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Billet de blog 14 août 2015

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James Galbraith et le "plan B" Grec (suite)

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Article du Daily Telegraph, daté du 2 août, complétant l'interview du Spiegel.

Un économiste américain réfute les accusations « d’entreprise criminelle » pour élaborer un plan B pour la Grèce.

James K. Galbraith, qui a fait partie d’une équipe de cinq membres menée par Yanis Varoufakis et chargée d’établir un plan d’urgence en cas de sortie forcée de l’euro du pays, ne s’attend nullement à être convoqué par une cour criminelle grecque.

2 août 2015

Un économiste mondialement reconnu, qui a fait partie d’une équipe chargée d’un « plan B » secret, emmenée par l’ancien ministre des Finances, nie toute participation à une « entreprise criminelle » de rétablissement de la drachme dans le pays.

James K. Galbraith, professeur de sciences politiques à l’Université du Texas et ami de longue de Yanis Varoufakis, a coordonné une équipe de cinq personnes chargée de fournir des conseils à Athènes sur les mesures d’urgence à prendre si la Grèce devait faire face à une sortie forcée de la zone euro.

Ces plans secrets ont été rendus publics la semaine dernière, suite à la diffusion d’une conversation privée entre M. Varoufakis et des investisseurs internationaux à Londres. Depuis, la cour suprême grecque a initié deux procédures civiles à l’encontre de l’ancien ministre devant le parlement. Elles seraient liées à des accusations de trahison et à une « entreprise criminelle ».

Mais M. Galbraith, répondant aux questions du Telegraph, affirme qu’il n’a reçu aucune convocation officielle de la part des autorités grecques portant sur son implication personnelle, et ne s’attend à aucune injonction d’extradition pour être jugé dans ce pays.

 « Si des questions se présentent, j’y répondrais avec plaisir », a dit M. Galbraith.

 « Nous verrons bien ce qui se passera, mais je serais surpris que [les autorités grecques] fassent davantage que nommer une équipe pour établir les faits ».

 « Nous n’avons été impliqués dans aucune discussion à caractère politique, et nous n’avons joué aucun rôle dans la stratégie de négociation ».

James Galbraith.

L’économiste américain a travaillé sur ce plan pendant cinq mois, jusqu’en mai, et n’a reçu aucune rémunération pour son travail. L’identité des trois autres membres n’a pas été révélée à ce jour, mais M. Varoufakis jouit actuellement de l’immunité parlementaire face aux enquêtes criminelles.

 « Nous nous satisfaisions d’être complètement à l’abri des regards », a dit M. Galbraith, décrivant son travail comme un « dépannage préventif », alors que la Grèce était menacée par les créanciers européens d’un effondrement complet de son système bancaire.

 « Dans ce genre de situation, toute fuite aurait fait beaucoup de tort, et nous avons par conséquent avancé avec précaution, cette pensée en tête. Il n’y a eu aucune fuite, nous n’avons été impliqués dans aucune discussion à caractère politique, et nous n’avons joué aucun rôle dans la stratégie de négociation ».

M. Galbraith a également écarté toute implication de sa part dans une opération distincte, émanant toujours du ministère des Finances, visant à établir un système de « liquidités parallèles » et qui aurait permis au gouvernement de continuer à payer ses créanciers dans le cas d’une contraction des liquidités [en euros].

M. Varoufakis a nourri la polémique après avoir déclaré à des investisseurs qu’il avait demandé à un ami d’enfance et professeur à l’Université de Columbia de « pirater » le système informatique gérant l’équivalent grec du Fisc, pour gérer l’ensemble des paiements.

Varoufakis avait déclaré que le système pouvait être libellé en drachme par « simple pression d’un bouton ».

La révélation du fait qu’il ait demandé à accéder aux données privées des contribuables a déclenché la fureur de l’opposition en Grèce, qui a exigé qu’une enquête soit ouverte sur cette opération. M. Varoufakis avait déclaré que le système, libellé en euros, pouvait être converti en drachmes par « simple pression d’un bouton ».

Mais M. Galbraith, qui n’a jamais rencontré le professeur de Columbia, a minimisé la portée de ce plan, en parlant comme d’une simple « question administrative » propre au ministère des Finances.

 « Cela aurait pu être mis en œuvre dans le cadre de la zone euro, et n’aurait eu aucune incidence sur une stratégie [de Grexit] », a-t-il dit. « Cela aurait facilité les paiements entre l’Etat et ses partenaires, et aurait éventuellement pu être étendu aux liquidités du secteur privé ».

Le Premier Ministre Alexis Tsipras s’est porté au secours de son ancien ministre des Finances en proie à la critique ce vendredi, confirmant qu’il l’avait chargé de la tâche de « défendre le pays » après que les créanciers aient également dressé des plans coercitifs en vue d’un Grexit.

M. Galbraith a qualifié les tentatives de dépeindre M. Varoufakis en ministre voyou comme « vaincues, sans crédit et désespérées ».

Yanis Varoufakis a attesté de sa loyauté au ministre des Finances actuel, Euclide Tsakalotos.

Fils du prestigieux économiste de la Grande Dépression, John Kenneth Galbraith, il a affirmé que le groupe de travail avait étudié la question des « certificats » d’émission monétaire dans l’Etat de Detroit (sic) dans les années 30, et des IOU californiens dans les années 2000.

La Californie avait en dernier recours émis des bons pour payer ses partenaires privés lorsque les liquidités s’étaient taries à la suite de la crise [financière] de 2008.

 « Je n’ai jamais vu quiconque travailler aussi durement ou de façon aussi désintéressée au nom de son pays »

James Galbraith, à propos de Yanis Varoufakis

 Deux jours avant sa démission, M. Varoufakis avait déclaré au Telegraph que le gouvernement grec aurait dû choisir l’option californienne une semaine avant la décision d’organiser un référendum sur les termes du plan de sauvetage, le 5 juillet. On a clamé cette révélation comme un « signe avant-coureur » de la chute possible de celui qui s’était auto-proclamé comme un « Marxiste dilettante ».

Mais M. Galbraith a défendu son ami, qui s’est engagé sans relâche à ce que la Grèce reste dans la monnaie unique, au cours de six mois de négociations orageuses.

 « Je n’ai jamais vu quiconque travailler aussi durement ou de façon aussi désintéressée au nom de son pays »

Le Premier Ministre Tsipras affronte maintenant un nouveau mois de négociations avec la Troïka, qui est revenue en Grèce pour la première depuis un an. Le Premier Ministre est parvenu à juguler la fronde dans le parti Syriza, après que ses membres aient repoussé au mois de septembre un scrutin interne sur les conditions du plan d’aide.

M. Galbraith a déclaré qu’il s’attendait à ce que l’ancien ministre des Finances reste loyal au gouvernement, malgré le fait qu’il ait précédemment décrié les termes du troisième plan de sauvetage, en parlant comme de « l’équivalent grec du Traité de Versailles ».

 « Yanis n’a aucune ambition personnelle en matière politique », selon le professeur.

 « La stabilité politique interne du parti reste intacte. Il y beaucoup de relations personnelles établies depuis longtemps, et ils ont tous de bonnes raisons de se faire confiance les uns aux autres. Le plus probable actuellement est que cette coalition se maintienne ».

Par Mehreen Khan

Traduction par mes soins.

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