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Billet de blog 2 janvier 2019

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D’après Emmanuel Macron, le capitalisme ultra libéral et financier court à sa perte…

Pour ceux qui n’ont pas eu le courage, ou le temps, ou encore la patience de l’écouter, voici les mots exacts prononcés le 31 décembre lors de ses vœux adressés à la Nation : « Le capitalisme ultra libéral et financier, trop souvent guidé par le court terme et l’avidité de quelques-uns, va vers sa fin. Faut-il, pour autant s’en désespérer ? ». Du très lourd !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le verdict a le mérite d’être clair.

Pour ceux qui n’ont pas eu le courage, ou le temps, ou encore la patience de l’écouter, voici les mots exacts prononcés le 31 décembre lors de ses vœux adressés à la Nation : « Le capitalisme ultra libéral et financier, trop souvent guidé par le court terme et l’avidité de quelques-uns, va vers sa fin. Faut-il, pour autant s’en désespérer ? ».

Non ? Vraiment ?

Le diagnostic est sans appel, l’échéance n’est pas encore connue, mais le monde moderne est confronté à une de ses pires crises, la fin est proche, l’agonie a commencé, les spasmes sont là.

Tout cela à cause d’une poignée de déglingos incontrôlables en cols blancs, avides de pognon, qui roulent en Bentley, la bave aux lèvres, à la recherche d’un (bon) coup facile.

Ils souffrent tous d’une addiction au pognon, des malades. Des obsédés. Je me disais aussi…

Eh ! déconne pas Manu / va pas de t’tailler les veines.

Comme toujours dans les discours de Macron, il faut lire et relire pour être certain de ne pas faire un contresens, les mots ont leur importance, la phrase est savamment rythmée, ordonnancée, le hasard n’a pas de place.

Il n’y va pas avec le dos de la cuillère, Manu, ça « claque », ça « pète ». Sans être pédant ni prétentieux, une analyse sémantique rigoureuse s’impose, car quand le président de la République parle aux Français, il s’adresse d’abord à leur intelligence, y compris pour les gilets jaunes et la France Insoumise :

 « Le capitalisme ultra libéral et financier… »

C’est du très lourd !

Un chef-d’œuvre !

Eh ! déconne pas Manu / C’t’à moi qu’’tu fais d’la peine.

C'est vrai, il me fait peur, Manu.

Il aurait pu, tout aussi bien, n’utiliser que le mot capitalisme, nous aurions compris, sauf peut-être Madame Thatcher ; même Yvonne, ma voisine aurait compris, mais non, il va beaucoup plus loin en ajoutant cette notion quasi redondante en apparence, en apparence seulement, bande d’abrutis, « ultra libéral » …

Marx a pris un coup de vieux ; déjà que…

Je ne me suis pas senti visé personnellement, mais c’est vrai que parmi les abonnés à Médiapart, j’en connais qui ne savent toujours pas faire la différence entre capitalisme, social-démocratie et libéralisme. Là, au moins, les choses sont claires, pas d’équivoque possible. Il ne parle pas d’une social-démocratie néolibérale par exemple, il aurait pu, mais non, ce qu’il dénonce avec courage c’est bien le capitalisme fou.

Je me sens plus intelligent.

Plus confiant aussi, c'est cela que j'attendais.

Ah ! quel homme !

Le président fait preuve d’un sens aigu de la pédagogie, il ne ménage ni ses effets ni ses efforts, au cas où, pauvres de nous, nous serions complètement passés à côté, il ajoute une notion supplémentaire et néanmoins définitive « …et financier ».

« Et financier ».

Fin du match.

Dégagez, circulez, plus rien à voir.

Il n’a pas commis l’erreur fatale de grossir le trait par une formule alambiquée qu’on peut lire, ici ou là, à partir de la notion toujours en peu floue, il est vrai, celle du « néolibéralisme », un mot fourre-tout que l’on met à toutes les sauces : « Le capitalisme ultra néolibéral et financier, trop souvent guidé par le court terme et l’avidité de quelques-uns, va vers sa fin. ». La phrase aurait perdu de sa force, c’est certain.

Il a bien fait, la sobriété renforce la démonstration alors que l’exagération aurait pu l’affaiblir dangereusement.

Le sens politique est limpide, simple, et, j’ose le dire, ÉVIDENT : tel le gardien du temple, Manu est là pour veiller au grain, à ses yeux tout ce qui est excessif est insignifiant, grâce à lui nous n’aurons pas à subir les affres de ce « capitalisme ultra libéral et financier », une chance pour nous autres Français, les Nord-Américains, les Brésiliens et toute l’Europe de l’Est sont en train de plonger, têtes baissées, dans l’horreur, je ne voudrais pas être à leur place. Cela étant, ils l’ont bien cherché, ces cons.

Alors que nous…

On comprend mieux sa conclusion « Faut-il, pour autant s’en désespérer ? »

Mais non, évidemment non ! Il ne faut surtout pas désespérer, comment faut-il vous le dire ? Nous n’avons rien à craindre, Il est là, à nos côtés, pour nous protéger. Même contre nous, c’est dire si cet homme est vertueux.

Et sincère.

Comme le disait le très regretté Pierre Desproges, mon pote, « Nous n’avons plus de grand homme, mais des petits qui grenouillent et sautillent de droite et de gauche avec une sérénité dans l’incompétence qui force le respect ».

Ah ! mon Pierrot, si tu savais à quel point tu nous manques !

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