Je voulais écrire un billet, et puis c’est devenu un son. Un son imparfait, amer, violemment vomi. Un son qu’on a bricolé comme on a pu avec mon père, avec l’urgence de le sortir quand il voulait dire quelque chose, vite. Enregistré à l’arrache, arrangé dans la nuit. Mais, aussi bancal et inabouti qu’il soit, j’avais envie de vous le poser là.
Je suis en colère contre le traitement qu'on inflige à ma génération, contre l'appellation de « sacrifiée » qui nous colle à la peau. J'irai manifester contre ce monde capitaliste et sécuritaire dans lequel je ne veux pas vivre. J'irai aussi manifester en mémoire de mes camarades qui ne sont plus, ou de ceux qui, trop déprimés, dépassés, précarisés, maltraités, exploités, ne le peuvent plus.
Si l'assemblée se met à l'applaudir, pour moi, le raffut s'amenuise puis, c'est le silence d'une nuit. Je n’entends plus. C'est un froid. Une fin sombre, une fin muette. Ce billet décrit ma réaction, celle d'un jeune parmi des milliers. Une interprétation personnelle du discours de Jean-Luc Mélenchon au soir du 1er tour.
Je m'appelle Cécile, j'ai 20 ans. À peine au quart de mon existence, je suis déjà submergée d'idées noires parce que je ne trouve pas ma place dans un monde qui ne m'appartient pas, qui est devenu le jouet de quelques centaines de personnes assises sur des montagnes d'argent. À la découverte des Pandora Papers, j'ai ressenti l'impuissance de la jeunesse à agir face à une sphère dirigeante ultrariche. Ce texte, écrit le 9 octobre 2021, est le fruit d'une colère qui, en temps d'élections, doit être entendue.
Ce mercredi 20 avril, durant le débat d’entre-deux-tours, nous avons vu se dessiner un monde que nous ne désirons pas. Nous demandions des solutions à l’urgence climatique. Nous demandions des solutions à la montée du racisme et du fascisme. Nous demandions des solutions aux violences sexistes et sexuelles. Par le Collectif Occupation ENS Jourdan.