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Billet de blog 3 février 2011

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Je m'indigne contre la nouvelle réglementation financière

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La régulation financière s’est inspiré des trois singes qui n’entendent, ne voient et ne disent rien pour répondre aux nouveaux enjeux de la gestion des risques systémiques après la crise financière de 2007-2008. Les rapports se suivent mais aucune décision sur les fondements de cette crise n’est prise.Les causes principales de la bulle spéculative (qui a causé la crise systémique que nous avons vécu récemment) n’ont pas été intégrées, analysées et résorbées dans les propositions de réforme. Parmi ces causes nous pouvons citer : une régulation parcellaire et non coordonnée entre secteurs régulés (banques, assurances, gestionnaires d’actifs etc.), un manque de transparence sur les montages et les flux financiers, un manque d’information sur la connexion entre les différents opérateurs et sur les risques pris en commun et la déconnexion totale entre la rentabilité, les capitaux exigés et les règles de gestion des risques.Les régulateurs se sont contentés de répondre aux sujets qui ont fait les grands titres des médias, à savoir la titrisation et la liquidité. Sans remettre en cause, la nécessité de mettre en œuvre des exigences de liquidité plus importante et de contrôler les opérations qui sont directement responsables de la crise financière, il semble illusoire de considérer que les prochaines crises ou vulnérabilités viendront du même canal. Anatole France disait, dans le Jardin d’Epicure, « Loin de moi de me réjouir quand je vois s’en aller quelque vieille erreur, je songe à l’erreur nouvelle qui viendra la remplacer, et je me demande avec inquiétude si elle ne sera plus incommode ou plus dangereuse que l’autre ».Les nouvelles règles de liquidité devraient créer une importante demande d’obligations d’Etat, créant (ou perpétuant) une bulle spéculative sur la dette des pays. Lorsque cette bulle viendrait à se dégonfler nous risquerons d’ajouter à la dépression due à la hausse des taux d’intérêts qui hypothéqueront les budgets des Etats (et nécessiteront incidemment des plans d’austérité très importants), le coût supplémentaire nécessaire pour renforcer la solvabilité bancaire qui devrait être mise à mal par la destruction de valeur due au dégonflement de la bulle obligataire.Les régulateurs n’ont jamais voulu prendre position sur le ratio d’endettement de l’économie ni analyser les flux financiers et les investissements vers lesquels ils se dirigeaient. Les opérations de carry trade (endettement dans une monnaie à faible taux d’intérêt pour acquérir des actifs à plus fort rendement en s’exposant au risque de change) étaient connues depuis longtemps en le JPY et l’USD. Mais les régulateurs n’ont pas souhaité intervenir, malgré que ces opérations étaient risquées pour les banques (elles ont contribué à augmenter les pertes des banques lors de la crise financière), déséquilibraient l’économie réelle puisqu’il contribuait à maintenir les taux d’intérêt au japon à un niveau planché, et contribuaient à créer des risques systémiques compte tenu de la contagion de ce risque aux différents opérateurs aussi bien ceux régulés que ceux qui étaient en dehors du champs de la régulation comme les hedges funds. Les régulateurs étaient au courant mais ils se sont empêchés d’intervenir.Nous assistons actuellement à l’envolé des prix des matières premières sous fonds de craintes géopolitiques (i.e. les événements en Egypte). Cet accroissement de la valeur des actifs, dont une partie des investissements est réalisée à travers de l’endettement (produits dérivés ou dettes classiques) n’est pas non plus prise en compte dans les discussions des régulateurs.Il aurait été intéressant de s’interroger sur la relation entre la rentabilité et le risque. Lors de la mise en place des premiers montages de titrisation, les banques ont créé des véhicules dits de « Shadow Banking ». Ce concept s’inscrit dans la recherche de zones d’ombre qui offrent aux banques la possibilité de s’exposer à des risques sans devoir en tenir compte puisque les exigences de capital sont plus faibles.Le rehaussement du crédit à travers le transfert de risque à des compagnies d’assurance fait partie de ce type de « Shadow Banking ». La création de hedges funds séparés comptablement des banques offre le double bénéfice de profiter d’une forte rentabilité, d’une part, sans mettre en face un niveau de capitaux propres suffisants, de l’autre. Les régulateurs ferment les yeux sur cette déconnexion entre la rentabilité et les exigences de solvabilité (capitaux propres exigés pour couvrir les risques). Il est communément admis que des opérateurs puissent générer des rentabilités importantes sans tenir compte des risques associés. Cette idéologie est en complète incohérence par rapport à la théorie financière qui affirme qu’il n’existe pas de rentabilité sans prise de risque.Les dirigeants et traders des banques connaissent les risques pris et utilisent des échappatoires pour mettre ces risques dans les structures qui consomment peu (ou pas) de fonds propres. La rentabilité est enregistrée tout de suite lorsque les risques sont reportés dans le futur.Cette idéologie est d’autant plus acceptée que le sauvetage bancaire a donné raison à ceux qui souhaitaient la privatisation des profits et la socialisation des pertes. Le « Moral Hazard » créé par ce sauvetage faisait porter le risque sur le contribuable lorsque les profits sont accaparés par les actionnaires ou les dirigeants (les initiés).Il est, par conséquent, nécessaire que les régulateurs ne confondent pas rapidité et précipitation, dans la mise en œuvre des nouvelles réformes. Ils devraient par conséquent s’interroger sur les mécanismes et les forces de marché qui constitueront les prochaines crises afin de limiter le développement de ces activités et d’en limiter la contagion pour que le système bancaire puisse rester résilient face au dégonflement des bulles spéculatives qui sont actuellement en construction.Amitié et fraternité chers lecteurs.

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