La multiplication par cinq du prix du baril de pétrole entre 2004 et 2008 (en dollars; par trois en euros), sans que l'évolution des cours soit prévisible pour les années à venir, remet en cause le modèle de développement énergétique des pays occidentaux.
Cette crise du pétrole est liée à la multiplication des pressions inflationnistes, d'origine géopolitiques (comme pour les crises antérieures), d'origine technico-financier (avec la revalorisation des réserves et les goulots d'étranglement des modes de production), mais aussi celles qui ont une relation directe avec la raréfaction des ressources hydrocarbures et de l'augmentation de la demande mondiale d'énergie (dont la politique de l'OPEP).
Parmi les facteurs de ces deux dernières assertions se trouvent le passage du pic pétrolier par les pays producteurs des zones géopolitiques stables (et le passage prochain de la production mondiale); le développement des productions pétrolières dans des zones moins rentables (avec une démultiplication des prix moyens de production par cinq) comme les eaux profondes (dont l'Arctique), à partir de sables et schistes bitumineux (pétrole lourd et extra-lourd), et en usant de techniques d'extraction avancées sur des poches pétrolières en cours d'exploitation.
Si l'on superpose ces tendances aux besoins énergétiques croissants liés au développement accéléré des pays en développement, notamment les BRIC+KMS, aux effets induits de la crise du pétrole sur la crise alimentaire, et aux développements sociétaux en cours liés aux premiers effets visibles de la crise climatique, il devient dès lors nécessaire d'accepter le principe d'une révolution énergétique mondiale, qui fera pâlir les efforts de diversification énergétique engagés après les crises pétrolières antérieures (1973, 1981).
A titre d'exemple, les trois quarts de l'énergie consommée en Europe sont encore d'origine fossile. Par ailleurs, le développement de nouvelles zones d'extraction pétrolière (devenues très rentables avec un prix de vente moyen élevé) devrait renforcer l'instabilité de certains pays en développement et multiplier les crises prévisibles; plusieurs moyens d'action internationale existent pour limiter cette démultiplication des risques géopolitiques.