Je vais voter Macron avec rage. Je ne ferai aucune leçon de morale à celles et ceux qui ont trop de colère ou de désespoir pour le faire, parce que je peux les comprendre. L'esprit de boutique, et l'ivresse identitaire ont pris délibérément le risque de nous laisser choisir entre la peste et le choléra. Je ne leur pardonnerai pas.
Au printemps 2017, on nous assénait déjà : « S’abstenir, c’est faire le lit de Marine Le Pen ! » Cette intimidation soi-disant républicaine n'était que propagande hystérique, dissimulant cette vérité : ceux qui font « le lit de Marine Le Pen » dirigent notre pays, ruinant, à leur profit, les sécurités sociales et les services publics, pratiquant mensonge et corruption, violence sécuritaire...
Voter Macron contre Le Pen ? Nous sommes, une nouvelle fois, au pied du mur. Mais après cinq ans de présidence Macron, les enjeux et les arguments ne sont plus les mêmes. En témoigne l'émergence d'une forte tentation de punir le premier en votant pour la seconde. Quel sens, alors, peut-il encore y avoir à faire barrage ?
Je ne voterai pas Macron ce dimanche. Il ne s'agit nullement d'une manifestation de colère ou de dégoût mais d'un choix mûrement réfléchi dont je tiens à rendre compte pour répondre à ceux qui penseraient qu'une telle décision serait irresponsable.
Comme souvent, la question de mes élèves est très pertinente. Si je ne dois penser qu’à moi, dimanche j’attrape mon chien, et je pars en ballade en forêt. Demerden sie sich, le vote barrage j’ai déjà donné, merci bien. Et puis je repense aux cinq dernières années, et à nos grèves justement.