Oui, à voir et à en parler partout, à faire connaitre et à promouvoir des séances de présentation et de débat. Il s’agit d’un film-documentaire, très pédagogique qui concerne tous les citoyens sur l’évasion fiscale.
Les circuits, les méthodes, les techniques et la créativité des bénéficiaires ou plutôt des techniciens fiscalistes. Ce sont des professionnels bien rémunérés qui étudient, construisent et mettent en place les bonnes filières pour échapper à l’impôt. Et les ‘‘bonnes filières’’ ce sont celles qui rapportent et ne se font jamais rattraper.
De ce point de vue là, ce film est d’une grande clarté, démontrant et démontant un système complexe et finalement toujours en évolution. C’est à dire en adaptation permanente pour faire face aux initiatives timides qui par ci par là essayent de dénoncer et légiférer pour poursuivre les fraudeurs. Comme tout système criminel, il est en alerte permanente d’adaptabilité. Savoir utiliser le cadre institutionnel avec le but de ressembler à la légalité pour mieux la contourner.
Des ‘‘savoureux’’ extraits sur les promesses des dirigeants politiques, de Barre (1976) à Sarkozy, des premiers-ministres sur le front-du-discours contre la fraude fiscale, mais toutefois compréhensibles avec les ‘‘pauvres-riches fraudeurs’’ à l’image d’un ancien ministre et sénateur. Gérard Longuet, l’assume en 2017... « Ça montre qu’il y a une réticence à l’impôt. Et quand l’impôt est confiscatoire – ce qui est le cas en France – les gens se battent pour garder leur pouvoir d’achat. Il y a des milliers de salariés dont c’est le métier. Ce sont les experts fiscaux. Tout ça est très logique ».
Des informations documentées et argumentées sur le Panama Papers, sur le cabinet Fonseca, la superbe de Junker (du Luxembourg à l'Europe...) ou sur l’évolution Suisse à propos du secret bancaire. Et Yannick Kergoat l’exprime bien dans la présentation de son film, ‘‘l’évasion fiscale n’est pas un défaut, pas la conséquence d’un effet pervers mais un rouage important du système qui lui permet à la fois l’enrichissement et le pouvoir politique’’.
L’exemple aussi des Pandora Papers ces fraudes ‘‘vers le large’’ qui coutent 100 milliards d’euros au budget de l’État, soit plus du tiers des rentrées fiscales. Le groupe de journalistes qui les a révélé, l'ICIJ note que ‘‘de nombreux acteurs puissants qui pourraient aider à mettre fin au système offshore en ont au contraire profité, en cachant des actifs dans des sociétés secrètes et des fiducies alors que leurs gouvernements ne font pas grand-chose pour ralentir un flux mondial d'argent illicite qui enrichit les criminels et appauvrit les nations optimisation fiscale, évasion fiscale, fraude fiscale sont des «sports de riches» qui volent les finances publiques, spolient les services publics’’.
Dans le débat lors du premier festival, à Paris « La grande révolte » des films et des luttes, animé, sur ce film, par Fabrice Arfi qui a souligné ce caractère ‘‘planétaire’’ de l’évasion fiscale, soulignant le besoin qu’une Cour Pénale Internationale soit compétente et puissent être saisie sur les questions de fraude fiscale. Au-delà du ‘‘paradis fiscal’’ pour ne pas payer d’impôts, c’est aussi le lieu, comme la boite noire de la corruption voire du crime, de la drogue, du terrorisme...
Ce film-documentaire, nous montre bien le chemin de ‘‘l’argent magique’’. Il n’y en a pas pour l’hôpital public car il est bien caché avec profit dans le labyrinthe des Panama Papers, des Paradise Papers, des Pandora Papers... Document exceptionnel de salubrité publique.
Il nous parle des tentacules d’un système de ‘‘corruption légale’’ dont certaines de ses racines sont aussi en France et dans l’Europe du Luxembourg aux Îles Vierges Britanniques... Si vous pouvez contribuer à organiser une séance-débat ou une projection dans un lycée vous pouvez contacter La Grande Distribution par l’intermédiaire de simonfranza.melanie@gmail.com
* * On peut aussi voir jusqu’au 11 mars une sélection de La Grande Révolte en 6 films, sur Tënk. Mode d'emploi dans le premier commentaire.