Avec un point d’interrogation ? Un point d'exclamation ? Un point d’orgue ? Retours sur trois accords solennels interministériels des années 1980…
La première convention interministérielle consacrée à l’orientation scolaire et à la formation professionnelle date de mars 1980. Elle a été signée par Nicole Pasquier ( secrétaire d’Etat à l’Emploi féminin ) et Christian Beullac ( ministre de l’Education ). L’accent est mis sur l’information des jeunes filles.
« Faire en sorte que les jeunes filles disposent de tous les éléments d’information qui leur permettent de se persuader qu’il n’y a pas de métiers qui soient, par nature, masculins ou féminins mais uniquement des professions pour lesquelles il faut savoir, que l’on soit fille ou garçon, choisir la formation la plus adéquate. Et s’il n’appartient à personne de peser sur le choix que les jeunes veulent faire d’une carrière, le rôle des professeurs, des conseillers d’orientation et des chefs d’établissements scolaires est de les informer le mieux possible des avantages et des inconvénients qu’il peut y avoir à choisir telle ou telle voie plutôt que telle autre ».
La deuxième convention est signée en décembre 1984 par Yvette Roudy ( ministre délégué, chargé des Droits de la femme ) et Jean-Pierre Chevènement ( ministre de l’Education nationale ). Ses considérants sont très instructifs sur le sens de la politique engagée de part et d’autre.
« Le ministre de l’Education nationale a la responsabilité de la formation initiale des jeunes et de leur préparation à l’insertion professionnelle. La modernisation du système éducatif, l’adaptation des formations technologiques et scientifiques initiales aux professions de l’avenir comportent une nécessaire modification de l’orientation des jeunes filles, aujourd’hui encore principalement axée vers des secteurs traditionnellement féminins et un nombre de métiers restreints.
Le ministre délégué, chargé des Droits de la femme , a pour mission d’assurer l’égalité des femmes et des hommes face à la formation, l’emploi et la promotion au sein des entreprises. Pour assurer cette égalité, il est de sa responsabilité de proposer des actions en amont de la vie professionnelle, lors de la formation initiale des jeunes filles et de leur orientation. Sans une telle action, les jeunes filles continueraient à se diriger en grand nombre vers des formations littéraires ou tertiaires, dont les débouchés sont généralement plus aléatoires que ceux des formations techniques et scientifiques, suivies en majorité par les garçons et préparant aux métiers d’avenir ».
La troisième convention est signée en septembre 1989 par Michèle André ( secrétaire d’Etat chargé des Droits des femme ) et Robert Chapuis ( secrétaire d’Etat chargé de l’Enseignement technique ). Les deux partie y conviennent d’un certain nombre de mesures qui se veulent ‘’concrètes’’.
« Préparer les jeunes filles et leur famille à bâtir une projet de formation diversifiée » ( il s’agit d’organiser toute action susceptible de faire évoluer la représentation des métiers, de donner à l’orientation des jeunes filles une place importante dans les projets d’établissement ; il s’agit aussi d’encourager et favoriser l’accès des jeunes filles aux formations industrielles, en permettant notamment la mise en place de classes d’adaptation à partir des formations générales pour un nombre significatif de jeunes filles ».
« Faciliter l’insertion professionnelle des jeunes filles munie d’un diplôme technique industriel » ( en sensibilisant les employeurs au problème de l’insertion et au travail des jeunes filles afin de faire évoluer leurs pratiques en matière d’adaptation à l’emploi et d’accès à la formation continue du personnel féminin ; et en mettant en place dans certaines régions un suivi des diplômes de l’enseignement technique ».
En 1988, la très grande majorité des jeunes filles présentes dans l’enseignement professionnel se trouvaient dans le domaine des services, 15% seulement d’entre elles se retrouvant dans le domaine de la production ( avec un seul taux très élevé de jeunes filles dans ce domaine, celui du travail des matériaux souples, à 97% ).
Il en est toujours sensiblement de même selon les statistiques ministérielles de 2010 ( titrées de façon significative : « la mixité est rarement atteinte dans l’enseignement professionnel, tant dans le domaine des services que dans le domaine de la production » ). Ainsi, on compte 91% de filles dans le domaine de la production pour les matériaux souples, mais seulement 15% de filles pour l’ensemble du domaine. Dans l’ensemble du domaine des services, en revanche, on a plus de deux tiers de jeunes filles ( avec des taux dépassant 90% dans certains secteurs : coiffure, esthétique, service aux personnes ; secrétariat, bureautique ; santé, travail social ; même si dans deux secteurs de ce domaine, les jeunes filles sont nettement supplantées par les garçons : elles ne représentent que moins du quart des effectifs en « sécurité des biens et des personnes », et « transport, manutention, magasinage » .
Alors, un point d'exclamation ou un point d’orgue ?
Billet de blog 4 mars 2013
Comment ponctuer le ''marronnier'' du 8 mars?
Avec un point d’interrogation ? Un point d'exclamation ? Un point d’orgue ? Retours sur trois accords solennels interministériels des années 1980…
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