Diffusion sur la plate-forme Netflix (France) : Ex machina d'Alex Garland
Alors que Men, son troisième long métrage en tant que réalisateur est programmé actuellement au festival de Cannes dans la sélection de la Quinzaine des Réalisateurs, Ex machina, son premier long métrage témoignait déjà d'un sens de la méticulosité de sa mise en scène où les effets spéciaux sont au service de l'intrigue.

Le scénario original d'Alex Garland reprend le mythe prométhéen du Frankenstein de Mary Shelley où la créature plus qu'humaine échappe à la volonté de contrôle de ses créateurs. On retrouve dans la figure d'Ava, l'humanoïde féminin, la filiation avec le robot de Metropolis de Fritz Lang, film qui avait lancé la science-fiction sur les rails d'une réflexion philosophique ambitieuse. Ici, Alex Garland ose le paradoxe de comprimer la science-fiction dans un huis clos de quelques personnages enfermés dans une architecture high tech au milieu d'une nature désirée comme vierge de l'empreinte humaine. Dès lors, la création d'une intelligence artificielle comme prolongement de la volonté de contrôle optimal de l'homme sur la technique, se double également du discours profond du besoin de soumission d'un genre sur un autre. En effet, les femmes réduites à des tâches ingrates imposées par le patriarcat ont vu s'affranchir symboliquement de leurs conditions par des esclaves modernes, qu'il s'agisse de machines ou encore de femmes condamnées à ne pas pouvoir dépasser le plafond de verre de leur classe sociale en tant qu'employées de maison.
Ainsi, le film propose une brillante réflexion sur l'extension du masculinisme dans la modernité des nouvelles technologies où le fantasme de soumission se trouve au cœur du développement des intelligences artificielles comme d'ailleurs aussi par extension une nouvelle forme de soumission folle de l'énergie vitale de la nature.
Au-delà de ses effets spéciaux utilisés avec parcimonie, Alex Garland sait au mieux utiliser son huis clos dans la confrontation de ses personnages, notamment trois acteurs très convaincants, à commencer par un Oscar Isaac inquiétant et ambigu à souhait et une Alicia Vikander au registre de jeu subtilement décliné !
Ex machina
d'Alex Garland
Fiction
108 minutes. Royaume-Uni, 2015.
Couleur
Langue originale : anglais
Avec : Oscar Isaac (Nathan), Alicia Vikander (Ava), Domhnall Gleeson (Caleb), Corey Johnson (Jay, le pilote d'hélicoptère), Deborah Rosan (la manager), Evie Wray (la secrétaire), Sonoya Mizuno (Kyoko), Elina Alminas (Amber), Symara A. Templeman (Jasmine), Gana Bayarsaikhan (Jade), Tiffany Pisani (Katya)
Scénario : Glen Brunswick et Alex Garland
Montage : Mark Day
Musique : Geoff Barrow et Ben Salisbury
Images : Rob Hardy
Direction artistique : Denis Schnegg
Décors : Michelle Day
Costumes : Sammy Sheldon
Production : Andrew Macdonald et Allon Reich
Sociétés de production : DNA Films, Film4 Productions et Scott Rudin Productions
Société de distribution : Universal Pictures