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Billet de blog 18 janvier 2011

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« Si les banquiers ne prêtent qu’aux riches, l’Etat leur offre la possibilité de s’enrichir encore plus ! »

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« Si les banquiers ne prêtent qu’aux riches, l’Etat leur offre la possibilité de s’enrichir encore plus ! »La crise financière, le sauvetage du système bancaire et de la relance de l’économie ont laissé des traces dans les comptes publiques. Le déficit et la dette publique se sont fortement dégradés. Dès lors, les agences de notation ont tiré la sonnette d’alarme sur la solvabilité des Etats. Celles-ci voulaient éviter que la dégradation de l’endettement des Etats les dépasse comme ils ont été dépassés par la crise des subprimes.Mais, à l’opposé de la crise de l’endettement immobilier aux Etats-Unis (qui a fait tâche d’huile grâce à une finance mondialisée), la crise d’endettement des Etats est plus grave puisqu’elle nécessite des cures d’austérité importantes dans un contexte où les effets négatifs de la crise économique pèsent encore : chômage important, croissance fragile et principalement soutenue par des aides d’Etats (tels que la prime à la casse) et moral des ménages et des entreprises en bernes.La France a mis en œuvre un certain nombre de réformes fiscales pour équilibrer son budget (équilibre qui sera une contrainte constitutionnelle après la prochaine échéance présidentielle). Ces réformes se sont attaquées à la réduction des niches fiscales. Cependant, de fortes inégalités fiscales continuent à survivre. Celles-ci privilégient les ménages les plus aisés et les entreprises au détriment des contribuables qui paient le moins d’impôts et qui ont besoin d’assistance.Le rapport de la cours des comptes d’octobre 2010 montre de nombreuses sources de réduction d’avantages fiscaux et sociaux pour les entreprises et dont les avantages pour l’emploi et l’économie ne sont pas prouvés. Ces préconisations n’ont pas été prises en compte dans la définition du budget. Je m’indigne contre cette inégalité de traitement des contribuables.Nous pouvons aussi nous indigner contre ces populations, issues de catégories socioprofessionnelles élevées, et qui profitent du système : traders et banquiers londoniens qui touchent les ASSEDIC en France après avoir été licencié même s’ils n’ont jamais cotisé en France (et qu’ils critiquent haut et fort le système « d’assisté » que constitue la sécurité sociale) ; retraités, bénéficiant de régimes chapeaux de dirigeant, qui cumulent des mandats dans les conseils d’administrations de leurs anciens Groupes ou d’autres activités fortement rémunérés ; entreprises qui déguisent des emplois en prestations d’auto-entrepreneurs…Malheureusement la liste est bien longue et n’est pas exhaustive. Elle rend l’indignation encore plus amère.Mais au lieu que l’élite et les médias s’indignent de cette gabegie des comptes publiques, au lieu de faire la chasse aux mauvaises dépenses et de réduire la pression de l’austérité, ils parlent de faillite de la France.Il est devenu naturel de faire porter la responsabilité de cette faillite au coût de la main d’œuvre très élevé en raison du faible nombre d’heures travaillés (à cause des 35 heures), aux charges sociales importantes que subissent les entreprises compte tenu d’un système de sécurité sociale (ou de solidarité nationale) trop généreux, ou bien à la fiscalité sur le patrimoine qui pèse sur les entrepreneurs.La lecture de certains commentateurs et de la quasi-totalité de la presse économique de notre pays nous fait croire que notre pays n’est pas compétitif parce qu’il a des valeurs sociales. Cette même lecture nous pousse à croire que le bouclier fiscal est le seul moyen de garder les fortunes françaises dans l’hexagone, que l’ISF est un frein pour l’économie, que les droits de successions doivent être réduit etc.Cependant, un retour rapide sur l’histoire, nous montre que la majorité des fortunes françaises se sont construites sous un président de gauche. Elles ont prospéré malgré l’ISF ou les droits de succession, elles ont été menées par des capitaines de l’industrie.Les réformes fiscales recherchées aujourd’hui privilégient la descendance de ces capitaines de l’industrie. Elles recherchent à moins taxés le patrimoine déjà constitué au détriment des revenus futurs du travail. Elles sont faites pour les rentiers (héritiers de ceux qui ont créé les fortunes capitalistes françaises) au détriment des entrepreneurs.Nous pouvons nous interroger pourquoi l’ISF n’a pas fait fuir les fortunes françaises au moment de sa mise en place. Pour répondre à cette question, il faut distinguer les fortunes industrielles des fortunes financières. La fortune industrielle est liée à un savoir faire (L’Oréal, LVMH, Printemps etc.) et par conséquent ne peut être transféré ou délocalisée. Que vaudrait un cosmétique de Luxe sans la mention « Made in Paris » ? Quelle crédibilité aurait une marque de champagne dont le siège social serait aux Iles Cayman ? La fortune industrielle réalise quelques délocalisations d’actifs pour optimiser les impôts payés mais ne délocalise l’essentiel puisqu’il en va de la valorisation du patrimoine.A contrario, la fortune financière est mobile et circule au gré des marchés boursiers et des flux de capitaux migratoires. Ceux-ci s’arrêtent dans un pays tant que les actifs sont sous valorisés et s’en éloignent dès que la valorisation des actifs commence à s’essouffler.Les héritiers sont en règle générale des fortunés financiers. Nous pouvons d’ailleurs noter par exemple la sortie du Groupe Lagardère du secteur des médias et la financiarisation de la gestion de ce groupe après l’ère de Jean-Luc Lagardère (père fondateur du Groupe).Je m’indigne donc contre toutes ces contrevérités assignées par les médias sur le besoin de réformes et sur le fait que ces réformes doivent faire subir l’effort aux plus faibles et aux acquis sociaux.Je m’indigne contre cette dictature « économique » qui nous oblige à accepter des dictats et une façon unique de penser. Quelle différence existe-t-il alors entre un dictateur qui muselle la presse et l’assainissement d’une pensée unique pour le bénéfice d’une petite élite ?Je m’indigne puisque d’autres solutions plus équitables existent.Les Etats-Unis ont toujours privilégié le travail à l’accumulation du capital. La taxation des droits de successions est forte. Elle pousse les grandes fortunes à créer des fondations pour perpétuer leurs empires tout en aidant des causes humaines. Nous devrions faire de même. Nous devrions rétablir la valeur travail (nous reviendrons sur ce point dans de prochains posts), comme une valeur qui permet l’épanouissement et la réalisation de soit.Nous devrions arrêter de stigmatiser les plus faibles d’entre nous, à travers une communication faite par et pour des élites pour leur permettre de bénéficier de réformes. Nous devrions donner plus accès à la parole à des systèmes économiques alternatifs. Nous devrions réformer la fiscalité d’abord pour la rendre plus compréhensible à tout le monde et surtout pour taxer fortement la sur-rentabilité au-delà d’un certain niveau puisque une rentabilité trop importante ne peut se réaliser qu’à travers des prises de risques ou un système de travail trop contraignants et par conséquent la société devra taxer ces prises de risques ou ces contraintes qu’elle supportera soit par le sauvetage d’institutions financières ou par la prise en charge de la santé des salariés qui sont impactés par cette pression du travail qui devient de plus en plus forte avec comme objectif : la rentabilité devra atteindre des sommets.Indignons-nous et réformons !Amitié et Fraternité chers lecteurs.

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