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Billet de blog 14 juillet 2013

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Le Comité de défense des hommes de science candidat au Prix Sakharov

La liberté de penser ou la liberté de pensée ou encore, plus précis ou plus étendue, la liberté de l'esprit, noble préoccupation dans ces énonciations un peu différentes selon les langues (on choisira), est celle, ambitieuse et délicate, de l’Union Européenne qui a créé en 1988 le prix Sakharov (1921-1989) en l'honneur du scientifique et dissident soviétique Andrei Sakharov, pour « honorer les personnes ou les organisations qui ont consacré leur existence à la défense des droits de l’homme et des libertés ».

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La liberté de penser ou la liberté de pensée ou encore, plus précis ou plus étendue, la liberté de l'esprit, noble préoccupation dans ces énonciations un peu différentes selon les langues (on choisira), est celle, ambitieuse et délicate, de l’Union Européenne qui a créé en 1988 le prix Sakharov (1921-1989) en l'honneur du scientifique et dissident soviétique Andrei Sakharov, pour « honorer les personnes ou les organisations qui ont consacré leur existence à la défense des droits de l’homme et des libertés ». Un hommage donc à un savant, père de la bombe thermonucléaire soviétique, prix Staline, prix Lénine, entre autres, mais surtout au prix Nobel de la paix en 1975 après son entrée en dissidence, claire, intransigeante et décisive, avec le régime de Moscou. Ce qui lui valut un exil étroitement surveillé à Gorki. Avec la Glasnost de Gorbatchov, il fut enfin libéré et put revenir à Moscou en 1986 mais il n’aura pas connu l’éclatement de l’URSS en 1991 après ce parcours, réfléchi au plus haut de l’intelligence et sans doute infléchi au plus haut de la pression politique. Homme exceptionnel, exceptionnel savant et très exceptionnel« droitsdel’hommiste ».

La liste des récipiendaires du prix ( sur Wikipédia) montre une grande diversité, qu’on appréciera  en toute liberté et qui révèlera, implicites, les critères d’attribution par le Parlement Européen :

1988 : Nelson MandelaAfrique du Sud) et Anatoli MartchenkoURSS, attribution posthume)

Une très belle Histoire que le CODHOS voudrait accompagner.

Le prix est remis chaque année par le président du Parlement Européen toujours vers le 10 décembre, jour anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme aux Nations unies en 1948, sauf en cas «d’empêchement  politique grave» comme ce fut le cas pour le cubain Guillermo Farinas (photo) qui n’a pu le recevoir à Strasbourg que le 3 juillet dernier. A cette occasion, dans une interview relayée par Eurojournal.net, «  il s‘est désolé que l’attribution du prix n’ait rien changé à Cuba. Des opposants notoires ont quitté l’île… ; en ce moment on compte 101 prisonniers politiques alors qu’ils n’étaient que 38 en 2010… ; cela changera à Cuba quand les citoyens auront la parole… ». Prix contre-productif ? Plus complexe qu’il ne le croit lui-même !

 Du grain à moudre pour le réseau interacadémique international des Droits de l’Homme de science, piloté par le CODHOS (comité de défense des hommes de sciences) qui se porte candidat à cette distinction prestigieuse, avec à sa tête le prix Nobel français Claude Cohen-Tannoudji. Ce comité a été créé en 1976 à Washington et les  Français y ont adhéré en créant leur propre section  en 1978. Encore pendant la  Guerre Froide ! Aujourd’hui 79 académies ou d’institutions comparables  selon les Etats, y sont répertoriées dans le monde entier.

Une campagne auprès des Européens à Strasbourg.

Invités par Alain Beretz, le président de l’Université de Strasbourg, particulièrement attentif au rôle international de l’UdS (ou Unistra) qui regroupe désormais les trois anciennes universités de la capitale européenne, ce sont des académiciens et des scientifiques de haut vol qui sont entrés en campagne sur les lieux de décision. Il s’agissait donc de poser les premiers jalons d’un cursus sinueux et escarpé. En l’occurrence cette mission d’approche revenait à des Français, membres éminents du CODHOS section française, « régionaux de l’étape » en quelque sorte.

 On a donc vu et entendu un ancien président de l’Académie des Sciences, Edouard Brezin, avec des confrères académiciens ou scientifiques de renom exposer l’action de ce réseau interacadémique international et plaider pour cette candidature au prix.

Agir face aux nombreuses violations des Droits de l’Homme dont sont victimes  hommes et femmes de sciences, médecins, chercheurs de toutes disciplines, ingénieurs, étudiants, requiert évidemment en premier lieu une connaissance des faits et de leurs implications politiques que seul l’avis des  experts indépendants peut éclairer. C’est donc à des savants compétents en la matière que revient la tâche de dénoncer ces violations et de démonter les accusations fallacieuses. Il s’agit ensuite d’intervenir auprès des «  présumés » coupables.

Des actions au succès en demi-teinte.

Ce sont donc des lettres ou télégrammes, des demandes d’audience  à des Chefs d’Etat, à des ministres, à des président de tribunaux, ambassadeurs… qui constituent le premier outil dont l’efficacité dépend de la notoriété des intervenants et de l’accueil réservé par la presse, tous médias confondus.

Pour le moment le bilan est difficile à dresser : des libérations de prisonniers, des cessations de violence, des délivrances de visas ont été obtenues mais restent des actions sans effet visible en tout cas même si on peut et veut croire à certains « infléchissements » inavoués.

Plus précisément, comme le rapporte Francis Kern, vice-président de l’UNISTRA, on atteint avec une  béatitude partagée in situ «  l’obtention de l ‘Asile Universitaire » pour Pinar Selek, autodécrété, pro forma et non de jure évidemment, par le président Beretz, en conclusion d’un remarquable travail que son  acolyte F.Kern avait rondement mené, en Turquie. Cf le billet de Médiapart (http://blogs.mediapart.fr/blog/aspohr/190213/asile-academique-pour-pinar-selek)

Le Pr Kern évoque à ce sujet Jacques Derrida et le concept «  d’immunité académique » dans son discours intitulé «  L’Université sous  conditions ».

C’est pourquoi le prix Sakharov serait bienvenu pour rendre plus percutants, plus lourds, ces plaidoyers pour des innocents contre les condamnations infondées, les abus ou même les brimades décourageantes dont ils sont victimes.

Tous ces  scientifiques, brillants plaideurs, posent un postulat : les vrais hommes ( et femmes bien sûr) de science, tiennent la vérité comme valeur absolue et comme argument premier. Une éthique inhérente à la condition de savant ?

Une petite réserve cependant qui ne manquera pas d’apparaître dans le débat au Parlement où ne siègent pas que des  savants. Et les scientifiques «  méchants », comme dans les films et dans la vraie Histoire n’existent-ils pas ?

« Ces  déviants  ne sont plus des scientifiques en raison de leur orientation vers le mal » rétorque un académicien, très proche collaborateur d’un récent prix Nobel strasbourgeois. Science et éthique : un vieux débat dont les paramètres varient incessamment. Beau sujet !

C’est l’ambition du CODHOS de rapprocher l’action humaniste ( sic) des scientifiques du monde entier pour mieux rapprocher les mondes de la science et de la politique.

Alors il faut encore fourbir les armes argumentaires auprès des eurodéputés en plaidant auprès de tous les groupes. Dans le débat d’antichambre de Strasbourg, un seul député européen, Jean-Paul Gauzès s’est investi en conseils éclairés, non partisans mais acquis à la cause. Il est avocat de son état, tant mieux.

Il faudra rencontrer les autres et convaincre.

Antoine Spohr

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