Parce que notre collègue a été tué pour avoir présenté des caricatures et avoir appelé à la liberté d’opinion à propos de croyances et de violences, nous nous devons, nous lui devons, de réfléchir ensemble sur la façon dont nous enseignons les épisodes violents de l’histoire de France.
Vous connaissez le vicomte de Terralba ? C’est un bonhomme qui s’est fait couper en deux par un boulet sur un champ de bataille. Il a survécu, mais il est devenu fou, et la partie droite - celle qui reste - coupe tout ce qui bouge en deux. Je suis prof de lettres en banlieue, je suis française, tunisienne et de culture musulmane. Je me suis toujours sentie coupée en deux.
Il y a déjà eu dans le passé proche ou lointain des mises en causes actives de ce qu'il avait été décidé d'enseigner dans l'Ecole publique, appelées parfois «guerres scolaires». Leur rappel peut être utile dans notre situation complexe d'autant que les faux-monnayeurs de la laïcité ne manquent pas en l'occurrence.
Il était tard hier lorsque j’ai appris le drame de l’attentat islamiste contre Samuel Paty, j’étais avec des amis et profitais du début des vacances. Ce drame me frappe triplement, comme professeur d’Histoire-Géographie et d’Éducation Morale et Civique, comme défenseur de Charlie Hebdo et comme rescapé de l’attentat du Bataclan.
« Il faut continuer encore à apprendre, pour ne pas qu'ils gagnent. Sinon les terroristes, ils vont gagner, ils vont se dire : "on les a tués, et du coup ils ne veulent plus revenir". Au contraire, faut continuer à venir, faut pas lâcher. »