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Billet de blog 13 juin 2011

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Ça sent le gaz !

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Ça sent le gaz !

Arroseurs arrosés ! Sarkozy et Fillon se sont fait rappeler à l'ordre par la Commission européenne. Celle-ci rendait mardi ses instructions pour les budgets 2012 des Etats membres. Eh oui! Depuis Janvier 2011, le "Semestre européen" permet à la Commission, non élue, de décider de l'orientation des budgets nationaux que les gouvernements, élus, eux, lui proposent désormais docilement chaque année en Avril. Et la piétaille démocratique a plutôt intérêt à traduire "en mesures concrètes" les "recommandations" de la Commission et du Conseil européen qui les examine et décide de les valider ou non. Sinon la Commission procède automatiquement à des sanctions. Oui, des sanctions ! Et pas de plus légères ! Jusqu'à 0,5 % du PIB national. Logique : vous manquez d’argent donc pour vous aider à en trouver on vous en prend un bon paquet ! Qui peut s’y opposer ? Personne. Car le Conseil européen ne pourra les rejeter que s'il le décide à la majorité de ses membres. Si personne ne dit rien, hop, c’est fait. Et quant à trouver une telle majorité, autant

rêver dans ce panier de crabes libéraux ! Cette petite merveille démocratique s'appelle la "majorité inversée".

Tout cela, le gouvernement Sarkozy l'a fait voter en Octobre 2010 sans demander son avis au peuple. Il est donc coupable de la mise sous tutelle de la politique française. Il est aussi complice des mesures drastiques que la Commission impose la main dans la main avec le Conseil européen. Le verdict de la Commission sur le budget proposé par le gouvernement est sans appel: trop optimiste sur la réduction de son déficit et de la dette, pas assez précis dans ses mesures, et sa réforme constitutionnelle est entourée de trop d'"incertitude politique". Le gouvernement a maintenant beau jeu de dire qu'il doit se plier aux « instructions de la Commission ». Que dit cette bienfaitrice ?

La Commission européenne veut que la France approfondisse la "réforme" du système des retraites de 2010. Ca commence fort ! Le prétexte? Ce système "deviendra vraisemblablement déficitaire". Cela signifie que personne à la Commission ne sait que la dernière réforme a sauvé le système ? Donc, personne ne croit Sarkozy ? Dans cette enceinte non plus ? Elle veut aussi que la France modifie sa législation sur la protection de l'emploi qui "reste trop stricte". Chère « Europe qui nous protège »! Mieux vaut bien connaitre ce qui est demandé pour comprendre l’ampleur de ce qui est demandé. La commission dénonce en effet les dispositifs

d’indemnisation et de limitation des licenciements, notamment les licenciements des employés en CDI et les "lourdes obligations de reclassement qui s'appliquent aux licenciements collectifs de masse". On peine à le croire, mais c’est bien le texte d’injonctions qui a été adressé à notre pays.

Le système fiscal de la France est aussi jugé peu efficace. Nous aussi on le pense. Mais pour des raisons diamétralement inverse. La Commission demande donc la baisse des impôts et, quelle surprise, des charges sociales. Elle demande, l'augmentation des taxes sur la consommation, c'est-à-dire de la TVA. Elle pousse l’inquisition jusqu'à demander une liste précise des exonérations fiscales que le gouvernement compte supprimer. C’est une demande à vocation d’intimidation. Car, bien sûr, cette liste est déjà disponible dans les documents budgétaires publics de la France. Pour finir et ce n’est pas le moins pour tout le monde, la France devra "prendre des mesures supplémentaires pour supprimer les restrictions injustifiées dans les secteurs et professions réglementés, notamment dans le secteur des services et du commerce de détail". Un petit tour au Conseil européen dans deux semaines et le tour sera joué. Pas une seule fois le peuple n'aura été consulté. Telle est la dérive autoritaire de

l’Union européenne dorénavant profondément engagée.

