Vous avez une chance sur dix millions de vous faire voler les plombs ErDF de votre appartement par un squatteur enragé ! Et pourtant, c'est bien ce qui a du se produire chez nous, tant nous n'osons imaginer que l'anecdote d'aujourd'hui, faisant tristement écho à celle de jeudi dernier, puisse être le résultat d'un acte délibéré.
Aujourd'hui donc, j'ai quitté notre appartement à 14h13. Je peux adopter ce degré de précision, car grâce à la magie de la fée électricité, j'ai regardé l'heure affichée sur le radio réveil au moment de mon départ. A mon retour à 16h45, je m'étonne cependant de ne pouvoir allumer la lumière, et constate rapidement que nous sommes à nouveau privés de courant.
Ne pouvant envisager que la foudre tombe deux fois de suite au même endroit à seulement trois jours d'intervalle, j'imagine d'abord une panne provenant de nos appareils : après tout, ce week-end nous avons allumé les radiateurs électriques pour la première fois. Leur mise en route a peut-être fait disjoncté l'installation.
Je vérifie, comme pour exorciser cette éventualité, que je n'ai manqué aucun papier froissé sur ma porte ou à proximité. Quant au coffret de branchement individuel, il n'a pas l'air d'avoir été forcé et rien n'indique le passage d'un technicien.
Mais aucune de mes tentatives pour rétablir le courant n'aboutira. A la lumière de mon iphone 4, je viens pourtant de passer un quart d'heure dans l'armoire électrique, à déplacer un par un chacun des interrupteurs, sans obtenir le moindre frémissement indiquant la mise sous tension du moindre appareil.
Je me résigne donc à appeler à l'aide, d'autant que l'heure d'aller chercher ma fille chez la nounou approche. Nous contactons immédiatement EDF qui ne peut cette fois s'expliquer la panne : selon ses écrans, nous disposons bien d'un contrat valable et d'une fourniture d’électricité. Aucune intervention chez nous n'a été demandée à ErDF, et d'ailleurs, d'après le technicien ErDF que nous aurons en ligne après une longue attente, notre compteur est bien relié. Mais puisque nous ne parvenons pas à rétablir le courant, il viendra dans la soirée vérifier l'installation.
Branle-bas de combat, réorganisation expresse de la vie familiale : untel doit rentrer plus tôt du boulot et aller chercher bébé, à l'autre de rester à la maison pour accueillir le technicien. Tant qu'il fait encore jour, retrouver les bougies et les allumettes, prévenir les amis et parents en cas de besoin d'hébergement inopiné.
Et les heures commencent à passer, la lumière de décliner. C'est le début d'une soirée romantique à la bougie, avec bébé qui ne prendra pas de bain ce soir (pas de lumière ni d'eau chaude dans la salle de bain), qui boira son lait froid (et pourquoi pas, après tout ?).
A 20h30, le technicien tant attendu se présente enfin chez nous. Il regarde rapidement notre armoire et fait le même constat que le mien : rien n'est disjoncté. Il se dirige alors vers le coffret de branchement individuel, l'ouvre et commente : il n'y a pas de plombs, ça ne peut pas fonctionner. Pendant qu'il fouille dans ses affaires à la recherche des dits plombs, je l'interroge : comment est-il possible qu'il n'y ait pas de plombs, puisqu'ils ont été remis en place jeudi après-midi à la suite d'un épisode assez surréaliste avec ErDF ? C'est qu'ils ont été enlevés ! C'est donc qu'EDF a du en donner l'ordre à ErDF ! Tandis que le technicien remet les plombs avec un petit sourire dénonçant une situation familière pour lui, je m'étonne encore de l'absence de la moindre information, ni avant la coupure, ni sur les lieux. Le technicien m'explique que ça se passe comme ça quand il s'agit d'un logement vide. Pourtant, dans mon immeuble, il y a toujours une gardienne qui connait mon nom, ainsi qu'un tableau récapitulant pour chaque appartement, le nom de l'occupant et le numéro de la boîte aux lettres correspondant.
Mais comme je ne peux toujours pas imaginer que la négligence dont avait preuve ErDF à notre égard la semaine dernière se soit aujourd'hui muée en malveillance pure et simple, comme je ne peux pas concevoir que l'on m'en veuille d'avoir tenter de médiatiser, sans grand succès par ailleurs, l'incident de jeudi, au point d'en venir à des représailles, je ne peux que présumer que j'ai été la victime, par pure coïncidence, d'un squatteur du quartier qui aura eu besoin de voler les plombs d'une famille honnête pour se fournir sans titre en électricité. Il aura certainement réussi à deviner les deux digicodes nécessaires pour arriver dans l'immeuble, et là, c'est par hasard qu'il aura choisi notre étage parmi cinq, et notre coffret de branchement parmi les quatre du palier. C'est vraiment pas de chance, j'avais une chance sur dix millions qu'il prenne mes plombs.