Trois chaises en plastique, une table, un achtag « je reviens » élevé en relief sur un bout de plage orientale. S’eût pu être un jeu d’enfant, une photo de vacances, c’est le testament d’Abu Mohamed Amr, artiste palestinien d’une vingtaine d’années, mort au côté de seize de ses compatriotes lors d’une marche pacifique déambulant entre l’horreur et le souvenir d'une terre natale. Le pacifisme rompt une fois de plus à l'oracle des armes israéliennes, ils a atteint le seuil létal.

Yasser Murtaja, 30 ans, créateur d’Ain média, petite agence indépendante s’éteint au côté de six de ses compatriotes, la breloque épinglé sur le veston. Ca n’est pas la légion d’honneur, c’est une carte de presse brandie dans le ciel. Les symboles démocratiques varient selon les tropiques, sur les rives du Jourdain, le vaisseau journalistique a des avaries dans la coque. Tsahal ne badine pas avec le feu, la carte n’est pas le territoire, le journalisme gazzaoui a vocation à informer les cadavres, son art, à embellir les cimetières.
La démocratie et ses poncifs est le narratif d’un autre monde, par ici chaque idée a son équivalent d’hémoglobine, nul plus que l’enfance palestinienne est désorbitée. C’est une enfance adultère, une enfance adulte, les vessies sont des lanternes, les ludothèques cèdent aux lits d’hôpitaux. Le sang se fait idiosyncrasie, il imprègne les cauchemars la nuit comme les gribouillages des enfants, les ONG sont à cours de stock, vite !
De la gouache rouge.