Pour ce qui est des peuples, en Europe, entre indignation et résignation, le commun balance. Ce qui prédomine à cette heure est le rejet. L’abstention domine partout, quelle que soit l’élection. Cela a été tant de fois disséqué ici qu’il n’est pas besoin d’y revenir aujourd’hui. Mais comme notre propos n’est pas d’attendre la situation idéale pour agir, demandons-nous comment nous pouvons atténuer le choc de la démobilisation civique sur notre plan de marche. Je résume mon idée. Quel est notre enjeu ? Vaincre la résignation. Notre difficulté est double. Aussi pénible que ce soit à admettre, la droite va se présenter comme l’évidence. Travaille pour elle l’énorme force de l’univers des mots et des certitudes préfabriquées : la mondialisation incontournable, le libre échange obligatoire, la contrainte extérieure indépassable et ainsi de suite. Le deuxième niveau de difficulté est que ces mots sont aussi ceux des sociaux libéraux. Double blindage du système. Pour beaucoup ces récitations sont celles qui leur coupe les jambes et les détourne de toute politique. Nous sommes alors inaudibles. Comment percer le blindage ? En travaillant sur ses failles d’une part et en s’ancrant dans ce qui peut bouger dans la société d’autre part.

La clef de notre campagne est dans son ancrage. Ce n’est pas d’une technique de démarchage dont je parle mais d’une méthode politique.

L’implication populaire que nous souhaitons pour le gouvernement que nous voulons, commence sa construction dans la campagne. Faire campagne ce n’est pas seulement aller récolter. C’est d’abord beaucoup semer. Il faut travailler en sorte que ceux qui auront été à notre contact ne soient plus les mêmes après qu’avant, dans leur façon de voir les choses et dans leur niveau d’exigence. Peu de formation peuvent, comme nous, avoir cet objectif et cette méthode. A gauche personne d’autre ne le peut à même échelle. Le PS n’est plus un parti de militants. C’est un parti d’élus et de candidats. De clients et de fournisseurs. Dès lors le localisme règne en maître sur le niveau et l’intensité de l’activité politique individuelle.

Chacun a pu en mesurer les conséquences au cours des précédentes élections générales nationales. Je ne crois pas que le PS puisse redresser cette situation à court terme. Qui s’en occuperait, d’ailleurs ? C’est une faille propice pour nous.

Certes, nous serons écrasés par les millions de l’UMP et du PS mis sur la table, les connivences médiatiques et les parentés. Autant se le dire une bonne fois et vivre sans l’illusion d’être accepté un jour à la table des puissants. A quoi bon, de toute façon ? Il nous faut tranquillement aller trouver notre excellence là où elle est. Sans mythifier ni transposer, souvenons-nous de notre campagne de 2005 pour le non. C’est à cette méthode qu’il faut se reporter. Elle implique bien davantage que ce qu’exprime le mot « collectif », prétexte souvent au droit de veto sans visage du dernier qui veut parler. La première caractéristique de nos façons de faire est le goût de l’action. Agir, aller venir, rencontrer les uns puis les autres, fraterniser, s’identifier, cultiver en soi le goût de la rencontre et du contact. On ne fait pas campagne autrement qu’on se prépare à gouverner. La seconde caractéristique doit être la liberté d’action. Elle n’est pas à revendiquer, elle est à faire vivre. Chacun sait souvent bien que faire

et ou le faire, du moment aussi que les outils de base pour agir sont mis à la disposition de chacun pour qui en a besoin. Tout ce qui sera acquis de cette manière rejaillira sur l’ensemble de la scène politique. En particulier si nos thèmes entrent à leur façon dans les enjeux du premier choc public de la campagne que sera la primaire entre socialistes. La question n’est pas que les socialistes discutent de nos idées. Certes ils pourraient bien avoir du mal à passer a côté. Mais l’essentiel est qu’en les écoutant se confronter chacun trouve le goût de s’intéresser à l’ensemble des propositions mises sur la table à gauche.

Ainsi le choc de la primaire socialiste peut élargir notre écoute tout simplement parce qu’il brise le mur du bipartisme pendant quelque temps. Car la bataille entre les prétendants sera vigoureuse. Il en est ainsi compte tenu d’abord de l’identité des programmes. En principe tous ont voté, sans exception le même projet. S’ils sont d’accord sur tout qu’est-ce qui va les distinguer ? Des nuances ne suffiront pas. Car on connait l’influence des sondages sur le choix des votants à ce type de primaire. A cette heure la proximité des intentions de vote annoncées, du moins pour les finalistes présumés, pousse à ne pas se ménager. Enfin, le nombre des compétiteurs amplifie cette tendance. Chacun doit éviter d’être à la queue du classement. De sorte que la compétition ne décroitra pas avec le rang de départ. Pour finir n’oublions pas l’impact des méthodes qui vont se déployer pour le vote des clientèles aux primaires. De tout cela il ne faut retenir qu’une chose. La primaire socialiste, si elle est

disputée, ne lui donne pas les moyens d’entrainer aveuglément derrière elle. Elle ne permettra pas d’éteindre le débat et de passer immédiatement au vote utile. Je crois donc que cela peut élargir l’écoute pour notre alternative aux préjugés et aux idées dominantes.

