Le CNRS ayant annoncé la création d’une mission « science citoyenne » en son sein, et en ayant confié la responsabilité à Marc Lipinski, biologiste et ancien vice président de la région Île-de-France, en charge des questions scientifiques, les petits marquis de la bien-pensance ont enfourché leur pointe Bic et pissé leur copie comme à un lendemain d’élections.
Pour l’AFIS, (Association Française pour l’Information Scientifique), il n’y aurait qu’une seule science, ne travaillant pas avec le citoyen, une science bisounours, libre d’influence et ne devant de compte à personne ; « qu’à la vérité » dit elle. Une science « ni du nord » « ni du sud ». Une science entre deux eaux donc. Une science de l’entre soi. Car pour l’AFIS « il n’y a pas plus de science « citoyenne » que de science « bourgeoise » ou « prolétarienne ». Une science pour opéra. « Ange pur, ange radieux ». Loin « d’un quelconque « modèle culturel ».
On se demande pourquoi on a créé des commissions d’éthique alors ! N’est ce pas justement parce qu’une science n’est jamais neutre ? Parce que derrière tout scientifique il y a un être humain avec sa grandeur et ses limites. Que les règles de la science commencent par des obligations et peuvent aller jusqu’à des interdictions.
L’Afis, qui se dit apolitique, ne fait, en fait, rien d’autre, dans son communiqué, que de la politique. Mais quelle politique ? La politique qui, justement, ne supporte pas qu’on puisse demander à la science « d’être citoyenne » ; la politique pour qui les associations ne sont fréquentables que lorsqu’elles sont au service, agréées, du genre Téléthon ; la politique qui sort aussitôt les gros mots, attaquant insidieusement et de manière indirecte Marc Lipinski à la faveur d’un renvoi en bas de page sur l’affaire Lyssenko, afin de nous laisser accroire que « science citoyenne » et « science prolétarienne », c’est la même chose; la politique qui n’a pas peur de mettre en place l’amalgame Lyssenko/Lipinski au prétexte de la biologie.
Mais ce communiqué de l’AFIS, il y a bien quelqu’un qui l’a écrit ? Et qui après l’avoir écrit, a obtenu l’acquiescement, j’allais dire de l’association, mais je me contenterai de dire, du bureau de l’association. A voir !
Mais au-delà ? Les membres du comité de parrainage de l’AFIS ont-ils apprécié ? Jacques Bouveresse a-t-il apprécié ? Alan Sokal A-t-il apprécié ? La question mérite d’être posée.
Pour d’autres, comme Yann Kindo, blogueur Médiapart sur canapé devant télévision, (c’est lui même qui le dit), c’est l’occasion, une fois de plus, de tout mélanger, en toute mauvaise foi. (Mais il y prend un certain plaisir onaniste). Et on comprend bien pourquoi. Marc Lipinski a pour gros défaut d’être membre d’EELV et a créé les Partenariats institutions – citoyens pour la recherche et l’innovation (Picri). Un « genre de démagogie » insupportable pour Kindo car, nous dit-il, « Comment imaginer qu’un spécialiste et un non spécialiste, puissent être sur un ‘’ pied d’égalité’’ dans une recherche scientifique ? ».
J’ai failli m’inquiéter. D’où venait cette prétention, cette arrogance ? D’une tête trop bien remplie et qui déborde ? J’ai voulu chercher un peu et vérifier en me rendant sur le blog de notre donneur de leçons, au titre signifiant : « La faucille et le labo ». Et j’ai tout compris. Ce n’est pas un trop-plein qui déborde. C’est une pensée qui fusionne et échappe. On y trouve donc souvent le pire. Un jour, une diatribe contre une gauche « aux conceptions préscientifiques », une « gauche antiscience », un autre, plein d’autres, contre « la bêtise infinie… des opposants aux OGM », mais aussi « sur les âneries des anti OGM du Criigen ».
La présidente d’honneur de ce comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique étant Corinne Lepage, ancienne ministre de l’environnement, avocate, députée européenne, je ne sais comment qualifier les propos de Yann Kindo. Comme il m’a volé « ânerie », j’hésite à utiliser « niaiserie » qui est plus faible. Mais qui suffira, car notre ami de la faucille n’est pas toujours aussi marteau. Il lui arrive d’être parfois un peu lisible sur d’autres sujets.