterrandisme, cher à Mélenchon, a métamorphosé ce chemin en raccourci menant lui-même à l'impasse capitaliste ! A méditer par ceux qui jouent à l'autruche en s'étourdissant de diatribes antiNPA (autre chose est la critique argumentée sur le fond) et s'épargnent par là d'interroger la cohérence politique du Front de Gauche ou, pire encore, du PS...
01/09/2011, 08:25 par jeanmichel1501
Je recommande même si je ne suis pas d'accord avec le NPA, mais c'est vrai que contrairement au FDG, il ne joue pas sur deux tableaux. C'est donc moins porteur même si c'est plus honnête.
31/08/2011, 19:53 par Georges Pons
[...].
Et merci à Charc et à Antoine de Montpellier (dont je confirme l'analyse des régionales en LR et la façon dont le FdG dans toutes ses composantes a manipulé les camarades du NPA tremblant à l'idée qu'on pourrait les taxer de casseurs de l'unité), d'avoir recadré les détracteurs du NPA, ceux qui voudraient le voir crever mais qui n'ont pas même tenté de participer à sa création, à un moment où des centaines de milliers d'hommes et de femmes auraient du lui apporter leur soutien au lieu de vibrer aux accents héroïques d'un Mélenchon soi-disant touché par la grâce.
03/09/2011, 00:14 par Antoine (Montpellier)
La presse espagnole se fait l'écho aujourd'hui des félicitations que Sarkozy a adressées au PSOE (socialistes espagnols) et au Parti Populaire (droite conservatrice qui n'a jamais renié ses origines franquistes) qui viennent de voter en parfaite convergence au Parlement la modification constitutionnelle faisant de la barre des 3% de déficit des comptes publics une ligne rouge infranchissable. Le quotidien Publico précise que Sarkozy a manifesté son souhait que les socialistes français prennent leurs alter ego ibériques comme modèles ! (
El
ejemplo, España)
Certains relèveront donc, à juste titre, que Hollande et Aubry refusent précisément la constitutionnalisation de la "règle d'or" sarkozyenne mais ils ne devraient pas oublier l'essentiel : à savoir que, comme le PSOE et le PP, ils se sont, tous deux, déclarés partisans du rapide retour à un strict équilibre budgétaire, dans les clous des 3%, qui, de fait, cadenasse toute velléité de redistribution des richesses, de développement des dépenses publiques...Alors, pour en revenir aux termes de la discussion en cours, tout cela (la mise en perspective ibérique de la position de nos socialistes) ne joue-t-il pas sur ce qui fait divergence entre le NPA et le Front de Gauche : peut-on, une seule seconde, envisager une alliance des forces se réclamant de l'alternative avec le parti qui s'ancre stratégiquement dans l'alternance, autrement dit dans la continuité de la logique de marché. Cette logique que Zapatero, libéré pour l'instant, de risques sociaux qui, malgré les apparences, sont toujours présents en France, assume sans plus de complexe malgré l'appauvrissement que son orientation induit pour la population ?
Précision : les "Indignés" espagnols se sont mobilisés aujourd'hui devant le Parlement.Ils avaient manifesté hier symboliquement depuis le siège du PSOE jusqu'à celui du PP pour signifier 1/ que cette question des déficits des comptes publics signait la convergence de fond de ces deux partis contre les intérêts de la population et 2/ qu'un référendum était la seule démarche démocratique pour régler une question aussi décisive que la constitutionnalisation de la règle d'or. Il va de soi que ce voeu indigné n'a mérité aucune considération des gens hautement "responsables" qui contrôlent l'Espagne...