STOP AUX FOLIES MEURTRIÈRES AU CONGO BRAZZAVILLE
STOP À LA FRANÇAFRIQUE
Depuis le 4 avril 2016 la guerre civile s’est abattue sur le Congo Brazzaville. Le président-dictateur Denis Sassou-Nguesso, après avoir frauduleusement fait modifier la Constitution pour briguer un nouveau mandat, tente d’asseoir sa réélection scandaleuse par des massacres et une politique de terreur vis-à-vis de la population.
Cette situation est rendue possible par la complicité de l’Etat français, dont Sassou n’a eu de cesse d’être l’agent au titre de la Françafrique.
Quelques éléments clefs pour comprendre l’histoire récente :
Le Congo regroupe 4 millions d’habitants ayant pour langues officielles le français et le lingala.
Le Congo fût au 15ème siècle une colonie portuguaise, puis en 1831 l’explorateur français Pierre Savorgnan de Brazza se rend au Congo et donne son nom à celle qui est maintenant Brazzaville.
De nombreux congolais ont soutenu la France pendant les deux guerres mondiales. Pendant l’occupation et le gouvernement de Vichy, Brazzaville a été décrété par le Général De Gaulle « Capitale de la France Libre ». En 1946, suite à une conférence du général De Gaulle à Brazzaville, le Congo devient Territoire d’Outre Mer.
Le 15 août 1960 l’indépendance du Congo est proclamé et ouvre une période de coopération qui place les français à des postes importants dans le pays. L’exploitation pétrolière, pas des compagnies françaises, s’intensifie soit disant pour raviver le tissu économique congolais…
Aujourd’hui le Congo est le 4ème producteur mondial de pétrole, son sol est également riche en fer, en potasse, en or, en gaz et de bois. Ces matières premières font l’objet d’un pillage par des multinationales, au premier rang desquelles on retrouve Total, qui exploitent la population locale pour des salaires misérables et n’hésitent pas à recourir au travail des enfants. La France reste aujourd’hui le premier investisseur au Congo avec 573 M€ d’exportations…
Mais, malgré ses richesses naturelles…
- le Congo est classé au 137ème rang sur 187 pays, sur le plan du développement humain (PNUD),
- 42,3 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, (environs 1 habitant sur 2),
- Le salaire moyen est de 147€,
- L’espérance de vie moyenne est de 56 ans…
- Sur le plan politique, le pays arrive 146ème sur 168 à l’indice de perception de la corruption
Le président Denis Sassou Nguesso (DSN) dirige le pays depuis 32 ans.
Arrivé au pouvoir en 1979, après 13 ans de règne, il perd les élections de 1992 suite à l’ouverture au multipartisme sous la pression populaire.
La droite républicaine de Chirac qui organise le pillage des ressources au Congo grâce à la coopération de Sassou, l’aide à se hisser de nouveau à la tête de l’Etat en 1997 après une guerre civile sanglante.
La répression se prolonge dans le silence jusqu’en 2000, c’est l’époque de la diabolisation et de la manipulation de milices dites rebelles et déstabilisantes du pouvoir, les « ninjas » et les « cobras », qui ont permis à DSN d’asseoir son appareil répressif et de construire paradoxalement une image de faiseur de paix ! Cette assise bordée de sang, il l’obtient grâce au soutient financier de la Cie pétrolière ELF devenue TOTAL et du gouvernement français.
Le pillage des ressources congolaises est permis par une gestion très consanguine du pays, DSN ayant prit l’habitude de placer les membres de sa famille aux hautes fonctions du pays. Cette caste surnage ainsi dans l’opulence grâce à la rente outrancière issue de l’exploitation des richesses naturelles, contrastant avec la misère dans laquelle vit la majorité du peuple congolais.
Le fils de DSN, Denis Christel Sassou Nguesso, homme d’affaires et homme politique (député d’Oyo le fief familial au nord du pays), entre autre directeur adjoint général de la société nationale du pétrole et administrateur général de la raffinerie nationale Coraf, est l’exemple même de la stratégie menée par la famille Nguesso pour écraser le peuple. Il est par ailleurs concerné par l’affaire des Panamas papers, alors que la famille Nguesso était déjà accusée par l’affaire des biens mal-aquis…
Alors que la guerre civile qui l’a ramené au pouvoir a fait des ravages et a laissé de nombreux foyers sans eau et électricité (2 habitants sur 3) DSN ne voit pourtant pas mieux que lui pour gouverner ce pays…
Le 20 mars 2016 il repasse en force au premier tour des élections qu’il avait préparé avec soin, mettant le peuple « K-O » comme il l’avait promis.
Comment a t-il manigancé son K-O ?
- En octobre 2015, à 72 ans et après 32 ans de règne, il organise un référendum truqué qui lui permet de changer la constitution pour briguer un nouveau mandat : il fait sauter la limite du nombre de mandats cumulables ainsi que la limite d’âge des candidats qui était fixée à 70 ans. Le président français François Hollande s’est exprimé au sujet de ce référendum : « Le président Sassou peut consulter son peuple, ça fait partie de son droit, et le peuple doit répondre » ajoutant immédiatement : « Ensuite, une fois que le peuple aura été consulté, cela vaut d’ailleurs pour tous les chefs d’Etat de la planète, il faut toujours veiller à rassembler, et à respecter et à apaiser. » Cette déclaration intervient alors qu’au Congo, des manifestations ont lieu pour contester ce référendum, mais elles sont réprimées dans le sang faisant un bilan d’au moins 20 morts.
