
Sortie du coffret DVD : Les Paysans ne sont pas à vendre de Philippe Haudiquet
Entre la paysannerie de Georges Rouquier de son film culte Farrebique (1946) et celle de Raymond Depardon et Christian Rouaud (Tous au Larzac, 2011), Philippe Haudiquet est le chaînon manquant incontournable. D'abord critique de cinéma lorsque débute la Nouvelle Vague, il collabore avec Bertrand Tavernier à la revue L'Étrave. Il a fait connaître le cinéma de l'Europe de l'Est à travers ses articles et ses livres. Il commence à faire ses premiers courts métrages en s'intéressant particulièrement à la paysannerie écrasée par une volonté monolithique et univoque des différents gouvernements sous les présidences de Pompidou et Giscard, et qui s'illustra concrètement dans la lutte du Larzac, que Philippe Haudiquet a longuement suivi en y tournant ses deux uniques longs métrages : Gardarem lo Larzac (1974) et Les Bâtisseurs/Larzac 75-77 (1978). Son cinéma allie la précision anthropologique et poétique à l'ouvrage chez Georges Rouquier et la réflexion politique de Christian Rouaud. Tous ses courts métrages pour l'essentiel dédiés à la paysannerie (à l'exception du documentaire biographique consacré à la figure historique et politique du scientifique Paul Langevin dans le film du même nom également présent dans ce coffret) n'auront de cesse d'approfondir la place d'une catégorie sociale que les politiques gouvernementales ont décidé cyniquement de faire disparaître au nom du profit mirobolant de quelques-uns. C'est ainsi que derrière l'opposition des paysans face à l'extension d'une base militaire, se déroule une opposition politique et économique, rappelant que tout au long du XXe siècle, la France, durablement marquée par des guerres qui ont dévasté une grande partie de l'humanité en quelques années, a choisi de développer sa puissance économique en tant que marchant d'armes dans le monde entier. Déjà les paysans du Larzac des années 1970 parlaient de la fortune de Dassault derrière les enjeux d'extension des zones militaires où des hommes imberbes jouent avec des officiers dépourvus de conscience politique à la guerre.
Tout en suivant les enjeux sur le Larzac, Philippe Haudiquet s'engage dans une nouvelle forme d'enrichissement à la culture occitane, géographie jusque-là quasiment inconnue du cinéma français. Son approche cinématographique est à la fois ethnologique dans le soin apporté à filmer les savoir-faire dans la lutte des paysans sur le Larzac comme dans leurs travaux quotidiens qui constituent aussi une véritable résistance comme en atteste ses films Les Bâtisseurs/Larzac 75-77 (1978), Sansa (1970) et Transhumance dans le Luberon (1970). Comme il se doit, dans l'un de ses derniers films coréalisé avec le cinéaste anthropologue Jean Arlaud, Philippe Haudiquet rend un vibrant hommage à son père tutélaire en cinéma avec le film Georges Rouquier ou la belle ouvrage (1993).

Les Paysans ne sont pas à vendre
13 films de Philippe Haudiquet
Disque 1 :
Gardarem lo Larzac (1974)
Villages du Larzac (1973)
Réponses à un attentat (1975)
Disque 2 :
Les Bâtisseurs/Larzac 75-77 (1978)
Sansa (1970)
Transhumance dans le Luberon (1970)
Disque 3 :
Moulins du Nord (1971)
Crépuscule (1973)
Les Halles (1973)
Bibi (1976)
Alphabétisation en Haïti (1976)
Disque 4 :
Paul Langevin (1985)
Georges Rouquier ou la belle ouvrage (1993)
Durée totale du coffret : 7h 50 min
Sortie France du coffret DVD : 3 juillet 2018
Couleur et Noir & Blanc
Langue : français - Sous-titres : anglais, français.
Éditeur : Les Documents cinématographiques
Bonus :
Livret de 72 pages