Tribune – Amiante : quand L’Humanité efface les vivants après avoir pleuré les morts
Par Augustin VINALS, président du CAPER AMP 42 LOIRE
Membre du CAVAM – Comité des Associations de Victimes de l’Amiante et des Maladies Dues au Travail
Il faut parfois appeler les choses par leur nom : ce que vient de faire L’Humanité, dans son article sur la création d’un groupe d’études parlementaire sur l’amiante, n’est pas une simple omission. C’est une trahison politique. Une humiliation. Une faute impardonnable envers celles et ceux qui se battent à mains nues contre le silence depuis des décennies.
Dans ce billet, qui se félicite de la relance d’un travail parlementaire sur le scandale de l’amiante, le nom du CAVAM n’apparaît même pas. Pas un mot. Pas une ligne. Rien.
Et pourtant… Qui a proposé la relance de ce groupe parlementaire ? Qui a rencontré les députés ? Qui a porté les revendications ? Qui a rédigé des propositions concrètes ?
Le CAVAM et ses associations membres.
Des veuves, des malades, des militants, des bénévoles, des anciens syndicalistes, des retraités souvent gravement atteints, qui tiennent la mémoire à bout de bras.
Un effacement politique, pas un oubli.
Ne pas citer la CAVAM et ces Associations hadhérentes dans un tel contexte n’est pas un oubli de journaliste. C’est une décision éditoriale. C’est choisir qui a le droit d’exister médiatiquement, et qui doit rester dans l’ombre.
L’Humanité sait très bien qui est le CAVAM. Il ne peut pas faire comme s’il ignorait notre rôle. Alors pourquoi ce silence ?
Parce que nous ne sommes ni un cabinet d’experts, ni une institution, ni une structure sous influence. Parce que nous sommes trop indépendants Trop populaires ? Trop critiques ?
Eh bien oui, nous portons la colère des oubliés. Et nous ne demandons l’autorisation à personne pour dire les choses comme elles sont.
L’Huma journal du peuple ou vitrine des élus ? Depuis quand L’Humanité est-elle devenue un espace réservé aux élus, aux décideurs, aux « bonnes structures » qui cochent les cases ? Depuis quand un journal qui se veut celui du peuple efface-t-il sciemment les acteurs populaires de la lutte ?
Ce journal qui fut celui de Jaurès, de la Résistance, des luttes ouvrières, choisit aujourd’hui de ne donner la parole qu’aux députés, en taisant les collectifs de victimes.
Quelle image renvoie-t-on aux lecteurs ? Que les associations comme le CAPER AMP 42 LOIRE ne sont là que pour applaudir ? Que notre rôle est secondaire, décoratif, optionnel ?
Nous le disons calmement, mais fermement :
Vous nous avez invisibilisés, et cela ne passera pas.
Nous n’avons jamais eu besoin de votre autorisation.
Le CAPER AMP 42 LOIRE, comme toutes les associations du CAVAM, n’a jamais eu besoin de l’aval d’un député ou d’un journal pour se battre.
Nous avons été sur les chantiers, dans les hôpitaux, dans les tribunaux, dans les réunions publiques.
Nous avons accompagné les malades, les familles, nous avons organisé les hommages, porté les cercueils, pleuré avec les orphelins.
Et nous avons continué quand tout le monde avait tourné la page.
Alors oui, quand un journal comme L’Humanité ose effacer ce travail-là, il ne se contente pas de faire une faute journalistique.
Il trahit un combat. Il trahit une mémoire. Il trahit une classe.
Une exigence reconnaissance publique du rôle du CAVAM
Nous ne demandons pas la charité. Nous n’attendons pas un article de consolation.
Nous exigeons une reconnaissance claire, publique, ferme, du rôle du CAVAM et de ces Associatidans adhérentes ( 22 associations et 7000 adhérents ) qui se sont battuu sur la mise en place du groupe parlementaire amiante.
Nous exigeons que la parole des associations de victimes ne soit plus ignorée au profit des seuls élus.
Et nous appelons toutes celles et ceux qui se battent pour la santé au travail, pour la justice environnementale, pour la mémoire des luttes, à ne plus se taire face à cette dérive.
Parce qu’un journal qui parle du peuple sans le peuple, ce n’est plus un journal militant. C’est une vitrine politique.
Et si L’Humanité continue dans cette voie, alors oui, nous le dirons partout, clairement.
Ce journal n’est plus celui des victimes de l’amiante. Ce journal n’est plus celui des sans-voix.
Augustin VINALS
Président du CAPER AMP 42 LOIRE
Membre du CAVAM