Barnier : Le danseur d’un bal tragique, à Matignon
Michel Barnier, engoncé dans un rôle de Premier ministre en sursis, danse sur un volcan. Sa majorité, minée par les dissensions et les appétits contradictoires, ne tient plus qu’à un fil. Pour ne pas sombrer, il offre l’AME en pâture à la droite sénatoriale. Un petit coup de rabot de 200 millions d’euros, quelques restrictions, et le tour est joué. "Rassurez les contribuables," susurrent les comptables. "Affamez les épidémies," crient les médecins. Mais qui entend encore les seconds dans ce brouhaha de promesses creuses ?
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Et l’extrême-droite, spectatrice et actrice, applaudit en coulisses. Marine Le Pen, faussement magnanime, s’indigne : "Seuls nous défendons les oubliés !" Un double discours cynique, car dans le même souffle, le RN aiguise son glaive pour trancher la tête du gouvernement. La censure sera votée, peu importe que Barnier ait fléchi sous leurs pressions. Ce n’est pas un partenariat ; c’est un piège.
La Capitulation Idéologique
Avec cette réforme de l’AME, ce n’est pas seulement un budget qui est amputé : c’est une éthique, une vision, un socle républicain. Le macronisme, incarné ici par un gouvernement Barnier aux abois, cède aux sirènes du chaos stratégique de l’extrême-droite. Ce glissement progressif, loin d’être un hasard, marque une capitulation idéologique. Un aveu de faiblesse, où l’on croit apaiser le loup en lui offrant un agneau.
Née en 2000, l’AME portait un souffle d’humanité dans les vents glacés de la gestion comptable. Permettre à ceux que l’État refuse de voir – les étrangers en situation irrégulière – un accès minimal aux soins relevait d’une évidence, sanitaire autant que morale. Mais ce dispositif sanitaire nécessaire vacille sous les coups d’une idéologie qui troque nos valeurs pour des calculs d’arrière-boutique.
À peine 0,5 % du budget de la santé : un rien. Pourtant, l’AME est peinte comme le gouffre, l’appel d’air des "migrants fraudeurs". Des mensonges grossiers démentis mille fois par les chiffres et les experts, mais qui continuent de servir la soupe à ceux qui rêvent d’une République barricadée. La vérité ? Près de la moitié des bénéficiaires potentiels n’osent même pas solliciter cette aide. Mais qu’importe la réalité quand le fantasme nourrit les foules ?
Mais l’histoire est cruelle : le loup n’en aura jamais assez. Aujourd’hui, c’est l’AME. Demain, ce seront d’autres piliers de notre Solidarité.
À force de reculer, la République se dilue, perd son âme, devient l’ombre d’elle-même.
Le gouvernement Barnier survivra-t-il à cette danse macabre ? Peu probable. L’AME, elle, survivra peut-être, mais sous une forme exsangue, vidée de sa substance. Et dans les livres d’histoire, ce moment sera consigné comme celui où la République a troqué sa devise contre un ticket d’entrée au bal de l’extrême-droite.
Car la République, ce soir, n’a pas seulement plié : elle a courbé l’échine, une enième fois, devant ceux qui la renieront toujours.