Sortie Blu-ray : Mourir peut attendre de Cary Joji Fukunaga
Pour ce 25e épisode des aventures cinématographiques de James Bond, un cycle se termine et plus particulièrement celui des films interprétés par Daniel Craig. Dans les épisodes précédents, l’agent britannique avait passé par toutes les étapes de sa propre mythologie, renouant avec les éléments fétichistes bondiens tout en les faisant renaître comme si les épisodes précédents n’avaient pas existé. Cette volonté d’isoler les épisodes autour d’un nouvel acteur interprétant James Bond était audacieux et novateur en termes scénaristiques et permettait ainsi de donner un nouveau souffle à la saga.

Cary Joji Fukunaga (Sin nombre, 2009) arrive à la tête de cette nouvelle réalisation après l’exclusion du réalisateur de Trainspotting Danny Boyle officiellement pour « désaccords artistiques ». Cette arrivée sur un projet déjà bien avancé dans son écriture n’est pas la situation la plus idéale pour un réalisateur qui se retrouve qui plus est propulsé pour la première fois à la tête de la production d’un blockbuster qui le dépasse totalement. Contrairement aux réalisations précédentes, Cary Joji Fukunaga est contraint de suivre un programme préétabli dès le début du cycle Daniel Craig sur la fin de son personnage.
Mourir peut attendre est ainsi l’épisode qui vient clore une époque mais sans volonté de faire un épisode qui serait une apothéose. Pourtant, ici et là apparaissent des séquences fascinantes de cascades traditionnelles très inventives collant parfaitement à la mythologie bondienne. James Bond se voit invité à vivre une nouvelle expérience d’homme plus ancré dans la société quotidienne notamment avec l’apparition d’une potentielle famille. Cependant, le grand défaut du film est l’alchimie qui n’opère aucunement entre son personnage et celui de son amoureuse Madeleine. Avec son nom proustien, il y avait matière à faire renaître toute la mémoire des amours perdus de Bond, mais à aucun moment l’amour n’est crédible entre eux même si chaque acteur joue sa partition avec une réelle implication.
Par ailleurs, du côté de la grande menace mondiale incarnée par le grand méchant de service, Rami Malek est également très convaincant mais n’a droit qu’à de rares apparitions qui ne permettent pas de comprendre les motivations de son personnage qui veut éradiquer une grande partie de la population sur terre. Alors que le film se perd dans de longues explications inutiles aux dialogues alambiqués pour imposer la gravité de la situation, davantage de séquences avec Lyutsifer Safin auraient permis de rendre plus explicite son personnage et les enjeux du film. James Bond se perd rapidement d’une scène à l’autre et n’avance que dans une incarnation toujours plus massive et hiératique, à l’exception d’un regard tendre lors de ses retrouvailles avec Madeleine dans un long couloir.
De même, la tentative de faire apparaître des personnages féminins comme des homologues de James Bond, qu’il s’agisse de Nomi comme de Paloma à Cuba, est une excellente idée pour contrebalancer le machisme tout puissant de l’homme d’action mais malheureusement ces deux personnages sont très vite effacés à l’instar de Miss Moneypenny reléguée à de la figuration en tant que secrétaire soumise.
Mourir peut attendre
No Time to Die
de Cary Joji Fukunaga
Avec : Daniel Craig (James Bond / Agent 007 retraité), Rami Malek (Lyutsifer Safin), Léa Seydoux (Dr Madeleine Swann), Lashana Lynch (Nomi / Agent 007), Ralph Fiennes (M), Christoph Waltz (Ernst Stavro Blofeld), Ben Whishaw (Q), Naomie Harris (Miss Moneypenny), Jeffrey Wright (Felix Leiter), Billy Magnussen (Logan Ash), Ana de Armas (Paloma), David Dencik (Valdo Obruchev), Rory Kinnear (Bill Tanner), Dali Benssalah (Primo / Cyclope), Priyanga Burford (Dr Symes), Brigitte Millar (Dr Vogel), Lisa-Dorah Sonnet (Mathilde), Coline Defaud (Madeleine Swann, enfant), Mathilde Bourbin (la mère de Madeleine)
Royaume-Uni, USA, 2021.
Durée : 163 min
Sortie en salles (France) : 6 octobre 2021
Sortie France du Blu-ray : 16 février 2022
Format : 2,39 – Couleur
Éditeur : MGM / United Artists
Distributeur : Universal Pictures Vidéo France SAS
Bonus :
Anatomie d’une scène : Matera
Les scènes d’action
Bond autour du monde
Le style Bond
