Depuis plus de soixante-dix ans, que ce soit sous le régime monarchique ou théocratique, les universités ont constitué des bastions de défense des libertés en Iran.
Les élections présidentielles frauduleuses du 12 juin 2009 – qui ont vu reconduire M. Ahmadinejad, mais qui dans les faits étaient un véritable coup d'état électoral dont la nature s'est révélée surtout après les violentes répressions des contestations pacifiques de l'été – constituent une nouvelle étape dans la bataille pour la liberté et la démocratie en Iran. Et les universitaires et étudiants sont encore une fois en première ligne aux côtés des hommes et des femmes qui se battent pour leurs droits et notamment pour le droit des femmes.
En effet, des milices ont attaqué avec une violence inouïe, dès le 15 juin et à plusieurs reprises, les dortoirs de plusieurs universités en démolissant les lieux, en frappant, blessant et même tuant des étudiants en pleine nuit. A l'image de celles menées en juillet 1999, ces attaques étaient orchestrées par les détenteurs du pouvoir. Elles avaient abouti à étouffer la contestation au niveau national après avoir fait un mort, plusieurs centaines de blessés et des dizaines de condamnations à au moins 5 ans de prison ferme.
Lors de la répression de l'été 2009, l'une des nombreuses tentatives d'intimidation et d'instauration de la terreur du régime a consisté en l’arrestation de plus de 70 professeurs d'université suivie de la libération de la plupart d’entre eux; mais plusieurs, proches ou appartenant aux cercles réformateurs restent encore en prison et risquent de lourdes peines. Par ailleurs, des centaines d'étudiants se sont vus « étoilés » – pratique qui rappelle une période sombre du 20ème siècle – du fait de leur opinion politique ou critique, c'est-à-dire qu’ils se sont vus exclure de l'enseignement supérieur public, bien qu'ils en aient réussi le concours d'entrée national.
Dès la rentrée universitaire, et malgré les risques importants, les caméras de surveillance et les micros dont sont truffés les campus en Iran, les étudiants iraniens n'ont pas hésité à faire entendre leurs cris de protestation, notamment à l'université de Téhéran et de Tabriz le 4 novembre dernier.
Cette date qui correspond au13 Aban du calendrier iranien et marque l'anniversaire de la prise de l'ambassade américaine il y a 30 ans, sert traditionnellement à la propagande anti-américaine et aux voix les plus radicales de la République islamique, à travers des manifestations soutenues et organisées par le gouvernement. Mais cette année, malgré les menaces de répression ferme proférées par le gouvernement les jours qui ont précédé le 4 novembre, et malgré la présence massive des miliciens, ce sont d'autres voix qui se sont élevées, des voix de protestation contre le gouvernement illégale de M. Ahmadinejad et contre le Guide A. Khamenei : les rues des grandes villes de l'Iran, Téhéran, Ispahan, Tabriz, Mashad, Ahvaz,... se sont remplies de contestataires aux parures, bracelets et signes de couleur verte. Les hommes et les femmes (majoritaires d'après les témoignages) jeunes et moins jeunes voulaient démontrer leur détermination à obtenir leurs droits.
Un compte rendu sur ce site à base de clips vidéos localisées sur une carte "google maps" en persan donne un aperçu de l'étendue des manifestations (zoomer sur Téhéran pour voir le détail des différents quartiers). Et du jamais vu avant : des manifestants foulant aux pieds le portrait du Guide A. Khamenei :
De la violence des miliciens et du courage des jeunes femmes qui se battent en Iran :
A l'occasion de la 70ème anniversaire de la journée internationale de l'étudiant, ce 17 novembre, l'association de défense des libertés et des droits civiques Move4Iran organise avec la collaboration de réseau mondial United4Iran, une journée globale de solidarité avec les étudiants iraniens.
Des étudiants et universitaires à travers le monde tenteront de se faire l'écho de la voix de la protestation étudiante en Iran. Celles et ceux qui le souhaitent peuvent laisser un message de solidarité par écrit (ici) ou par vidéo (instructions ici).
A Paris une table ronde sur "Le mouvement des étudiants et le combat pour la liberté et la démocratie en Iran" aura lieu ce mardi 17 novembre, à 20h30, avec comme invités :
Sepideh Farkhondeh (journaliste et écrivain)
Saeed Ghasemynejad (un des leaders du mouvement étudiant)
Ahmad Salamatian (ancien député et analyste politique)
Salle Brunot / ILPGA
19 rue des Bernardins 75005 Paris
Métro : Maubert-Mutualité
Entrée libre.