La barbarie sociale

Résumé des épisodes précédents

Auparavant, l'évolution de la société se faisait par la confrontation des points de vue. Il fallait parfois taper du poing sur la table ou dans les gueules mais l'évolution se faisait. Et puis, les mesures proposées étant de moins en moins acceptables, il a fallu trouver des arguments au catastrophisme grandissant. Seule la peur du lendemain permettait d'obtenir un assentiment minimal à des transformations restant marginales. Qui veut voyager loin ménage un peu sa monture, pensait-on alors...

Du vendeur de pommes au notaire faussement débonnaire en passant par l'avocaillon pitbull, les candidats se fracassaient tous sur un récif ou un autre, étaient décimés dans une impasse. Pas un chef de guerre n'y a survécu. Le voyage devenait trop lent.

Il a fallu l'arrivée d'un petit jeune soigneusement tenu à l'écart de la vie réelle et de la politique, et donc ne connaissant les choses et les gens que par leur poids en monnaie, pour transformer le métier. Quelqu'un sans humanité, dont les sens sont volontairement atrophiés. Quelqu'un sans empathie, qui ne voit que les rouages d'une machine. Une sorte de Golem.

Une méthode à défaut de pensée

En profitant d'une période propice à la coercition avec les lois liberticides contre le terrorisme, il s'agit de détruire la représentation des corps intermédiaires en les obligeant à une mascarade humiliante appelée concertation, puis en utilisant le cadre sécuritaire légal pour discréditer toute action de revendication.

La deuxième étape, qui suit l'élection présidentielle, ajoute le recours aux ordonnances pour verrouiller la destruction sociale. C'est un résultat immédiat à la hauteur des espérances. Les masses sont nassées et gazées, les intermédiaires discrédités, il n'y a plus d'opposition structurée.

La société est démantibulée.

Mais...

Telle une machine folle, la méthode échappe à son créateur, plus rien ne peut l'arrêter.

Quand les barrières sautent, le troupeau s'égaille. Plus d'intermédiaires, plus de barrières, la masse devient incontrôlable. Même hétérogène, il est impossible de l'éclater sans que l'énergie dégagée échappe à tout contrôle.

Maintenant, il va peut-être falloir fournir la brioche.