- Le 20 mars 2016, les élections se déroulent à huis clos. Mr DSN a fait couper toutes les communications, les observateurs internationaux sont aux abonnés absents. Dans ce silence, seule résonne la propagande des journaux complaisants : François Soudan, marié à la nièce de Denis Sassou Nguesso et rédacteur en chef de Jeune Afrique, publie de nombreux articles en faveur du président et va jusqu’à annoncer des résultats faux qui sont ceux sur lequel DSN s’appuie aujourd’hui. Pendant ce temps, la liberté de la presse est réprimée et deux journalistes du Monde se font agresser alors qu’ils sortaient d’une conférence tenue par un des opposants à DSN…
- Jean-Marie Michel Mokoko et Guy-Brice Parfait Kolélas, ses principaux opposants, sont assignés à résidence et reçoivent des menaces et arrestations…
- Une autre preuve du caractère antidémocratique des élections, est que l’état congolais n’a même pas jugé nécessaire de tenir compte des résultats de vote de la ville de Pointe-Noire, c’est comme si on ne prenait pas en compte les résultats des bureaux de vote de Marseille ou Lyon !
- DSN annonce une victoire à plus de 60 % des voix dès le 1er tour…
La situation actuelle – Insurrection civile et répression
Suite aux résultats frauduleux proclamés à l’issue des élections du 20 mars 2016, les opposants à DSN ont appelé à une insurrection civile dans le calme, mouvement suivi en grande partie dans le sud de Brazzaville. En réponse à cela, le gouvernement de DSN décide de recourir à la répression sanglante.
Aujourd’hui est entrain de se reproduire un schéma criminel que l’on connaît déjà et que l’on ne peut taire. Des crimes contre l’humain, la démocratie, la liberté d’expression sont commis au Congo-Brazzaville. Il nous faut ouvrir les yeux plus grands que jamais sur le fait que les congolais, et plus largement les populations des pays tenus par la Françafrique sont soumis au danger, à la peur et à la misère.
Pendant ce temps, et depuis 2 semaines, les forces armées de Sassou frappent sur les quartiers sud et dans le Pool, prétextant l’attaque de forces ennemies (les Ninjas) pour justifier l’utilisation de leurs armes contre le peuple et une riposte à bombes réelles. Ce scénario n’est pas nouveau, puisqu’il est celui qui avait permis à DSN de prendre le pouvoir à l’issue de la guerre mais aujourd’hui la farce ne prend pas.
La communication très difficile avec ces zones rend l’établissement d’un bilan de pertes humaines quasi impossible pour le moment, les photos des cadavres circulent sur les réseaux sociaux.
On soupçonne l’enlèvement de nombreux jeunes qui serviront de chaire à canons et la population des quartiers sud a fuit en masse ses habitations pour se réfugier dans le nord. Des familles entières ont abandonnés leurs maisons pour se retrouver à la rue…
Ne fermons pas les yeux sur ce génocide en cours !
Nous nous inquiétons et nous indignons d’une situation inacceptable, un génocide, auquel la France participe en silence. Nous nous inquiétons également pour la liberté d’expression et notamment celle des artistes congolais qui semble être mise à mal.
Nous appelons à ce que les dirigeants français aient la décence de s’exprimer face à ces crimes contre l’humanité et la démocratie, mais surtout que l’état français CESSE de jouer avec les marionnettes telles que DSN qu’il a placé. Que la France CESSE d’accueillir ces dictateurs en grandes pompes. Que soit enfin rendue la liberté à ceux qui ont le droit de vivre, car nous refusons que des êtres humains soient menacés pour des intérêts économiques et dans l’ignorance de tous.
Nous appelons les personnes venues de tous horizons et qui s’indignent face à toutes les situations semblables et à cette définition de la françafrique à nous rejoindre à travers ce texte et à réfléchir ensemble au combat à mener sur le long terme.
Vous pouvez nous contacter aux adresses kimpakaba@gmail.com et globetrotart@gmail.com
Les association Globe Trot’Art et Kimpa Kaba se sont rencontrées à Lyon en 2015 et trouvent aujourd’hui une dynamique commune dans la volonté de soutenir l’art et la création dans le monde et particulièrement au Congo Brazzaville où l’une participe à la création d’un centre chorégraphique, et l’autre à la création d’une école des métiers du théâtre. Leurs projets sont portés par le désir de relayer les mots des artistes et de la population par les arts et librement.
Nous vous invitons également à signer la pétition lancée par Jean-Paul Delore et Catherine Laval, Urgence Congo : le gouvernement doit sortir du silence : https://www.change.org/p/françois-hollande-urgence-congo-le-gouvernement-doit-sortir-du-silence
Le collectif Kimpa Kaba
Le projet Globe Trot’Art
Nicolas Guyot, artiste photographe