L'intitulé « formation professionnelle » apparaît pour la première fois sous la Cinquième République durant le septennat de Valéry Giscard d'Estaing avec la nomination le 12 janvier 1976 de Jean-Pierre Soisson comme secrétaire d'Etat chargé de la Formation professionnelle auprès du Premier ministre, suivie en avril 1978 de celle de Jacques Legendre.
Le 23 juin 1981 Marcel Rigout est nommé ministre de la Formation professionnelle dans le gouvernement Mauroy jusqu'au 17 juillet 1984 (date à laquelle il démissionne avec ses autres camarades ministres communistes lors de la nomination de Laurent Fabius comme Premier ministre)
Roland Carraz est alors nommé secrétaire d'Etat chargé de l'Enseignement technique et technologique auprès du ministre de l'Education nationale.
Lors de la ''cohabitation'' avec un gouvernement dirigé par Edouard Balladur, on revient à la dénomination « formation professionnelle », mais avec pour la première fois une femme : Nicole Catala, secrétaire d'Etat chargée de la Formation professionnelle auprès du ministre de l'Education nationale.
La cohabitation terminée, Robert Chapuis est nommé en mars 1988 secrétaire d'Etat chargé de l'enseignement technique auprès du ministre de l'Education nationale, Jacques Guyard lui succède le 18 mai 1991 ave le même intitulé puis Jean Glavany du 5 avril 1992 au 29 mars 1993 , également avec le même intitulé : secrétaire d'Etat chargé de l'Enseignement technique.
Depuis, plus rien de cet ordre jusqu'à la toute récente nomination de Carole Grandjean comme ministre déléguée en charge de l'Enseignement et de la formation professionnelle auprès du ministre de l'Education nationale mais aussi du ministre du Travail, du plein Emploi et de l'Insertion. Comme quoi ce type de ministère ne s'impose pas à l'évidence, et encore moins sous son double libellé et sa double tutelle...
A l'exception notable (une huitaine d'années après la nomination du dernier secrétaire d'Etat chargé de l'Enseignement technique, et une vingtaine d'années avant celle qui vient d'avoir lieu) : celle de Jean-Luc Mélenchon, ministre délégué chargé de la Formation professionnelle du 7 avril 2000 au 5 mai 2002 dans un gouvernement dirigé par Lionel Jospin.
On s'en souvient, car elle a été marquée par sa mise en cause publique du « collège unique » et sa « défense et illustration » de la formation professionnelle en général et des lycées professionnels en particulier.
Dès son arrivée au ministère Jean-Luc Mélenchon s'en prend début juin 2000 devant le congrès des parents d'élèves de la PEEP au « soi-disant collège unique » et met en cause le dessein d'« un collège uniforme » en demandant en particulier qu'il soit mis fin à la suppression progressive des classes de quatrième et troisième technologiques qui avaient été mises en place au collège avant le projet de « collège unique ». Hervé Baro, le secrétaire général de la FEN, condamne « les déclarations intempestives » de Jean-Luc Mélenchon en arguant qu'elles véhiculent « une conception passéiste et rétrograde du collège et de l'enseignement professionnel » et que le ministre propose « une voie de dégagement à des élèves qui posent problème : ça n'est pas ça l'égalit é des chances »
Le 7 mars 2001, le ministre délégué à l'Enseignement professionnel Jean-Luc Mélenchon réitère ses prises de position devant le congrès du SNETAA ( le principal syndicat des enseignants des lycées professionnels) en indiquant notamment qu'il « veut récupérer les classes technologiques à projet professionnel (quatrième et troisième technologiques de collège) dans tous les lycées professionnel s» . Et il regrette que seul le Secrétariat général à l'enseignement catholique ait apporté son soutien à sa proposition de l'année précédente de mettre fin à la disparition de ces classes en collège. Il appelle les rectorats à ne plus favoriser unilatéralement l'ouverture de classes de seconde dans les filières générales et l'orientation des élèves vers ces classes.
Jean-Luc Mélenchon entend mettre fin à la diminution des effectifs dans les lycées professionnels : moins 20000 élèves à la rentrée 1999 et moins 30000 à celle de l'an 2000. « Il est intolérable , dit-il à la rentrée scolaire 2001, que les deux tiers de la baisse démographique à l'entrée du lycée soit répercutée sur les lycées professionnels »
Et Jean-Luc Mélenchon développe tout un discours centré sur le projet de « lycée des métiers ». : « la professionnalisation , à condition qu'elle ne soit pas une spécialisation étroite, n'est pas une réduction du champ intellectuel et culturel du jeune, au contraire ». Il s'agit de réunir dans un « lycée des métiers » toutes les classes, du BEP à la licence professionnelle pour, à la fois, donner aux parcours professionnels « la lisibilité » qui leur manque et assurer aux jeunes et à leurs familles qu'ils ne s'engouffrent pas dans une impasse
Pour Jean-Luc Mélenchon, la nomination d'un « ministre délégué à la Formation professionnelle » avait pour but le redressement des effectifs de la formation professionnelle en général et des lycées en particulier, et de rendre plus « lisible » leur importance et leur rôle.
Que peut-il en être, vingt ans après, de la nomination d'une « ministre déléguée en charge de l'Enseignement et à la formation professionnels » ?
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