L’au-delà dans une œuvre testamentaire cher à Brisseau
- 23 mars 2020
- Par Cédric Lépine
- Blog : Le blog de Cédric Lépine
"La Fille de nulle part" de Jean-Claude Brisseau © La Traverse
Cet avant-dernier long métrage figure comme une œuvre testamentaire du cinéaste salué d’ailleurs au festival de Locarno par le prix du meilleur film en compétition internationale en 2012. Jean-Claude Brisseau retrouve la liberté de création de ces premiers films indépendants avec une équipe réduite et un quasi huis clos d’un tournage presque exclusivement tourné dans son appartement parisien en caméra numérique. Le mysticisme athée est de retour, avec des présences fantastiques délibérées dans un rapport à la réalité quotidienne totalement décontextualisée de la réalité sociale comme si le personnage principal vivait reclus depuis des lustres dans un confinement qu’il s’est imposé en raison d’un deuil qu’il ne parvient pas à dépasser. La philosophie du professeur à la retraite interprété par Jean-Claude Brisseau en personne épouse pleinement les pensées du cinéaste lui-même en l’associant à ses références littéraires et cinématographiques. L’histoire de la rencontre est élémentaire et traverse là aussi toute la filmographie du cinéaste, faisant de la présence de ses personnages principaux l’enjeu même du développement du scénario. Le vieil homme et la jeune femme mystérieuse se confrontent l’un à l’autre dans des situations non naturelles certes, mais des situations improbables qui servent à porter le sujet du réalisateur scénariste, à savoir le besoin inhérent à l’être humain d’illusions pour avancer dans son cheminement et assumer ainsi de vivre. La démarche peut paraître par certains attraits assez ésotérique et pourtant il en découle un certain charme dans le souci de proposer un récit intimiste toujours étroitement autobiographique dans la présentation de ses problématiques. La fiction se pose alors comme un prétexte pour venir une fois de plus interroger le fantastique et touché l’insondable mystère de l’au-delà cher à Brisseau.
de Jean-Claude Brisseau
Avec : Virginie Legeay (Dora, Dorothé), Jean-Claude Brisseau (Michel Deviliers), Claude Morel (Denis, l'ami toubib), Lise Bellynck (Lise Villers, l'ancienne élève), Sébastien Bailly (le fou), Anne Berry (la mort), Emmanuel Noblet (son exécutant)
France – 2012.
Durée : 91 min
Sortie en salles (France) : 6 février 2013
Sortie France du DVD : 24 février 2020
Couleur
Langue : français.
Éditeur : La Traverse
Bonus :
Jean-Claude Brisseau, entretien avec Olivier Père
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