
"La mélancolie est le partage de tous les hommes de génie". Aristote ; Les Problèmes - IVe s. av. J.-C.
« Si l’on considère que la normalité consiste à se conformer à l’ordre existant, alors on pourra interpréter mon insatisfaction comme un signe de trouble mental. Mais si l’on prend pour norme l’épanouissement de toutes les virtualités innées de l’homme et si l’on sait intuitivement, et par expérience, que l’ordre social existant rend impossible cet accomplissement suprême de l’individu et de l’humanité, alors c’est celui qui se satisfait de l’ordre existant qu’on considérera comme inférieur. » Otto Gross (Médecin et psychanalyste percçu comme génial et psychotique)
"La psychanalyse d'individus de tous les âges, de tous les pays et de toutes les couches sociales montre que la conjoncture des structures socio-économiques et sexuelle de la société ainsi que sa reproduction structurelle s'opèrent au cours des quatre ou cinq premières années de la vie par les soins de la famille autoritaire. L'Eglise ne fait ensuite que perpétuer cette fonction. Ainsi l'Etat autoritaire trouve un intérêt majeur dans la famille autoritaire : elle est la fabrique où s'élaborent sa structure et son idéologie. La structuration autoritaire de l'homme se produit - ce qu'il s'agit de ne jamais perdre de vue - en premier lieu par l'ancrage d'inhibitions et d'angoisses sexuelles dans la matière vivante des pulsions sexuelles. "La Psychologie de masse du fascisme" Wilhelm Reich (psychiatre-psychanalyste militant révolutionnaire pour la libération sexuelle)
L'analyse, comme aurait dit le psychiatre Francesc Tosquelles Llauradó, à travers ses association d'idées "déconne". Cela nous renvoie au féminin qu'il y a en chacun de nous ("ce con"). Un psychanalyste est une femme ou un individu qui a fait suffisamment de travail sur soi pour entendre la souffrance d'autrui. Il s'agir, précisément, d'un travail: "d'em-pathie" (prendre, à la manière d'une mère ; la souffrance avec soi). Etre psychanalyste, c'est être poète, en ce sens qu'il s'agit de poétiser la science. Le psychanalyste qui est allé suffisamment loin en lui-même - de façon auto -analytique ou à travers une analyse avec un autre psychanalyste - reste un individu "écorché-vif", sensible (qui peut même connaitre l'agressivité) comme peut l'être tout autre homme. Mais dans la pratique clinique, il donne de son amour. Analyser est radicalement le contraire de détester dans des sursauts de haine (tirée contre soi ou autrui). Car, nous sommes toutes et tous similaires, égos en matière d'amour et de haine ; dans la mesure où nous sommes névrosés i-e : peur de devenir fou ou peur de faire face à notre noyau de folie interne. Le psychanalyste est ainsi un homme comme tous les autres, mais qui ordonne, met en mots ses comportements. Et par ailleurs, il adopte un langage qui est celui de l'inconscient, des émotions profondes. Son travail est de décortiquer tout comportement biologique, psychologique ou politico-social, à travers des symboles : des mythes, des représentations, des signes.
Mais un psychanalyste peut-il être, à la fois, patient atteint de déficits psychiques avérés et prompt à 'écouter un patient (analysant) ?
A cette question, il est aisé de répondre que tout dépend des cas. Cela étant dit, la richesse d'une souffrance subjective, l'expérience traumatique est dans tous les cas une mine d'or, toute une littérature pour le psychanalyste concerné. Un psychanalyste bien analysé est un individu qui sait quelles sont ses limites, qui connait par cœur ses failles ; qui a déployé tout un Savoir clinique sur ses "dites" maladies. Dans le cas d'un psychanalyste atteint de troubles identitaires, d'errance, de nomadisme ; l'activité psychanalytique - ouvrant à l'attention à l'Autre... à l'association d'idées et à son décorticage - est entièrement bienvenue. En fait le psychanalyste est un fou comme les autres, à ceci prés qu'il maitrise avec génie sa folie ; il est un fou qui ne s'ignore pas, au peintre surraliste de dire : "La seule chose que je sais, c'est que je ne suis pas fou"...