"L'AUTRE EUROPE" PRECONISEE PAR JLM N'AURA PAS LIEU !
C'est écrit. Le texte "Maintenant le Peuple" appelle naïvement à la création d'un mouvement populaire, défendant les conquêtes sociales de nos grands parents. Comme écrit Domi : "on n'élit pas une assemblée (européenne), qui n'a aucun pouvoir, et qui n'est là que pour semer des illusions". Machine à désorienter les consciences et les coeurs, tel est bien pourtant l'objectif de la liste "Maintenant le Peuple", signé par JLM et Iglesias, visant à "mettre la main à l'ouvrage pour construire un nouveau projet d'organisation pour l'Europe"(sic). En clair, les insoumis, Podemos et le blaucos portugais voudraient construire une "autre Europe". Réhabilitant une vieille rhétorique trouée à force d'avoir servi dans les discours de congrès social-democrate. "Autre europe" qui n'a jamais existé "pour de vrai", comme disent les enfants, même sous la forme d'un combat minoritaire, ayant certes échoué, mais cependant bien réel. On est dans le pur registre du discours, rideau de fumée coupé de la sombre réalité sociale, que ces palabres cherchent vainement à nier. En effet, les socio-démocrates, JOSPIN, BLAIR et SCHROEDER, pourtant majoritaires au sein de l'Union, une fois au pouvoir, n'ont jamais voulu se battre concrètement pour faire advenir une Europe sociale démocrate, respectueuse des droits sociaux de chaque salarié de l'Union, résultat de longues luttes.
Deux ouvrages montrent de façon étayée la triste capitulation de cette "autre Europe". D'abord, il s'agit du livre rédigé par François Denord et Antoine Schwartz intitulé : "L'Europe sociale n'a pas eu lieu", édition Raison d'agir, 2015. Puis de l'ouvrage de Robert Salais : "le viol d'Europe, enquête sur la disparition d'une idée", édition PUF, 2015. Ces deux livres eurocritiques montrent combien l'idéal européen, comme "idéal progressiste" ne s'est jamais concrétisé. Idée reprise aussi dans le livre de Jacques Généreux, européiste bien connu : "Manuel critique du parfait européen : les bonnes raisons de dire non à la Constitution, édition du Seuil, 2005.
Voilà pourquoi le texte "Maintenant l'Europe" ratifié par Mélenchon sort du chapeau une Europe de contes de fées, dans laquelle il serait possible de "négocier" et de "désobeir". Qui n'a aucune chance d'exister dans l'Europe de la dictature molle de Merkel, un "fascisme mou" écrit fort justement le juriste Laurent de Sutter.
Le texte "Maintenant le Peuple" invente, pour les besoins ( électoraux) de la cause (avoir un maximum d'élus FI au parlement européen), une Europe démocratique qui n'existe plus. En effet, l'acte unique européen du 17 février 1986 établit LA DOMINATION ALLEMANDE SUR L'EUROPE. Déjà le traité de Rome de 1957 scellait la victoire des "libéraux allemands" contre le "romantisme social francais". Pierre Mendes-France avait refusé, non sans raison, de ratifier le Traité de Rome, y voyant une nouvelle dictature déguisée. Mais entre 1960 et 1986, il ne se passe rien : un simple Directeur du Trésor peut mettre à la poubelle une directive de la CEE. Avec le vote de l'acte unique européen, le modèle libéral allemand s'impose hélas à toute l'union Européenne.
A rebours des fables portant au pinacle les "pères fondateurs", l'ouvrage "L'Europe sociale n'aura pas lieu" montre que le caractère à la fois intrinsèquement libéral et faiblement démocratique de l'Union européenne ne constitue pas une déviation : mais bel et bien un aboutissement du projet initial. Comment voulez-vous qu'en 2019, du simple fait d'une poignée d'élus LFI au Parlement européen, donc une poignée d'opposants, "l'Europe sociale" qui n'a jamais existé, y compris lorsque les dirigeants socio-démocrates étaient majoritaires dans l'Union (fin des années 90 avec JOSPIN, BLAIR et SCHOEDER), surgisse tout à coup dans la lumière...??? Ce texte "Maintenant le Peuple" est du pur foutage de gueule, n'en doutez pas...!
ON NE DISCUTE PAS AVEC AL CAPONE. On ne négocie pas à froid avec Junker, Schauble et Merkel, sauf à prendre les campanules pour les fleurs de la passion aurait dit ARAGON. IL FAUT CONSTRUIRE UN RAPPORT DE FORCES. Seule la menace bien réelle du plan B de sortir de la zone euro, en cas d'échec aux négociations avec Bruxelles est de nature à être écouté et entendu sérieusement par la troïka bruxelloise.
Il n'y a pas besoin de s'appeler Madame Soleil, pour savoir que la liste "Maintenant le Peuple" conduite notamment par la FI va se prendre une tôle de première au scrutin européen de 2019. Avec une abstention massive venue d'une part, d'un peuple français de plus en plus eurosceptique en général, comme avait pu le constater Jean Lassalle au cours de son tour de France à pieds. Une abstention massive issue également d'un électorat de la FI attaché au plan B de sortie de la zone euro en cas d'échec des négociations avec Bruxelles. Et qui ne retrouve pas ses billes avec cette "autre Europe" de carton pâte, qui, primat de l'ordolibéralisme oblige, n'a aucune chance de voir le jour....!