Anne-Sophie Mercier (du Canard enchainé) nous livre un portrait drôlissime, éblouissant de Patrick Buisson : celui qu"elle présente comme "l'ex-conseiller de l'ombre de Sarkosy, l'ayant enregistré à son insu" : histoire de bien planter le personnage : nous faire comprendre d'emblée qu'il sent le souffre à plein nez, l"odeur du bucher de l'infamie et l'hérésie. Non mais : au XVIIème siècle, le philosophe controversé SPINOZA a failli passer dans les flammes pour beaucoup moins que ça...!
L'homme est cultivé : 460 pages remplies de citations de : Fritz Lang, Leon Bloy, Simenon, Orwell, Labiche, Ionesco, Vialatte, Mitterand, sans oublier les citations latines, -amor patriae, libido dominandi, ...Et les mots rares : ainsi, Sarkosy se fait traiter de BELÎTRE (= "homme de rien"), un mot à retenir absolument la prochaine fois qu'on jouera au scrabble, pour cette association de consonnes et de voyelles originale...! On le voit : Buisson n'est pas un conseiller de "com" : avec 50 mots de vocabulaire, comme 90% des responsables politiques du moment : il a une culture littéraire classique, voire latine, qui le sort de la médiocrité actuelle. Avec une telle formation un peu "vieille France", on ne s'attend pas à le voir jouer un rôle de tout premier plan, dans cette France 2010-2016, où les gamins sont rigoureusement sélectionnés, non pas pour leur savoir humaniste critique : mais pour avoir biberonné au libéralisme depuis qu'ils étaient dans le ventre de leur mère. Et leur incapacité quasi absolue à avoir un peu de jugeote personnelle. On doit l'admettre : un bon point pour lui... !
Maintenant, venons en aux vrais reproches : l'homme aime l'argent passionnément. C'est ce qui se disait dans l'entourage de JM Le Pen, que Buisson a longtemps fréquenté : "un homme qui pense d'abord à l'argent" nous dit l'article. Notre conseiller préféré n'a-t-il pas facturé 3 millions d'honoraires à l'Elysee, pour l'ensemble du quinquennat... ??? Tandis que l'imprimeur, Gilbert Carron, raconte dans "Le Monde", lui avoir reversé la bagatelle de 600 000 euros, pour le remercier d'avoir eu le contrat d'imprimerie, pour les affiches de Sarkosy en 2007 et 2012.
Et Anne-Sophie de conclure : "Buisson n'a guère la reconnaissance du ventre : il raconte à quel point Sarko l'a déçu : musclé en paroles, mais prompt au recul à la moindre résistance, sentimentalement fragile, obnubilé par la com" (sic). Face à ce désastre humain, Buisson n'a pas hésité à sacrifier ses journées, choisi de rester à l'Elysée, uniquement dans l'espoir, -purement intellectuel et souci désintéressé-, de faire entrer Nico 1er dans l'Histoire majuscule. Et dire que les gratte petits pourris racontent des saletés sur le compte de ce trop brillant conseiller : le monde est mauvais, ma Bonne Dame...!
Surtout que notre grand penseur de la Droite extrême a plagié un professeur de droit de Paris II, Jean-Louis Harouel. Recrachant, dans une interview du Fig Mag, des pans entiers du livre du juriste. Sans jamais prendre la peine de s'excuser... !
On le voit : Buisson est aussi un plagieur. Soit. Mais, en cela, en quoi se différencie-t-il de Guaino, repompant longuement Jacques Généreux, son ouvrage "Nous, on peut !", chapitre : "L'origine de la crise de la zone euro : la crise privée changée en crise publique", pour le discours de Sarko à Toulon de novembre 2011...? Ou de Minc, plagiant 17 parties du livre de Pascale Froment sur René Bousquet : au passage, je vous recommande l'excellent livre de P. Froment. Ou Attali, sur laquelle circulait la petite blague suivante : "pourquoi Attali travaille-t-il la nuit ? Réponse : "parce que l'électricité de la photocopie est moins chère !" Une blague qui d'ailleurs faisait d'ailleurs rigoler aux larmes Mitterand...!
Buisson ne mérite pas tout seul les foudres (au demeurant très bien écrites) d'Anne-Sophie : comme elles se ressemblent toutes ces "plumes" présidentielles, ultra friquées, ultra médiatisées, ultra à la remorque d'autres penseurs moins connus, mais solides, capables de produire du neuf dans leur domaine. Et que les médias laissent à leurs longues journées de travail solitaires, leurs crises d'angoisse devant la page blanche. Leur difficulté à se renouveler et à parvenir à l'excellence chaque matin...Très modestement, c'est ce que j'essaie de faire sur Facebook : j'en parle donc en toute connaissance de cause...!