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Billet de blog 2 décembre 2024

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Barnier vacille sous la pression de Marine Le Pen

Sous pression, le gouvernement Barnier cède à l'idéologie du RN en sacrifiant l’AME pour calmer la censure. Mais l'extrême-droite, tout en jubilant des concessions, votera tout de même la chute du gouvernement. La République vacille, prise dans une stratégie du chaos. La tragédie est en trois actes : marchandages, concessions et trahisons.

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Barnier : Le danseur d’un bal tragique, à Matignon

Michel Barnier, engoncé dans un rôle de Premier ministre en sursis, danse sur un volcan. Sa majorité, minée par les dissensions et les appétits contradictoires, ne tient plus qu’à un fil. Pour ne pas sombrer, il offre l’AME en pâture à la droite sénatoriale. Un petit coup de rabot de 200 millions d’euros, quelques restrictions, et le tour est joué. "Rassurez les contribuables," susurrent les comptables. "Affamez les épidémies," crient les médecins. Mais qui entend encore les seconds dans ce brouhaha de promesses creuses ?

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Le Premier ministre Michel Barnier le 2 décembre 2024 à l'Assemblée nationale à Paris © Michel Euler/AP/Sipa © Michel Euler

Et l’extrême-droite, spectatrice et actrice, applaudit en coulisses. Marine Le Pen, faussement magnanime, s’indigne : "Seuls nous défendons les oubliés !" Un double discours cynique, car dans le même souffle, le RN aiguise son glaive pour trancher la tête du gouvernement. La censure sera votée, peu importe que Barnier ait fléchi sous leurs pressions. Ce n’est pas un partenariat ; c’est un piège.

La Capitulation Idéologique

Avec cette réforme de l’AME, ce n’est pas seulement un budget qui est amputé : c’est une éthique, une vision, un socle républicain. Le macronisme, incarné ici par un gouvernement Barnier aux abois, cède aux sirènes du chaos stratégique de l’extrême-droite. Ce glissement progressif, loin d’être un hasard, marque une capitulation idéologique. Un aveu de faiblesse, où l’on croit apaiser le loup en lui offrant un agneau.

Née en 2000, l’AME portait un souffle d’humanité dans les vents glacés de la gestion comptable. Permettre à ceux que l’État refuse de voir – les étrangers en situation irrégulière – un accès minimal aux soins relevait d’une évidence, sanitaire autant que morale. Mais ce dispositif sanitaire nécessaire vacille sous les coups d’une idéologie qui troque nos valeurs pour des calculs d’arrière-boutique.

À peine 0,5 % du budget de la santé : un rien. Pourtant, l’AME est peinte comme le gouffre, l’appel d’air des "migrants fraudeurs". Des mensonges grossiers démentis mille fois par les chiffres et les experts, mais qui continuent de servir la soupe à ceux qui rêvent d’une République barricadée. La vérité ? Près de la moitié des bénéficiaires potentiels n’osent même pas solliciter cette aide. Mais qu’importe la réalité quand le fantasme nourrit les foules ?

Mais l’histoire est cruelle : le loup n’en aura jamais assez. Aujourd’hui, c’est l’AME. Demain, ce seront d’autres piliers de notre Solidarité. 

À force de reculer, la République se dilue, perd son âme, devient l’ombre d’elle-même.

Le gouvernement Barnier survivra-t-il à cette danse macabre ? Peu probable. L’AME, elle, survivra peut-être, mais sous une forme exsangue, vidée de sa substance. Et dans les livres d’histoire, ce moment sera consigné comme celui où la République a troqué sa devise contre un ticket d’entrée au bal de l’extrême-droite.

Car la République, ce soir, n’a pas seulement plié : elle a courbé l’échine, une enième fois, devant ceux qui la renieront toujours.

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