Extravagante caste des médiacrates! Un des commentaires qui suit ma précédente note signale de quel balcon parle la bouche d'or qui insulte les ayant droit du RSA au "Figaro-magazine avec la une haineuse dont on se souvient. Voici ce qu'on m'écrit: "Jean-Luc Mélenchon nous signale l'article du Figaro Magazine qui dénonce "la France des assistés". Il n'est pas indifférent de savoir que Sophie Roquelle, la journaliste du Figaro qui pond cette longue enquête sur la France des assistés, n'est autre que Sophie Roquelle-Cirelli, épouse du numéro deux de GdF-Suez, Jean-François Cirelli. C'est le site « Arrêt sur images » qui confirme les recherches d'internautes sur cette "belle personne". « Arrêt sur Images » donne des liens éclairants, comme celui vers un autre article du Figaro, qui nous apprend que la rémunération de Cirelli a triplé en 2008. Et c'est ce genre de parasites sociaux qui font la leçon aux pauvres et aux précaires !"

Cette information nous ramène à ce droit d'inquisition que prétendent s’arroger des Torquemada comme le père Jean Quatremer, censeur des mœurs au parlement européen. Si, par anticipation, des voyeurs de cette sorte prétendent se renseigner sur votre personnalité sexuelle au motif que vous êtes élu, homme ou femme, ce qui mettrait en cause la qualité et l'indépendance de vos votes, nous pouvons avoir la même exigence pour vérifier la qualité et l'indépendance de gens qui

prétendent non seulement nous informer mais, dorénavant, nous surveiller aussi. Ce n'est pas moi qui ai inventé cette exigence, mais la caste elle-même ! Souvenez-vous de cet élan de misogynie récent dont elle s'est amnistiée depuis. En effet, qui a décidé de mettre en cause des journalistes, femmes, au motif de l'implication politique de leur compagnon ? Ces censeurs là. Miraculeusement aucun homme ne fut jamais mis en cause. Un hasard, bien sûr. Mais il faut commencer.

L'exemple donné par mon commentateur montre qu'il n'est pas si significatif de savoir avec qui, ni comment, couchent les médiacrates. Bien sur on pourra s’émerveiller de savoir que pas une femme n’a eu à se plaindre dans ce milieu du moindre abus de pouvoir. Laissons cela pour aujourd’hui. Il est beaucoup plus important d'être prévenu contre l'influence que peut avoir sur cette sorte de gardien du temple de la vérité le métier des conjoints. Il faut commencer maintenant cette enquête. Car on ne peut pas espérer qu'eux mêmes s'en chargent. Voyez la dernière tonitruance du père de la congrégation pour la doctrine de la foi, l'immense Alain Duhamel. Il pourfend "Luc Ferry, le populiste mondain". On sait que "populiste" signale l'emplacement de la poubelle dans l'esprit des importants de cette sorte. J'y suis déjà, selon lui et quelques autres d’aussi nuancés, dans ce même sac, avec madame Le Pen et quantité d'autres en France et à l'étranger. Donc, Ferry est cette sorte de déchet pour Duhamel du fait de ses affirmations sans preuve. Admettons. Mais alors que n'a-t-il titré sur l'article de son confrère dans "le Figaro" ? C’est pourtant la racine de l'affaire! Certes Duhamel le mentionne! Mais pour reprocher à Ferry d’amplifier l’effet de cet article. Hypocrite usage de la bonne conscience !

L'énormité que cet article aussi crapoteux et répugnant représente aurait pourtant dû lui suggérer quelques méditations sur sa profession. Non ! Une simple mention destinée à charger une tierce personne ! Je suppose que si la police auditionnait l’auteur de l’article comme il en sera fait avec Ferry, celui-ci invoquerait le secret des sources. Terrifiant. Le droit de calomnier est ainsi acquis sans autre discussion. Cet épisode souligne la limite de ce que serait le magistère inquisitorial des médiacrates s’il parvenait à se constituer. A méditer avant de tomber dans le panneau.

http://www.jean-luc-melenchon.fr/2011/06/11/ca-sent-le-gaz/

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