Bruno Painvin (avatar)

Bruno Painvin

Nouvelliste et spectateur engagé.

Abonné·e de Mediapart

865 Billets

2 Éditions

Billet de blog 26 juillet 2014

Bruno Painvin (avatar)

Bruno Painvin

Nouvelliste et spectateur engagé.

Abonné·e de Mediapart

Non lieu général dans l'affaire de la vache folle mais rien contre la connerie humaine.

Bruno Painvin (avatar)

Bruno Painvin

Nouvelliste et spectateur engagé.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

2 400 000 vaches exterminées en Grande Bretagne, pays d'où est parti la maladie, presque autant dans le reste du monde ; la maladie se transmet à l'homme, les chiffres ne sont pas publiés mais on dénombrerait 250 morts. Au minimum.

A l'origine de ce désastre, la sacro-sainte notion de rentabilité économique : la farine d'os et de viande, très riche en protéines, permettrait, pensait-on, d’accélérer la croissance des bovins et de diminuer drastiquement les coûts d'élevage. Double jackpot.

A l'origine de ce désastre le fric !

Encore et toujours !

Des vétérinaires, des biologistes et des scientifiques ont élaboré ce projet absolument fou, dramatiquement fou, dans des laboratoires ultra modernes, du dernier cri, c'est le cas de le dire. Des faiseurs de miracles ! des sorciers !

Ces cerveaux hyper diplômés, très chèrement rémunérés, ont oublié un tout petit détail : les bovins sont herbivores, cette caractéristique alimentaire se complète d'une barrière génétique naturelle qui est censée les protéger des maladies qu'on retrouve parfois chez les omnivores, les carnivores et chez les hommes...

Ces cerveaux malades ont donc donné à manger du mouton en farine aux vaches, du mouton lyophilisé...la barrière génétique qui les protégeait est renversée, la porte est grande ouverte, l'épizootie va se répandre partout dans le monde, des millions de bêtes vont d'abord se mettre à trembler, incapables de se tenir debout, avant d'être exterminées.

Les images de ces vaches atteintes du syndrome de l'encéphalopathie spongiforme bovine, l'ESB, sont insoutenables, ces pauvres bêtes, prisonnières et victimes de la folie humaine, ont du souffrir...abominablement. 

Dix sept ans après l'ouverture du dossier de la vache folle les juges viennent de rendre leur verdict : un non lieu général.

Pas de coupable, pas de responsable.

Restent ces images, restent ces exterminations massives, reste la folie humaine.

Les vaches ne vont pas se pourvoir en cassation, rien à craindre de ce côté là. L'homme fait sa petite cuisine, sordide et morbide, à l'abris des regards indiscrets et des consciences exigeantes, ou qui devraient l'être ; il se juge, il se discrédite mais il s’absout de tous ses crimes, veaux, vaches, cochons, chevaux...baleines, requins, rhinocéros, éléphants aussi...

Souvenons-nous de la crise des subprimes née de l’effondrement des marges de l'activité "crédit" des banques à cause de taux d'emprunt extrêmement bas à l'époque : pour y remédier on a refilé des crédits toxiques à des gens qui n'en n'avaient pas les moyens en leur faisant croire qu'ils pouvaient s'offrir des villas de luxe un peu partout dans le monde, d'abord aux USA, grâce au subtil mécanisme des taux progressifs en pariant sur leur capacité d'endettement, "aujourd'hui vous êtes pauvres, demain vous serez riches, nous allons adapter votre crédit à votre situation, faites-nous confiance, la personnalisation on connait, c'est notre métier !" : la première mensualité de remboursement est de 100, les dernières sont à 10 000...

Après inoculation du virus, après incubation, la maladie s'est vite propagée, les contractants sont devenus encore plus pauvres, ravagés, dévastés, poursuivis, chassés, à la rue...femme, enfants, tout le monde dehors ! des parias, des damnés, des délinquants.

Les banquiers qui ont inventé cette saloperie savaient parfaitement ce qu'ils étaient en train de faire, c'est pourquoi ils se sont débarrassés immédiatement de ces créances par le biais d'un produit financier qu'on appelle la titrisation : ils ont "cédé" des portefeuilles entiers de "pauvres" à qui ils venaient de refiler leur poison. Ils savaient que la bombe exploserait, ils s'en sont débarrassés, le plus vite possible, en la revendant à d'autres "institutions financières", des compagnies d'assurance dans la plupart des cas, avec une petite marge au passage. Ils savaient aussi que le désastre serait d'une telle ampleur que les états seraient obligés d'intervenir pour les soutenir, à bout de bras, 5000 milliards de dollars dépensés pour renflouer nos comptes, too big to fail.

Vous connaissez la suite, la crise est pour nous, chômage, pouvoir d'achat en berne, salaires bloqués pour redresser les marges...les états se sont surendettés mais les profits sont revenus, les traders roulent à nouveau dans des Bentley rutilantes avec 1000 kilomètres aux compteurs, payées cash, sans crédit !

De la même façon j'ai lu un article il y a 2 ou 3 mois dans lequel on expliquait que des labos étaient en train de mettre au point de nouvelles farines animales hyper-protéinées à destination des bovins...quand c'est fini, ça recommence ! 

La connerie humaine n'a pas de limite, on n'a pas encore touché le fond...

Le mouton en farine est un poison pour les herbivores tout comme les taux progressifs sont toxiques pour des gens qui n'ont pas les moyens de s'offrir une villa de 500 m² à Beverly Hills.

Le libéralisme économique et son corollaire, la richesse à "tout prix", l’appât du gain, sont parfaitement criminels.

Le non lieu s'impose.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.